Retour courses 2005

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Le Bilan

J’avais 4 démons, 2 sont morts !

4 démons… 4 échecs ! Mais vivre avec les démons n’est pas toujours chose facile… Alors à un moment il devient nécessaire de les chasser.

Le premier démon fût abattu en janvier 2003, dans les plaines de la Beauce quand après 17h de progression nous passions à 5 avec Biopuce , le Bourrin, Pouic-Pouic et le Chameau la ligne d’arrivée du Raid 28… Tout juste un an après être apparu au moment de notre abandon lors de l’édition 2002.

Le second démon est apparu en Juin 2003, dans le Parc du Mercantour après moins de 30km (sur les 98 à couvrir cette année là). Pas de jus, pas d’entraînement, une motivation déphasée par rapport l’épreuve… bref l’abandon apparaît vite inévitable. La naissance du démon aussi !

Ce démon là n’apparaissant que tous les deux ans, et étant donné la possibilité que ce soit sa dernière apparition, je décide assez tôt de retourner dans les terres du Mercantour, et même d’en faire un de mes objectifs principaux de l’année. La chasse est ouverte !

Contrairement aux autres années, je ne vais pas partir complètement la fleur au fusil. Je décide de faire un minimum de préparation pour arriver dans une condition physique générale compatible avec cette épreuve. Bon trouver du dénivelé significatif à Paris n’est pas top, alors ce seront les marches des tribunes du stade de Houilles et les montées du parc de Marly qui devront préparer la machine.

En dehors de ça, j’essaie de conserver des séances de fractionné (entre 500 et 2000m) et une sortie longue en allure longue distance (9mn en courant – 1 mn en marchant – Merci Cyrano !) C’est peu en volume de course mais mes genoux n’en acceptent guère plus. Alors je complète avec du VTT.

Tout ça me permet de reprendre un peu de santé physique ! Seule ma surcharge pondérale reste en partie présente, mais là j’ai du mal à supprimer le st nectaire, le saucisson, l’entrecôte, la bière et le pomerol. Alors il faudra faire avec.

Les trois dernières semaines de préparation sont un peu bousculées par le boulot, mais bon si la S-2 n’a été que l’ombre de ce qu’elle aurait du être, les semaines S-1 et S étant prévues pour faire du jus, cette perturbation ne devrait pas avoir de conséquences sur la chasse à venir !

C’est dans cette situation que je rejoint ma cellule logistique à Toulon le jeudi soir. Je dois dire que de disposer ainsi d’une organisation locale qui s’occupe de tout est quand même un sacré avantage… Et là je dois dire un très très grand merci au Trailer des Bois et à toute sa petite famille (Sandrine, Amandine, Audrey, Monique et Dédé) qui m’ont, cette année encore, permis de m’affranchir de cette charge. En plus j’ai été comme un coq en pâte (oui je sais pour le côté pâte, j’ai ce qu’il faut) !

Dîner à peine arrosé (apéros maison, du rosé de Provence, du rouge également en côtes de Provence, liqueurs artisanales…) puis gros dodo…

Vendredi direction St Martin Vésubie. on arrive sur place en milieu d’après-midi pour retrouver les parents du Trailer ainsi que ses deux filles au camping qui va servir de camp de base. Bonne idée cette année le départ et l’arrivée étant au même endroit, cela limite les mouvements logistiques.

On fait un tour dans Saint martin, on retrouve une partie du Zoo qui vient d’arriver dont le Troll, le Dingo, la Libellule, la Tortue et la Souris. On croise également Socrate qui est arrivé depuis le matin. Lui il a déjà bouclé les deux premières éditions, et compte bien achever également ce troisième opus !

Récupération des dossards, papotages à droite et à gauche avec une vielle connaissance, un coureur du coin, un champion, un Toro (ha tien c’est vrai que tu viens aussi toi ;-), certain que je ne verrai que le lendemain comme le Papy ou le Festnoz, et bien d’autres auprès desquels je m’excuse de ne pas avoir mémorisé tous les prénoms ou pseudos… Bref rien que du très normal la veille d’une course. On retourne au camping pour retrouver également Ray et Gé. Est-ce que le Gé irait aussi à la chasse au démon ? (le sien est apparu aussi il y a deux ans ici, mais après bien plus de kilomètres que moi !)

