Retour courses 2006

Présentation de la course

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La préparation

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L'avant Course

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Le Bilan

 

 

CP5 - CP6 (4h35 + 2h15 d'arrêt au CP)

Au moment où je sors de la tente je me rend compte que quelque chose ne va pas. Le vent à redoubler, et la visibilité s'est fortement réduite. J'ignore à ce moment là que je vais rentrer droit dans un belle tempête de sable, celle là même qui va manquer de faire stopper l'épreuve.

En fait un petit peu plus tard, au plus fort de la tempête, les premiers sont entre CP8 et CP9. Ils sont tous les deux accompagnés par un 4x4, le balisage n’étant plus visible. Et même le 4x4 est tout juste suffisant. Dès qu’il s’éloigne de quelques dizaines de mètres, on ne le voit plus et sa trace disparaît presque immédiatement.

A ce moment là, Lucien (le pisteur) appelle la direction de course et demande ce qu’il doit faire. Cet appel est vécu comme un appel à l’aide par Jean-Pierre Delhotal Qui doit rapidement prendre une décision.
Difficile pour lui en tant que coureur de se résoudre à arrêter la course, mais que faire si la sécurité des participants est mise en jeu ! Comment continuer en minimisant les risques ?

La réponse va venir des coureurs !

Lucien : " Qu’est-ce qu’on fait ? On voit plus rien. On arrête ? "
Jean-Pierre : " Et Jean-Claude (en tête de la course) qu’est-ce qu’il dit ? "
Lucien : " Il dit rien… il continue d’avancer "
Jean-Pierre : " Alors on continue "

C’est globalement l’attitude des coureurs, qui malgré les conditions ne se sont pas plaint, qui va permettre à l’épreuve de continuer.

Pour ma part, j'essaye d'avancer plus que péniblement dans un sable qui me lacère les jambes, avec parfois une visibilité d'à peine quelques mètres.

C'est lent, très lent, essayant d'assurer la trace, ne restant jamais longtemps sans voir un bâton lumineux ou une rubalise. Difficile mais je reste concentré sur mon objectif unique... continuer d'avancer.

A un moment ça souffle de trop. Je décide de m'éloigner un petit peu de la piste pour me protéger derrière un arbuste (c'est pas grand chose mais c'est toujours ça. Je m'assois le dos au vent recroquevillé le temps de prendre un peu mes repères. J'en profite pour changer les piles de ma frontale (j'aurais du le faire au CP) en me disant qu'avec les piles neuves j'y verrai mieux... Penses-tu !

A ce moment j'hésites. Je me pose la question de m'arrêter là, de sortir la couverture de survie et d'attendre à la fois que la tempête se calme et que le jour se lève... Je ne suis pas décidé à le faire mais je me pose la question.

La réponse ne se fera pas trop attendre. Deux coureurs de l'équipe CPCU traversent la même tourmente que moi? Je décide de rejoindre la piste et de continuer derrière eux. Pas question pour moi de les accrocher ils vont trop vite pour moi (je ne sais pas comment ils font) mais ça suffit pour relancer la machine.

Je trouve le km110 à 6h50. Il m'a fallu 2h10 pour faire ces 10 km ce qui avec les conditions est finalement pas si mal que ça. Le jour n'est pas loin de se lever. Le vent a à peine faible et j'accuse un peu le coup.

Un 4x4 de l'organisation me rattrape. Il me demande si tout va bien. Je lui explique ce que je vioens de traverser et il me répond
"- je sais on a voulu partir de CP5 un peu plus tôt et on a été obligé de faire demi-tour. On a demandé au coureurs d'éviter de partir de CP5 dans le plus fort de la tempête"
En fait, j'ai été un des derniers à quitter CP5 avant que ça ne souffle trop fort...

Le jour me laisse apparaître un long plateau sans rien. Plat et rien à l'horizon en dehors des nuages de sable qui volent !

La fatigue, l'arrivée du petit matin, l'énergie dépensée dans la tempête de nuit ont fortement fait réduire mon allure. Je décide de ne pas forcer le rythme sachant que j'aurais une bonne pause ensuite. Ce n'est pas le moment de prendre de risques pour gagner 10mn. J'en suis à peine au delà de la mi-course.

