Retour courses 2018

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Le CR

La fiche équipement

Le CR de La course... Ca continue encore !

De CP4 à CP5 - Hanoko, le CP sans fin !

Je repars de CP4 à 2h40, soit un arrêt de 25mn par rapport aux 30mn prévues initialement.

Je sais déjà que je vais terminer ma nuit sur ce CP et que je verrai le lever du jour (6h30) avant CP5.

Rapidement Jean-Noël prend quelques longueurs d’avance. Il va trop vite pour moi et je préfère ne pas essayer de le suivre (mais pourquoi je lui ai filé mon gel moi ?... Humour …). En fait toute la première partie d’interposte se fait dans un sable mou fatiguant, et là-dedans moi j’ai énormément de mal à avancer.

Par contre comme il est 100m devant, il me fait la trace ce qui fait qu’il me reste juste à contrôler mon GPS par sécurité de temps en temps mais moins souvent que si j’étais seul.

L’allure se maintient et je continue de profiter des lueurs de sa lampe pour me guider. J’ai maintenant bien récupéré de la partie en sable mou et j’avance plutôt bien. Dans une longue montée (repère 1 sur la carte) je reviens sur Cyrus. Je me dis qu’il m’attend et qu’il va accrocher pour qu’on fasse un bout de chemin ensemble, mais quand j’arrive à sa hauteur il est au ralenti. Visiblement il est dans le dur, et il me dit d’y aller. Je suis sur une période où j’avance bien, du coup je repars en laissant Cyrus derrière.

Une longue descente, le jour qui commence à se lever et … je prends un coup de bambou colossal ! Obligé de me poser 5mn après avoir trouvé un emplacement à l’abri du vent qui souffle fort, de grignoter un peu de saucisson sec puis de repartir un peu au ralenti. La trace me fait monter une grosse dune bien raide (repère 2 sur la carte).

À ce moment-là, j’apprendrai plus tard que certains ont coupé et ne sont pas passés par l’arche (tracé en pointillé orange sur la carte). Perso je ne me suis même pas posé la question. Au départ j’ai dit à JP que je suivrai la trace et du coup, … je vais la suivre.

Passage par l’arche Chinékeï, puis changement de cap pour piquer vers le CP.

À ce moment-là je retrouve Marc (le photographe). Quelques photos puis il me dit que le CP est au niveau du gros rocher que je vois au loin… Hanoko. C’est la meilleure nouvelle que j’ai entendu depuis pas mal de temps, je ne m’attendais pas à le voir tout de suite.

Bon soyons honnête, je le vois mais il y a encore quelques kilomètres. En fait plus j’avance moins il se rapproche. C’est l’horreur ce truc, mais je le garde en ligne de mire, et j’avance.

Le vent est vraiment fort et froid, même avec le jour qui s’est levé. Finalement à force de le fixer, il se rapproche… jusqu’à ce que je découvre enfin le PC

CP5 - Jeudi 01 février 2018 – 08h45 – Km 107
Temps prévu section 6h15 – Temps réalisé section 6h05
Temps prévu course 28h45 – Temps réalisé course 25h15

Cette section a été mitigée. Un début difficile, puis une partie où j’ai super bien tourné pour finir par un coup de bambou.

Le CP est vide lorsque j’arrive. Par contre il est du côté à l’ombre du rocher, et surtout en plein vent. Et à cette heure-là ça caille sec. Les bénévoles me proposent une grosse couverture pour que je ne prenne pas froid, et pour la première fois je vais l’accepter (en général je refuse car c’est trop dur de s’en séparer pour repartir).

Je déroule mon protocole de ravitaillement comme d’habitude avec un Crumble en guise de petit déjeuner, puis je refais mon sac, je me charge bien en eau car je sais que pour atteindre PC6 je vais me taper la partie chaude de la journée, un peu comme sur CP1-CP2

De CP5 à CP6 - Seul face aux éléments !

Je repars de CP5 à 9h30, soit un arrêt de 45mn par rapport aux 30mn prévues initialement.

Sur cette section ça va être très simple côté orientation puisque c’est 25km sur un long plateau toujours en ligne droite jusqu’à l’arche de la Lyre. Bon ça c’est la vision sur le papier, parce que sur le terrain il va y avoir une petite différence… Le vent de face.