Un peu plus tard on passe à table pour une plâtrée de pâtes au basilic concoctée par Dédé et Monique, pendant que le reste du Zoo part faire la fête dans un resto local ! On oublie pas d’arroser un peu tout cela de quelques boissons fermentées !

Je termine ensuite de préparer mon sac afin de ne rien avoir à faire le lendemain matin. De ce côté là la stratégie est finalisée depuis un moment… J’essaye de voyager léger tout en gardant en tête qu’on sera en montagne et qu’un minimum d’autonomie peut être nécessaire en cas de soucis.

Cette année, il y a aussi une nouveauté. On peut laisser un sac au relais des Merveilles (km 57) Comme la barrière horaire à ce point a été fixée à 19h45, cela signifie qu’on y passera avant la nuit et que ce sera l’endroit idéal pour changer de tenue et de configuration de course.

Le détail de mon équipement et de mes changements au relais des Merveilles sont décrits dans la fiche équipement

Dodo vers 21h30… Réveil à 2h30 !!! Bon c’est toujours ça de pris, et c’est toujours plus que la nuit prochaine.

Petit dèj. rapide. J’ai pas très faim mais j’avale quand même un bol de café et un gâteau de riz au caramel ! On monte avec le Trailer vers l’aire de départ, on fait faire le contrôle des sacs puis on retrouve les divers coureurs de toutes origines pour échanger sur telle stratégie de course, sur tel objectif… Une photo par ci sur la foule qui se prépare, une autre par là avec Sherpa, une autre encore avec le Zoo,, des Net-Teamiens, des UFOs, des TOFUs ou des coureurs varois… bref le temps passe plutôt vite et il faut se rendre sur la ligne de départ

D’ailleurs en parlant de stratégie, je m’en suis construit une que je sens bien ! En fait, je l’ai un peu volée à la Tortue, mais je me suis dit que c’était la seule qui m’éviterait peut être un abandon " trop " raisonné.

Mais quelle est cette stratégie ? Et bien c’est simple, c’est ne pas arrêter quoi qu’il arrive. Les seuls cas d’arrêt avant la ligne pouvant être une blessure sérieuse ou un arrêt imposé par l’organisation (hors délais) et encore, vous verrez que ce dernier point est loin d’être gagné d’avance. Bref, pas d’abandon et une progression constante. Ensuite on gère au fur et à mesure de la course. Simple, efficace (enfin j’espère) rustique. Bon c’est vrai qu’avec l’absence d’abandon raisonné on peut être amené à se faire mal. Mais si on ne prend pas le risque de se faire mal sur un objectif majeur, et bien il y a toutes les chances que ça coince. En plus n’ayant pas d’autres objectifs avant l’automne, si une période de repos s’imposait, ce ne serait pas une catastrophe. De toutes façons il n’y a que comme ça que j’arriverai à me pousser un peu au cul !

4h05. Top Départ… C’est lancé pour une longue longue ballade.

Rapidement après le départ on se lance sur un bout de route qui monte. Je décide de marcher. Pour aller au bout, il faudra que je marche beaucoup… Toujours en côte, parfois, puis souvent sur le reste du terrain, alors je prend mon rythme et je monte dans la nuit.

Après le village de Venanson on attaque une première montée vers le col du Varaire. 550m de D+ mais il fait encore nuit, l’attaque se fait tranquillement et je suis frais, si bien que ça passe pas trop mal… Tant mieux ! A peine arrivé, j’y suis rejoint par la Tortue et Socrate qui sont juste derrière moi. Serais-je parti trop vite ? Socrate avait terminé en 23h l’an dernier, alors il constitue pour moi un repère intéressant, même si je sais que c’est après le relais des Merveilles que la course se jouera !

Descente sur St Dalmas puis on attaque une première belle montée de 1100m de D+ sur 10km environ pour atteindre le col du Barn (2457m) en passant par le col de Veillos (2040m).