La recherche de CP6 est éprouvante à la fois physiquement à cause du vent, mais aussi mentalement en raison du fait qu'on ne voit pas le CP apparaître. Plus j'avance et plus les heures passent, et plus je me dit qu'entre deux bourrasques je devrais voir le CP... Mais non rien à l'horizon. j'en viens à espérer le découvrir au dernier moment, installé dans une cuvette à l'abris du vent et des regards. Rien n'y fait...
Je sais que je dois y aller, alors je ne m'occupe plus de la montre ni de mon allure théorique. J'avance simplement.

9h03 je trouve le km 120 mais pas de PC !.. Grrrrrrrrrrrrrr où l'ont-il mis. Je ne vois rien au loin !!!

Je vais faire encore plus d'un km avant de voir la tente, montée juste devant une sorte de cabane montée en plein milieu du désert. Il s'agit en fait d'un point d'eau avec une sorte de magasin où sont stockés du riz et quelques autres produits. Il est alors 9h17, et j'ai mis près de 2h30 pour faire les 11 ou 12 derniers malheureux kilomètres.

Là je commence à accuser un peu le coup.
Je rentre dans la tente, je bois un peu puis je décide d'aller dormir 1h30 pour me refaire une santé. A peine installé, la tente manque de se casser la figure à cause des rafales de vent encore très violentes. Après une demi-heure à essayer de me reposer sans pouvoir y arriver, voilà qu'en urgence on nous demande de déménager dans le magasin juste derrière (ils viennent d'avoir les clés). C'est du dur et on sera en sécurité. 5mn plus tard la tente est par terre...

J'apprend que le PC a été installée dans un premier temps à l’emplacement prévu, mais la tempête va l’arracher.

Cela va donner un moment fort et tout à fait à l’image de la course. Jean-Yves EVEN (3ème de la course) est en train de dormir à ce moment là. Lorsque la tente s’arrache. plutôt que de le réveiller, Nicolas, le responsable du PC va rester debout pendant près de 1h30 à porter la tente sur ses épaules afin de laisser jean-Yves se reposer.

Après le départ de Jean Yves, le PC va être déplacé dans cette zone qui devait être un peu plus protégée mais la tente ne tiendra pas bien longtemps.

Dans la cabane j'essaye à nouveau de dormir mais là encore je n'y arrive pas. C'est tout petit, on est un peu les uns sur les autres, bref, rien d'idéal !

Tant pis pour le sommeil. Je devrais faire sans. Je me lance alors dans mes opérations de ravitaillement, lentement pour ne rien brusquer . Même scénario que sur les PC précédents sauf une petite surprise. J'avais prévu de boire un peu de vin rouge en plein désert. C'est le moment où jamais. Je me lance alors dans la reconstitution d'un sachet de vin... lyophilisé !.

Je respecte le protocole, mélange, repos, ... et arrive le moment de la dégustation. Ok ça fait un peu l'attraction au PC, mais on ne se refait pas... Je goûte et ... Beeuurrkkkkkkkkk... Même dans les fins fond des restes de vins issus de mélanges de la communauté européenne, je ne crois pas avoir goûté quelque chose d'aussi infecte...

C'est un peu comme un très mauvais vin, coupé à l'eau et avec de l'alcool à brûler. La bouteille fait le tour du PC (autant les rendre tous malade tout de suite ;-), et malgré cela elle ne sera pas bue entièrement. C'est franchement sans regrets que je décide de l'abandonner lâchement sur place... pour permettre à ceux qui sont derrière d'y goûter aussi !

Je me ré-équipe, change de tee-shirt et me prépare à repartir. Ça fait presque 2h15 que je suis ici dont 1h30 a essayer de dormir en vain. Ce sera aussi mon arrêt le plus long.

11h30 du matin je sors de la cabane. Le vent s'est un peu calmé, mais surtout il parait que 500m plus loin ça va beaucoup mieux. J'espère. ça fait 27h30 que je suis parti d'Azougui

CP6 - CP7 (4h10 + 0h50 d'arrêt au CP)

Sur les 20km qui vont suivre j'ai un gros trou de mémoire...

Au départ de CP6, assez rapidement je me retrouve dans une zone où le vent a terriblement faibli et se transforme même en une petite brise agréable. Après quelques kilomètres je me retrouve même dans une zone sans un poil de vent... ça fait tout drôle !

Là je commence à me dire que finalement un peu de vent c'est pas si mal que ça. Il est pas loin de 13h et ça tape franchement dur... Chaud et sans vent, je commence à deviner ce à quoi on a évité !

