Retour courses 2005

Présentation Raid

Le CR

Les photos

La préparation

L'équipement

CR Page 1

CR Page 2

Le Bilan

J'arrive au Relais des Merveilles …

En arrivant je pose le sac, et je vais m’asseoir pour manger un peu de solide. Je prends de tout, y compris de la soupe aux pâtes qui passe bien. Je bois beaucoup, par petites quantité alternant eau et coca.

Je récupère mon sac de rechange et je vais me changer. Je passe en configuration " nuit " même si le soleil est toujours présent. J’aurais peut être un petit peu chaud au départ, mais je pense que pendant la nuit je serai content d’avoir du long sur moi. (voir la fiche équipement pour l’évolution de la tenue et du sac)

Pendant que je me change je vois repartir la Tortue et la Souris qui ont un peu d’avance sur moi. Je n’essaie pas d’aller avec eux car non seulement je n’ai pas fini de me préparer, mais j’ai prévu un bon arrêt avant d’attaquer le gros morceau que va être la montée du Pas de l’Arpette et un peu après la Cime du Diable, point culminant de la course à près de 2700m.

Depuis pas mal de km il y a quelques coureurs que je double régulièrement et qui me repassent tout aussi régulièrement. L’un d’entre eux (Georges Cauet), UFO de son état, vient me voir et me demande si je repart ou si j’arrête ? Arrêter ??? Ben c’est vrai qu’à un moment l’idée m’a traversé l’esprit (un peu comme il y a deux ans), en me disant que j’avais fait une belle sortie et que vu ce que j’ai entendu dire sur le tronçon à venir, il serait peut-être sage d’en rester là. Seulement voilà, cette année, la stratégie empruntée à la Tortue me permet de chasser assez vite cette idée et de répondre que je compte effectivement repartir dès que mon sac sera refait.

Il me demande alors si cela ne me gène pas qu’on fasse la suite de la route ensemble. Le copain avec lequel il courait étant plus rapide est parti avec un autre groupe, et il préfère ne pas faire la partie de nuit seul. Je lui explique que mon objectif est uniquement de finir sous les 30h et que je ne suis pas très rapide, amis cela lui convient. OK dans ce cas on termine de se préparer et on va se faire un bout de route ensembles.

Socrate qui est arrivé à peu près en même temps que nous passe me voir. Il s’est changé pour être au sec mais ne compte pas repartir. Depuis le départ il a des soucis gastriques qui l’empêchent d’avaler quoi que ce soit. Dans ces conditions il a déjà fait 57km sans rien conserver et ne se voit pas terminer dans ces conditions. Je suis un peu triste pour lui qui avait déjà bouclé les deux premières éditions et qui aurait aimé ajouter celle-ci. Mais quand ça veut pas, ça veut pas !

18h20 ! avec Georges on quitte le relais des merveilles avec presque 1h30 d’avance sur la barrière horaire après un arrêt de près de 40mn.

Le départ se fait sur une route, tranquillement. On marche d’un bon train histoire de remettre la machine en route après l’arrêt, mais nous ne courons pas vu ce qui nous attends.

A partir de maintenant je suis dans l’inconnu ! Je n’ai jamais fait cette partie de la course et je vais probablement attaquer ma plus longue durée de course (record à 18h et on en est déjà à plus de 14 h).

Très vite, on prend un sentier qui va prendre une tournure raide de chez raide. La première partie est vraiment difficile et le petit rythme des montées précédentes est de nouveau de mise. Nous montons un peu, puis une pose de 15-30 secondes, et ça repart, et ainsi de suite…

De petit tronçon en petite pause, on passe le premier mur. Ensuite cela se calme un peu (j’ai juste dit un peu, faut pas rêver à du plat non plus), puis un second passage difficile se profile. Ca grimpe toujours aussi sec et on ne sait même pas vers où nous allons. Pas de repère pour se dire " tiens, le pas de l’Arpette c’est là haut ! " A un moment, on demande à un autre coureur si la bascule (le pas) est encore loin, et il nous réponds, " non, non, il reste environ 150m ! "… il parlait en dénivelé pas en distance grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! ! !

Juste avant d’attaque le dernier tronçon composé d’un semblant d’escalier pour géant montagnard, on croise un contrôleur de l’organisation (une contrôleuse en fait) qui nous dit qu’on va être stoppés au Pas de l’Arpette car on est hors délais !!!

Grosse surprise… On est parti avec 1h40 d’avance sur les barrières, on est monté lentement mais de façon raisonnable et en plus il n’est pas prévu de point d’élimination ailleurs qu’à Belvédère désormais où nous devons être à 5h demain matin !!!