Déjà dans cette montée je recommence à sentir ce qui m’était arrivé il y a deux ans ainsi qu’à l’UTMB. Passé 2000 mètres, j’ai beaucoup de mal à monter. L’effort se fait difficile, même si contrairement à la Tortue je n’ai pas la tête qui tourne. J’ai simplement l’impression d’être vite " à plat ". Sensation qui ne fait jour qu’en montée, et disparaissant aussi vite dès que l’effort cesse !

Du coup je vais gérer doucement les passages en altitude, faisant de courtes pauses (15-30sec) très régulièrement pendant les montées !

Arrivé au col de Barn, je me ravitaille, remplis mes bidons et fait une pause le temps de soigner un début d’échauffement sur un talon. D’habitude j’attends le dernier moment, mais là je décide de ne pas prendre de risques et je pose un compeed. Je ne traîne pas trop car le ravito est en plein vent et qu’il fait encore un peu frais. La tortue est repartie devant moi pour ne pas se refroidir, mais c’est pas grave car j’ai prévu de ne gérer que mon allure sans trop m’attacher au rythme des autres !

On redescend du col pour aller sur la vacherie du collet puis on remonte vers le col de Salèse et on bascule dans une longue descente qui doit nous mener avant 13h au Boréon, première barrière horaire.

La descente se passe pas mal, et le second tronçon est fait sur un petit sentier, dans les bois super agréable où nous devrons même écarter un peu les vaches qui nous bouchent le passage ;-)

On termine la descente par un bout de route que je trouve par contre assez désagréable. Autant mes chaussures se comportent super bien dans les passages techniques, autant sur le bitume, la rigidité des semelles fait que je ne suis pas à l’aise. Les semelles tapent et les échauffements apparaissent vite. Du coup je ne profite pas vraiment de cette descente pour gagner du temps, mais juste pour maintenir un petit rythme qui me permet d’arriver à Boréon avec environ 2h30 d’avance sur la barrière horaire qui était fixée à 13h !

On est au km 30, il m’a fallu un peu plus de 7h pour faire ces 30 km sans éprouver de grandes difficultés. Mais on en est qu’au début, je suis encore frais et je sais que les choses sérieuses vont bientôt commencer

Je retrouve la Tortue, Socrate et la Souris au ravito. Je me ravitaille correctement, fais le plein de la poche à eau et du bidon mais sans trop m’attarder car à partir là, on va se diriger vers le bout de parcours que j’ai fait il y a deux ans, et je me souviens que ça montait pas mal mais que les paysages sont superbes. C’est aussi par là qu’on va trouver les multiples petits lacs qui parsèment le Mercantour.

Ca commence par un peu de montée puis on reste presque à flanc pendant quelques temps pour rejoindre le vallon qui va nous permettre de monter au lac de Trecalpa puis au Pas des Ladres. Arrivé dans le vallon, je reconnais la piste que nous avions emprunté il y a deux ans. A l’époque on avait directement attaqué le Pas des Ladres en partant de St Martin sans faire la boucle de 30km que nous venons de réaliser en début de course. On attaque aussi une belle montée en 3 temps !

D’abord il faut rejoindre le lac de Trecalpa. C’est un haut lieu de randonnée car il est accessible et le lac pourvu de sa petite île doit figurer sur la moitié des dépliants du Mercantour ;-) On croise et on double régulièrement des randonneurs. Je gère la montée du mieux possible, et profite d’un court instant à peu près plat au niveau du lac pour récupérer un peu.

Ensuite une montée avec un tronçon plus raide sur un petit sentier nous fait atteindre les 2450m du Pas des Ladres. Là encore, l’altitude me pousse à appliquer ma technique des petits pas et des courtes pauses, mais même si je prend un coup de barre sur ce tronçon, je connais le chemin, et je sais qu’ensuite j’aurai le droit à une belle descente vers la Madonne des Fenestres.

Progressivement j’arrive au but et nous sommes accueillis au son des cloches par les contrôleurs. Je me prépare à attaquer la descente quand on me dit qu’il y a encore deux km de montée jusqu’au col des Fenestres avant de descendre !!! Zut… J’avais oublié ce passage là !