Mais ce tronçon ne va durer que quelques kilomètres. Rapidement le vent va revenir. Faible au début, il va progressivement reprendre du poil de la bête pour se remettre à souffler sans pour autant atteindre ce que j'ai connu entre CP5 et CP6

Je me souviens de long passages dans le sable (mais pas dans des dunes, juste des zones de sable mou), mais pas beaucoup d'autres souvenirs de cette section.


J'arrive à CP7 à 15h40 après 4h10 de progression. Ca fait maintenant plus de 31h que je suis sur la route !
Je profite de ce CP pour tester une nouvelle technique de gestion de mes arrêts (je suis aussi là pour apprendre).

Lorsque j'arrive, je pose mon sac et je vais m'allonger 15mn, sans dormir mais juste pour me décontracter en profondeur. Une fois ces 15mn passées, je m'attaque à mon ravitaillement classique (plat lyo, plein d'eau...). Ca se passe plutôt bien. Ces 15mn me semblent assez bénéfiques et je suis très décontracté pour me ravitailler. Je referai pareil à CP8

Par contre je n'enlève plus mes chaussures. Trop difficile à enfiler avec les ampoules. La douleur pendant les tronçons se gère bien mais remettre les chaussures sur les pieds qui ont refroidis, non merci !

Côté gels énergétiques, ils passent mal avec la chaleur. Entre deux CP, je me contente de maxim neutre, d'eau et d'un seul gel à mi chemin. Ca semble passer car à aucun moment je n'ai eu l'impression de faire d'hypo, et je n'ai jamais eu faim non plus.

16h30, je suis prêt à reprendre la route.

CP7 - CP8 (4h05 + 0h55 d'arrêt au CP)

Au moment de repartir du PC, Cyrille (qui partageait mon hébergement) me propose de faire un bout de chemin avec lui. Je sais qu'il est plus rapide que moi, alors je pars un peu avant lui.

On apprend aussi à ce moment là que Yvon est passé à CP6 !!! Non seulement il est reparti (alors que jusqu'ici à chaque fois que j'avais posé la question les nouvelles étaient plutôt négatives) mais il a remonte la moitié du peloton ! ça fait plaisir de savoir qu'il est reparti

CP8 est important moralement pour moi. C'est le dernier gros objectif à atteindre. Une fois à CP8, je me suis mis en tête que je n'aurais qu'à gérer le tronçon CP8-CP9, les vingt derniers km après CP9 ne comptant pas... Donc CP8 est mon point à atteindre pour réussir ma course... facile quoi !

La première partie de ce poste à poste est assez roulante (enfin, aussi roulant que ça peut l'être après 140km de course). Mais du coup je profite du train de Cyrille (que je freine un peu) pour avancer d'une allure régulière. Je vais même du coup attraper deux nouvelles ampoules, mais même pas mal !

On discute tous les deux par moment, puis c'est suivi de long moments silencieux où on profite. Le vent s'est un peu calmé, et du coup le tronçon se passe de façon convenable.

On passe le km 150 à 18h30, soit après 2h de progression.

La section suivante va se corser un peu puisqu'on attaque une zone de dunes. On a aussi le droit à l'arrivée de notre seconde nuit. Et franchement, même avec la fatigue et dans le vent, un coucher de soleil dans les dunes c'est plutôt sympathique !


Terminé le sol stable, on arrive dans une zone de dunes

L'allure faiblit un peu mais on se sort des dunes sans trop de difficultés, certains passages présentant un sol capable de supporter notre poids. Il y a une sorte de croûte de sable, mais une fois qu'un coureur est passé, le suivant n'a qu'à se trouver un autre passage !

On arrive donc à CP8 à 20h35. il a fallu 2h05 pour ces 10km de dunes... En fait il n'y avait que 8km (le PC est au km 158) mais on ne le savait pas encore.

Au CP je refait la même technique qu'au PC précédent. 15mn de repos et ensuite le ravitaillement.
Comme on attaque un tronçon de nuit je me déleste de mes deux bidons et ne ravitaille qu'en maxim. C'est toujours 1 kg de gagné !

En fin de ravitaillement on a la surprise de voir arriver Yvon !!! On discute quelques minutes, trop content de le revoir. Cyrille repart aussitôt en me disant qu'on se retrouvera un peu plus loin et je prend sa trace une petite dizaine de minutes plus tard. Yvon est encore en train de se ravitailler.