La contrôleuse nous indique qu’ils ont reçu la consigne de stopper les coureurs en haut à 20h00… 20h00 alors que les départs sont autorisés au relais des merveilles jusqu’à 19h45… Y’a un truc qui cloche. Bref on décide de ne pas s’arrêter pour le moment et on achève la montée jusqu’au Pas. Arrivé là on sait avec Georges qu’on a mangé le plus gros du dénivelé ; Il reste encore un morceau de choix (la cime du diable) mais on sait aussi qu’une fois attaqué cette descente, on sera obligé d’aller au bout. Il n’y a pas de possibilité d’abandon avant Belvédère et ceux qui arrêtent ici sont obligés de repartir en arrière !

Le contrôleur sur place nous indique effectivement notre hors délais puisqu’il est 20h40. On a mis 2h20 pour gravir les 950m de D+ et les 8km ce qui est loin d’être ridicule vu le profil du parcours.

Que va t-il se passer pour ceux qui partent du bas à 19h45 et qui auront 15mn pour grimper ? C’est n’importe quoi . On indique notre refus d’arrêter au contrôleur en lui expliquant pourquoi et sans trop attendre on se lance dans la descente vers le Refuge des Merveilles.

Le refuge se voit de loin planté à côté d’un lac. Pas de gros soucis, on gère la descente tranquillement et on arrive au ravitaillement avant la nuit. Là pas de soucis avec le chrono. Ils n’ont pas de consignes pour nous stopper !!! Tant mieux ;-)

Ravitaillement correct, petite pause pour récupérer de la montée précédente et c’est super motivés qu’on va attaquer ce que nous considérons comme étant la dernière grosse difficulté du parcours.

On part avec la nuit naissante. Progressivement le jour s’estompe mais nous décidons de ne pas utiliser les frontales. La lune est presque pleine, il n’y a pas de nuages et on voit très clair. EN fait nous allons faire tout le chemin d’approche de la cime du diable et une partie de la montée de cette façon, En cours d’approche on rencontre un contrôleur qui descend lui aussi frontale éteinte. Il nous dit " vous voyez cette lumière au sommet ? et bien c’est le point de contrôle ! " Mmmmmmmmmmmm… Ca fait haut quand même. On est pas arrivés.

On repart, on traverse un beau Névé en essayant de ne pas se casser la figure, et là lors d’une pose je dis à Georges " tu entends ? " , " non " répond t-il. " Et bien justement écoute… Il n’y a aucun bruits. Rien ! pas d’animaux, pas de bruits mécaniques, rien… "

Il est presque 23h, on est dans le noir, au fond d’un vallon, seuls et dans un silence absolu éclairés par la seule lumière de la lune… Géant ! un grand grand moment de la course pour moi !

On reprend notre ascension. Le sentier est de plus en plus technique et avec la nuit on rate plusieurs fois un virage ou une épingle ! Du coup, comme on passe sur le versant de la cime qui n’est pas éclairé par la lune on décide d’allumer les frontales.

On va également en profiter pour enfiler les coupes vents. A la nuit et la fatigue s’ajoute un fort vent qui nous glace. Ca ne sert à rien de prendre des risques d’autant que porter le coupe vent dans le sac ou sur le dos, ca ne change pas le poids total !!! Là ça va mieux. Enfin ça va mieux surtout pour la lumière car côté physique, je suis à la rue. Je m’accroche dur pour continuer d’avancer. Je sais qu’après c’est presque gagné (enfin c’est ce que je me dis) mais il faut monter cette cime. Plus on avance, plus le sentier devient raide et on a l’impression que le sommet est toujours aussi loin.

Au bout d’un moment les lacets du sentier se resserrent. On monte super raide et d’un seul coup on voit surgir une ombre !

" Allez vous y êtes presque ! "  C’est le contrôleur qui a éteint sa frontale et qui nous guettais. il nous a fait peur ce c.. ! On grimpe les derniers mètres et on trouve les 3 contrôleurs, installés en plein vent. On est content d’avoir atteint ce sommet à presque 2700m. Il est 23h30. On avait prévu d’être là avant minuit. On a une demi heure d’avance sur notre timing… Super, d’autant que maintenant c’est 11km de descente qui nous attendent où on espère bien se refaire un peu de marge !

Ca souffle tellement qu’on décide de ne pas s’attarder et de trouver un endroit un peu plus abriter plus bas pour faire la pause ravitaillement que nous avions prévu. Le début de la descente est aussi difficile que la montée. Super raide, pleine de cailloux, bref avec la nuit et la fatigue, on ne progresse presque pas plus vite que pendant la monté. A plusieurs reprises la piste disparaît sous d’énormes éboulis (rochers de plusieurs mètres) dont les zones de franchissement ne semblent pas très rassurantes.