En fait le col des Fenestres est à peine plus haut que le Pas des Ladres et les deux km sont un enchaînement de petites montées descentes techniques sur un sentier. Ca passe bien même si l’enchaînement de passages techniques depuis le début de la course ne favorise pas la récupération. En gros, il est parfois difficile voire impossible de récupérer dans la descente le temps perdu en montée !

Au Col des Fenestres, je retrouve les lacs que j’avais en souvenir et je me lance dans une descente de 600m de D- . Pas mal de cailloux par endroits qui obligent à rester vigilant, et j’essaie aussi de préserver mes cuisses au maximum. Depuis le début, j’utilise mes bâtons en montée mais pour la première fois je les exploite à fond en descente soulageant ainsi genoux et quadriceps (sans parler de l’aide qu’ils m’apporteront une ou deux fois pour m’éviter un vol plané !)

Depuis un moment j’ai deux coureurs en ligne de mire. Ils me doublent dans les montées et je les passe régulièrement dans les descentes. J’accélère un peu pour essayer de remonter sur eux et là, pif ! boum ! badaboum ! je suis violemment attaqué par les cailloux qui se jettent sur moi ! pas commode les cailloux par ici (hein ! oui je me suis pris un gadin quoi !!!!). Ce sont les genoux et la main gauche qui ont pris. Ca me lance, mais j’essaie de na pas trop y penser et je repars en ralentissant nettement mon allure afin d’assurer la fin de la descente.

J’arrive à la Madonne des Fenestre largement avant la barrière horaire de 16h. Je remplis le sac et le bidon, bois du coca et mange un peu de salé. Je ne m’attarde pas de trop car j’ai prévu de faire une pose plus longue au Relais des Merveilles, prochain ravitaillement où nous attendent les sacs de rechange.

Ce tronçon je l’ai encore en tête. Une belle montée de 450 m vers la Baisse des 5 lacs, une courte descente, puis encore une montée pour atteindre la Baisse de Prals (2340m) avant d’entamer la longue descente (6 km et 780m D-) qui m’avait vu exploser il y a deux ans et qui arrive au Relais des Merveilles.

J’entame la première montée relativement cool, je monte régulièrement, mais très vite, de nouveau, la fatigue et l’altitude rendent l’ascension difficile. Je m’attache toujours à faire des petits pas, et des pauses de 15 à 30 secondes max, juste le temps de laisser le cœur redescendre un peu et je repars. Toutes les 10mn pendant les montées je bois 4 à 5 gorgées d’eau. Habituellement je bois toujours trop peu, alors là j’essaie de ne pas faire la même erreur, d’autant que même si je termine ma poche à eau, il me reste le bidon de secours pour tenir jusqu’au ravitaillement suivant.

Une chose m’étonne toujours, c’est qu’une fois la côte terminée, en quelques mètres les jambes retrouvent leur souplesse. Ce n’est pas comme si j’avais les cuisses explosées et que même dans la descente je ne pouvais plus avancer. Là dans la minute qui suit la fin de la côte, la difficulté disparaît et les jambes repartent. Comme quoi mes soucis en côtes ne viennent pas des jambes !

J’attaque la descente passant du coup à côté des lacs. Je me laisse porter, mais il y a tellement de cailloux partout que j’ai un peu peur de me reprendre un gadin comme tout à l’heure. Ce tronçon se passe sans problèmes puis j’attaque la montée en lacets qui va me mener à la Baisse de Prals. Là encore je souffre mais j’essaie de progresser par petites sections en prenant le temps de laisser la machine récupérer régulièrement. Progressivement, section par section, le col s’approche et je passe enfin ce cap. Maintenant, il va me rester la descente. Je suis bien mieux qu’il y a deux ans au même endroit alors qu’on a près de 25km de plus au compteur. Je descend à mon rythme. le sentier n’en finit pas et les cailloux m’empêchent de courir (je vais d’ailleurs me tordre 2 fois la cheville en essayant de trottiner).

Après un long moment, je vois enfin la route dans le fond de la vallée. Je me souviens que le ravito est environ 1km plus loin. c’est pratiquement gagné. Je termine cette section avec un grand soulagement, mais je sais que le tronçon " clé " de ce raid est juste devant nous...

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