21h30, je quitte PC8... ça commence à sentir bon. Encore un tronçon et je serai à CP9, le dernier CP avant l'arrivée. Pour la première fois je commence à y penser. Jusqu'ici j'y croyais mais maintenant j'y crois et j'y pense !

CP8 - CP9 (5h45 + 0h35 d'arrêt au CP)

J'attaque ma seconde nuit. Ce premier tronçon n'en finit pas, j'ai beau avancé, j'ai l'impression que le temps n'avance pas. Avec la fatigue je loupe un point clé... la borne du km 160. Je suis toujours persuadé que le km 160 était au PC8, et du coup je vais trouver le temps très très long pour aller au km 170.

La fatigue me fait vaguement perdre la piste une fois ou deux et je suis obligé de me faire violence pour me réveiller, d'autant que le vent est revenu, et qu'il est de plus en plus difficile à gérer.

Je suis incapable d'évaluer mon allure sur ce tronçon. J'ai l'impression d'avancer mais lorsque je vois le km 170, il est 00h26, et ça fait pratiquement 3heures que j'ai quitté PC8... 3h pour ce que je pense être 10km (qui en sont 12) ça me mine le moral... heureusement que j'ai en tête la ligne d'arrivée parce que sinon, le redémarrage aurait été dur !

C'est maintenant que je vais attaque la section la plus difficile à gérer pour moi mais aussi la plus étrange.

A partir de maintenant ce que je vais vous exposer est ce que j'ai vécu à ce moment là... Vous comprendrez après la course ce que je veux dire !

En attaquant ce tronçon, j'ignore que la tempête est passée un peu avant et qu'elle a causé pas mal de dégâts. Je n'arrive pas à trouver la rubalise ni les cailloux peints en blanc. Et les bâtons lumineux sont posés au sol (donc peu visibles) et assez clairsemés.

Là je commence à me poser des questions. Je perd la trace à plusieurs reprises, Je suis régulièrement obligé de revenir en arrière pour retrouver un morceau de rubalise ou un repère, j'ai l'impression de tourner en rond.

Je regarde autour de moi mais rien. Aucune frontale en vue, aucun phare de 4x4... Et pourtant c'est maintenant que j'aimerai bien avoir de l'aide...

J'avance au ralenti, j'essaye d'assurer ma progression mais avec la fatigue la concentration est difficile.

Après un très long moment je devine un gros dénivelé au loi avec en haut des phares et un gyrophare orange.

Un 4x4 de l'organisation. Je lâche ma piste et je vais droit sur lui. Je fais des appels avec ma frontale et j'ai l'impression que de leur hauteur ils m'ont vu...

Plus j'avance plus j'ai l'impression de enfin me sortir de cette immense zone de galère que je viens de traverser...

Je vois clairement le 4x4 descendre le raide dénivelé, et après un moment j'arrive enfin à le rejoindre.

C'est Martine qui est dedans. Je lui explique ce qu'il vient de m'arriver, et je lui dit qu'on risque de perdre beaucoup de monde sur ce tronçon. Elle m'explique que la zone é été "nettoyée" par la tempête un peu avant et que Jean Pierre a re-baliser en urgence en lançant des bâtons lumineux depuis le 4x4 et qu'elle part sur la piste pour retracer et attacher les bâtons dans les arbustes pour les rendre plus visibles.

Elle me dit que pour aller à CP9, le tracé est refait et que je n'ai qu'à aller de bâton lumineux en bâton lumineux. En tous cas le moral remonte un peu... je m'en suis sorti.

Le 4x4 part de son côté et moi je m'attaque à une
pµt@/n de montée pour rejoindre CP9

Cette montée n'en finit pas, je grimpe sans arrêt, face au vent, trop content d'avoir mes bâtons de rando. Sur ma gauche je vois des phares. Visiblement il y a une sorte de cratère avec une ligne de crête et le second 4x4 a du faire le tour pour avoir une vue dégagée sur la plaine plus bas où le balisage était à refaire. Il finit par me rejoindre pendant que je continue mon ascension.

Cette fois c'est jean pierre. Il m'encourage, on discute quelques minutes puis il me dit que j'ai encore une centaine de mètres avant d'attaquer une descente de 1 km pour aller à CP9... encore 1 km !

Il part prêter main forte à Martine, et moi je continue ma montée.