De plus le balisage dans cette zone est plus que limite et a de nombreuses reprises on hésite longuement sur la direction à suivre. Parfois on devine un bâton lumineux et on va droit dessus, parfois c’est grâce au vent en entendant un morceau de rubalise " claquer " qu’on arrive à se repérer. Bref un passage difficile jusqu’à ce qu’on arrive à rejoindre un petit sentier plus praticable pour un long bout de descente.

On arrive au Col de Raus. On est sensé avoir fait que 2km, mais la distance nous étonne un peu surtout vu le temps qu’on a mis. Le contrôleur nous indique 8 à 9 km pour arriver à Belvédère. Chouette, on aura pas mal d’avance comme ça. On part sur un sentier pendant un long moment puis on fini par rejoindre une piste de type 4x4, qui doit nous descendre jusqu’au village. Cette piste n’en fini pas on avance sans cesse guettant le village derrière chaque virage. Après une long bout, on voit une voiture avec des lumières. Le bénévole qui est là nous indique encore 5km pour le village !!! Impossible vu le temps depuis lequel on avance et vu notre allure, nous n’avons pas pu faire que 4km depuis le col !!! Là y’a un loupé colossal sur le mesurage !

Pas trop le choix il faut continuer. Cette piste est longue, monotone et franchement sans aucun intérêt ! On fini quand même par arriver à l’entrée du village non sans avoir emprunté un petit bout d’une sente bien raide en descente. J’ai les cuisses explosées. Autant tout avait bien tenu jusque là, autant là cette descente m’a véritablement détruit les quadriceps !

En arrivant en bas de cette sente on tombe sur un ravitaillement dévasté et déserté. Les tables de ravito sont là, mais il n’y a plus personne et les bouteilles de coca, d’eau etc sont vides et en vrac sur les tables et sur le sol… Ils ont fermé le ravitaillement alors qu’on est encore en course. Une grosse montée de colère se fait jour, d’autant que nous sommes pratiquement à cours d’eau (le dernier ravito était le refuge des merveilles) et qu’il nous reste 30km à faire et 11m de D+.

On décide de repartir en espérant trouver un cimetière ou quelque chose d’approchant pour faire au moins le plein d’eau.

On rentre dans le village et on trouve une fontaine indiquant " eau potable ". Je termine mon eau, (slurp) et on fait le plein. C’est toujours ça de pris. Pour le solide j’ai assez de gels pour tenir jusqu’au bout ! On continue de traverser le village quand un accompagnateur nous rejoint et nous dit que le ravito est 300m plus loin sur la gauche !!! Quoi ? En fait la table que nous avons trouvé était un ravito " sauvage " mais pas le ravito officiel. On fini par trouver le vrai ravito où les bénévoles ne nous ont pas oublié et nous attendent avec tout ce qu’il faut. C’est le dernier avant l’arrivée, il est 4h30 ce qui veut dire qu’on aurait mis 5h pour faire les 11km entre la cime du diable et ici… Impossible… Il y a un gros soucis dans les distances annoncées (certains ont parlé ensuite de 15 à 17km réels !)

On s’installe le temps de se remettre à niveau. Coca, soupe aux pâtes, gâteaux salés et pâtes de fruits.

La barrière horaire ici est fixée à 5h00. On repart à 4h43, soit plus d’un quart d’heure sous la limite. Il nous reste officiellement 17km à faire en 5h (heure limite d’arrivée à 10h00) mais vu comment ils calculent les km, on peut avoir des doutes !!!

J’ai une sensation étrange en repartant. D’un côté je me dit que c’est gagné, car que j’arrive avant ou après 10h je suis certain d’aller au bout maintenant, et de l’autre quand j’analyse ce qu’il reste, je vois les deux cotes (300 et 450m de D+) qui représentent quand même une fois et demi la montée de la cime du diable… Et cette pensée me glace un peu vu mon état.

Nous repartons sur la première montée. Même si il y a quelques passages un peu raide, finalement la montée se gère malgré des coups de pompe à répétition qui m’obligent à de nombreuses pauses. En fait le circuit ne ressemble pas du tout au profil annoncé. On monte au début, ensuite on a un long tronçon à flanc avec des petites montées et descentes puis on termine par une dernière montée avant de passer au point haut. Là on se lance dans la descente vers Bethemont.

Pendant la descente nous somme rejoint par… Le coureur balais. Visiblement personne n’est reparti après nous du dernier ravitaillement tout à l’heure. Pas grave, on est dans notre rythme et ça va le faire. Le coureur balais nous indique que nous risquons fort d’être stoppés à Bethemont car on y sera pas avant 7h00 !!! Quoi ! Ca recommence !!! Hé ho, vous avez fini vos conneries là ! (je commence à prendre un coup de sang). On est parti dans les délais de Belvédère, et rien en dehors de l’arrivée ne nous arrêtera. Il nous dit qu’il ont pour consigne de débaliser à partir de 7h00 en bas !