A ce moment je vois un grand panneau publicitaire ! en plein désert !!!
C'est marrant car il fait nuit, mais lui je le vois comme en plein jour... net, clair, par contre je suis incapable de me souvenir de ce qu'il y a d'écrit dessus.
Je réalise qu'il s'agit d'une hallucination. J'en ai déjà entendu parler, mais je ne savais pas comment ça se manifestait.
Le plus étrange, c'est que même quand je m'arrête, que je me secoue, que je ferme les yeux en me disant "c'est une hallucination", quand j'ouvre à nouveau les yeux, le panneau est toujours là ! il va m'accompagner plusieurs minutes avant de disparaître de lui même. Rien à voir avec les jeux d'ombres des arbustes de la première nuit. Là c'est proche, net et en couleurs !!!

Allez encore 100, 200, 500m je monte toujours et point de descente en vue. J'arrive à voir deux frontales au loin, mais encore plus haut. Je continue de grimper, toujours en triant sur mes bâtons et après quelque chose que j'estime à 500m de D+ j'arrive enfin à CP9... 1 km de descente, mais il est complètement fou Jean Pierre... il l'a vu où sa descente ?

J'arrive enfin à CP9. Il est 03h15, et j'ai mis 5h45 pour faire ces 22km !!! j'ai perdu beaucoup de temps dans la zone où je me suis perdu au pied de la côte et la montée était bien ardue aussi.

Je fais la remarque à Pascal et à Jacques qui s'occupent du PC. Il n'y a que moi ici. Pas d'autres coureurs... Je ne sais pas où j'en suis et c'est pas grave? Je sais que maintenant c'est gagné...
Je prend le temps de me ravitailler, un plat de pâtes (c'est pas le moment de me louper) je refais le plein du camel et c'est après un arrêt de 35mn que je décide de repartir pour la dernière section. Je suis crevé, mais j'ai terriblement envie d'en finir !

CP9 - Arrivée (4h43)

3h50, c'est parti pour le dernier tronçon. Pascal m'a dit que devant moi il n'y avait que 9 coureurs de passés ! Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre, mais moi qui pensait être au delà de la moitié des coureurs, je me retrouve dans le "top ten". C'est pas encore complètement gagné. Les heures qui arrivent peuvent permettre à certains de me rattraper, mais quoi qu'il arrive, finir dans la première moitié me semble possible.

En quittant le PC9, on doit atteindre une passe qui va nous amener sur une zone de 10km de dunes. Comme des coureurs se sont perdu à cause de trace de 4x4 fraîche qui ne correspondent pas à la course, Pascal m'accompagne pour me mettre sur le droit chemin. Il part devant avec un 4x4 et je n'ai qu'à le suivre tranquillement.

C'est reparti en montée, toujours dans la nuit et dans le vent. Ca continue de monter sévère... Je me dis qu'avec tout ce que j'ai grimpé, si la descente équivalente est dans les dunes je vais bien m'amuser.

Pendant la montée on tombe sur deux coureurs qui arrivent à contre sens ! C'est Yvon et Cyrille.

"- ben qu'est-ce que vous faites là ?"
"- On s'est perdu en quittant PC9. Ca fait 2 heures qu'on tourne en rond, alors on revient au PC pour qu'ils nous disent où passer."

Ca tombe bien que je sois là alors ;-))) petite explication avec pascal et on continue la montée tous ensemble. Un peu plus loin on retrouve Samia. Elle était avec Yvon et Cyrille et a préféré attendre plus loin que les garçons reviennent avec de l'aide. Elle est frigorifiée et a un peu de mal à repartir. Je lui donne le blouson que j'avais dans le sac, et je repars à côté d'elle.

Le 4x4 est parti devant, suivi de Yvon et Cyrille dont le rythme est trop rapide pour nous. Du coup je reste avec Samia.

La progression dans ces dunes va être longue, très longue, et surtout la fatigue va continuer à nous perturber. L'un comme l'autre on est parfois sujet à des petits endormissements. Pas dangereux en soi, mais le plus difficile est de rester sur la piste. Si on la perd on est mal !

Quelques petites hallucinations vont faire leur retour. Moins prononcées que celle de tout à l'heure mais toujours aussi surprenantes.