Alors là il se passe un truc que je n’ai jamais eu avant. Coup de stress, montée d’adrénaline et je me dis en moi " mon c.. Je serai avant 7hOO à Béthemont et t’es pas prêt de m’arrêter. Ni toi ni personne " Et me voilà parti sur la fin de la descente comme un fou… Je ne sens plus rien, je n’ai plus mal nulle part je veux juste aller vite… Je suis étrangement dans une sorte d’état second. Je termine la descente ainsi et sans souffler je me lance dans la montée suivante. Je double 6 ou 7 coureurs étonnés de mon allure y compris Georges qui me demande ce que je viens de prendre ;-)) et je vais ainsi faire les 2/3 de la montée…

Sur la fin, la montée se traduit par un sentier qui fait une grosse cinquantaine d’épingles pour 200m de D+ en un seul morceau. Mon " coup de booster " va m’amener pratiquement jusqu’à la moitié de ces épingles, tant et si bien que c’est avec une aisance surprenante pour une fin de course que je me retrouve en haut de la côte, au tout dernier pointage.

Il est 8h00, il reste officiellement 8km de descente et 2heures devant nous. Le temps de boire un bon coup (le soleil est de retour depuis cette dernière montée et avec ma tenue de nuit je commence à avoir chaud) et on se lance dans la descente. On est rattrapé par le coureur balais qui ne nous parle plus d’élimination désormais (dommage j’aurais encore gagné au moins un quart d’heure !!!). Il nous accompagne et en profite pour débaliser derrière nous !

Le début de cette dernière descente est encore technique (ça fait 100 bornes qu’on fait su sentier technique, alors !) puis on rejoint une large piste carrossable qui doit nous faire descendre sur St Martin Vésubie. Je regarde la montre. On doit être dans les temps pour passer sous les 10h00.

A quelques km de l’arrivée, j’ai la surprise de voir apparaître Le Trailer et Dédé qui sont montés à ma rencontre. Ca fait super plaisir ! Je prend des nouvelles des autres où je découvre les fortunes diverses. L’arrêt du Trailer et du Papy ainsi que celui de Socrate dont j’étais au courant, mais aussi la réussite de tous les autres ! ! ! Un gros carton cette année semble t-il…

D’après le trailer il nous reste environ 2km pour en finir. On est large sur les horaires, et on décide d’assurer. Nous sommes 3 en ce moment Georges, Jean-Marc et moi, mais on sait aussi qu’il en reste deux autres (Nadine et François) que nous avons passé dans la dernière difficulté. On s’approche donc doucement de St martin et on attends les deux derniers afin de finir tous les 5 ensembles !

Dernière descente dans les ruelles de St martin et enfin, après 29h33 de progression, nous passons ensemble la ligne d’arrivée. Je suis content de passer dans les délais. A un moment je me suis vu arriver en 30h10 ou un truc comme ça. Pas très grave en soi car j’aurais fini quand même mais là, passer avec une demi heure d’avance me fait plaisir.

Su la ligne je retrouve tous les zanimos… Ceux qui arrivé il y a peu m’ont attendu comme la tortue ou la souris, ceux qui sont là depuis plus longtemps, et puis les autres arrivés tout au long de la nuit…

J’en termine, je suis content, juste content… Quelques photos, j’ai un peu de mal à raconter mais je parle quand même (il en faut plus pour me faire taire) je récupère un peu puis je descend au camping où la première chose que je vais faire c’est de boire une bière bien fraîche. Oui il n’est que 10h du mat’ mais ça me fait envie… D’ailleurs c’est la première fois qu’une bière me fait tourner la tête, mais bon après 30h à ne manger pratiquement que des gels, c’était à prévoir !

Un peu plus tard, après avoir pris une bonne douche et m’être changé, je retrouve quelques zanimos sur le camping, puis on fête les arrivées au champagne avec les coureurs locaux, relations de course de la famille du Trailer.

Un petit repas, départ pour Puget ou un plongeon dans la piscine de va s’avérer bien agréable avant de rentrer sur Bormes les mimosas. Le repas du soir sera un tout petit peu plus arrosé avant que je ne m’effondre (presque au sens propre) sur la table de la terrasse ! Je ne devais pas avoir l’air concentré sur la discussion à ce moment, j’espère que le Trailer m’en excusera !

Et voilà. Le second démon est mort… Pas facile à abattre celui là mais faisable quand même…

Il m’en reste encore deux à éliminer… Deux qui sont toujours là mais la chasse de ce WE me laisse espérer des résultats positifs sur les chasses à venir !

La préparation

L'équipement

CR Page 1

CR Page 2

Le Bilan