Les dunes s'enchaînent les unes après les autres, mais toujours point de grande descente. Je m'imagine sur une piste de ski de fond au milieu des chalets (d'où sort cette impression que dans le noir autour de moi il y a des chalets ??? j'en sais rien). C'est long, toujours long. J'attends régulièrement Samia qui a des problèmes de pieds, mais le fait d'être à deux aide quand même pas mal.

Finalement, avec une allure plus que réduite, on arrive à faire notre chemin sans nous perdre. On hésite parfois entre deux traces dans le sable, mais on retrouve toujours un bout de rubalise pour nous sécuriser.

Alors qu'on continue d'avancer sans trop nous poser de questions, on tombe sur une sorte de piste défoncée mais large. Pour moi ça fait tilt. Pascal nous a dit de suivre la piste dans les dunes jusqu'à une grande route. Il a ensuite précisé : "une grande route, version mauritanienne". Et ça y ressemble sacrement. Ça voudrait dire que la zone de dunes est terminée ?

Samia regarde devant et voit un morceau de rubalise de l'autre côté. Elle ne croit pas que ce soit la route et m'indique la rubalise en disant " non il faut traverser et continuer en face"

On va voir et dans le sable il n'y a aucunes traces de pas qui partent dans le désert. Même après la tempête, on devrait au moins avoir celles de Yvon et Cyrille. Je suis certain que c'est la route. Alors la décision est simple. Environ 200m plus loin on doit trouver le km 190. On va voir et si on ne trouve rien, et bien on fait demi tour.

6h45.. Le km 190 est là... on a mis 2h55 pour ce tronçon dans les dunes ! On vient d'éteindre les frontales, le jour se lève, le sommeil disparaît, et l'arrivée n'a jamais été si proche.


Samia au début des 10 derniers kilomètres

10 km... 10 km d'une large piste roulante. On sait que lorsqu'on verra un camion "gordini" on sera à l'entrée du village, mais il restera encore 6 km à faire pour rejoindre l'arrivée.

On se booste l'un l'autre et on part sur ce dernier tronçon. Marche lente qu'on accélère progressivement. Samia ne peut pas courir à cause de ses pieds. Moi je fais un petit essais et ça à l'air de fonctionner même si les mollets tirent un peu. Mais à quoi bon partir devant. Gagner quelques minutes ? ça ne présente pas de gros intérêt. Autant rester ensemble. J'ai repris du poil de la bête.

On commence à avancer quand on est rejoint par pascal (qui assure aussi le reportage photos. Clic-clac. Il nous fait poser dans le sable (comme si on avait que ça à faire :o) et nous dit que Samia est deuxième féminine et que la troisième est plus loin derrière. Le 4x4 repart et on Samia commence à se dire qu'elle n'a pas envie de laisser filer sa seconde place si près de l'arrivée. On accélère la cadence, et je surveille derrière une éventuelle remontée.

10km de piste au final... J'avais peur que ce soit long, mais je suis surpris de la vitesse à laquelle ça passe. On croise un autre 4x4 avec Martine, puis on relance sans cesse la machine.


Le terrible camion Gordini

L'arrivée sur le fameux camion gordini me surprend... Déjà 4 km de faits ! On ne se relâche pas et on continue. 10, 20, 30 fois je regarde sur la ,piste derrière nous, autant pour la seconde place de Samia que pour moi... Jusqu'à PC9 le classement m'importait peu, mais là, à quelques km de l'arrivée, je n'ai pas envie de me faire doubler non plus.

On ne baisse pas la cadence, dès que ça ralenti un peu je rebooste Samia. On fait un petit bout de chemin avec quelques enfants qui vont à l'école. une jeune fille récite à haute voix, mais on arrive pas à savoir si ce sont des poèmes ou des prières !

A trois km de l'arrivée, quelques graffitis en l'honneur de samia... Je ne savais pas qu'elle était connue à ce point !

Sur la fin je reconnais la piste. On est venu se promener ici lundi. Je sais qu'on y arrive, un coup d'śil derrière, Toujours personnes, c'est gagné... on termine la piste, on voit l'auberge, on ne baisse pas le rythme, on longe la clôture, on rentre dans l'auberge et on passe enfin sous la banderole d'arrivée... ensemble !

Il est 8h33. Ca fait 48h33 qu'on a quitté cette auberge et on y est.


J'ai un peu de mal à atterrir. Je sais que j'ai explosé toutes mes prévisions, mais je ne percute pas encore sur ce que cela représente. Pour le moment je suis juste content. Content et libéré d'avoir réussi ce défi.

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