Je me suis harnaché façon vent de sable avec le bonnet, les lunettes et le buff pour couvrir toute la moitié basse du visage et me permettre de respirer malgré le vent.

Pendant toute la traversée, c'est-à-dire pratiquement 6h00, je vais progresser en plein soleil, avec un vent de face qui se transforme en petite tempête de sable par moment. Cette section va être de loin la plus éprouvante physiquement parlant. Tout va se faire sur le mental.

Quelques petits soucis de GPS, rien de méchant mais à plusieurs reprises quand je le regarde il me donne des orientations différentes. Comme c’est tout droit je sais à peu près ce qu’il devrait m’indiquer, mais là j’ai parfois des orientations à +/- 90°… Surprenant, surtout que c’est un 301, donc qu’il n’est pas nécessaire de le recalibrer comme les 401. Il me l’a déjà fait une fois ou deux avant, mais là c’est de plus en plus souvent. Ce n’est pas ultra critique, car dès que je retrouve un azimut correct, je vise un point le plus lointain possible et je ne reprends le GPS qu’une fois sur ce point. Pas critique mais ch…. !

Pas le choix il faut progresser, encore et encore sans regarder trop loin devant puisqu’il n’y a rien. Avec le vent on baisse la tête et on lui rentre dedans. C’est sans fin, mais il faut en passer par là.

Sur les 5 derniers kilomètres on commence à retrouver un peu de blocs rocheux. C’est impressionnant car tous ces blocs et ces massifs rocheux sont sculptés de façon monumentale. Des personnages de diverses époques des têtes géantes, et beaucoup plus surprenant, des têtes moderne. Il y en a même deux qui ressemble à des têtes de personnages Lego, un peu comme si certaine sculptures avaient été reprise il y a peu de temps pour faire perdurer cet art assez particulier !

Plus je me rapproche du massif où se trouve le CP, plus les sculptures se densifient. Vraiment surprenant.

Sur la fin de la traversée je retrouve une fois encore une des équipes photo de la M&M team. Petite pause interview, mais après ces heures passées seul face au vent ça fait du bien de parler 5mn à quelqu’un d’autres qu’aux rochers

Avant d’arriver à la Lyre, il faut contourner tout un bout de massif, passer près d’un hôtel en construction (on apprendra que l’état a fait interdire sa construction et qu’il devrait être rasé), puis enfin j’arrive sur PC6, complètement lessivé cette fois.

CP6 - Jeudi 01 février 2018 – 15h20 – Km 130
Temps prévu section 5h45 – Temps réalisé section 5h50
Temps prévu course 35h00 – Temps réalisé course 31h50

Il y a 4 ou 5 coureurs au CP quand j’arrive à CP6, mais plusieurs sont sur le départ.

Je me pose, je souffle et j’entame mon protocole. Idrolitina, viande des grisons, et plat de pâtes bolognaises. Avec la chaleur j’ai du mal à manger. Je prends le temps tranquillement. De toute façon il faut que je prenne le temps de récupérer et je préfère attendre que la chaleur retombe avant de repartir.

Je traîne un peu, je n’ai pas envie de dormir, mais je me retape doucement, je discute avec les bénévoles du bivouac. En fait je commence à être bien. Je sens que le redémarrage sera difficile. Arrivée d’un concurrent, puis c’est au tour de coureurs du 57 et du 90 de passer nous voir. J’ai le plaisir de retrouver Abderrahmin et Xavier qui ont finalement basculé tous les deux sur le 90.

J’échange rapidement avec un vincent ( ?) sur ces fameuses sculptures lui faisant remarquer qu’on se croirait presque à Disneyland, et que si ça se trouve, l’arche de la Lyre n’est pas totalement naturelle. Après tout s’ils ont sculpté des massifs de + de 100m de haut, pourquoi ne pas aider la nature pour la Lyre ?

J’anticipe un peu sur la suite de récit avec cette histoire de sculpture, mais on reparlera de tout ça plus tard dans le CR… Promis !

Le temps passe, la chaleur est retombée, je me sens mieux et du coup je me prépare pour reprendre la route.

De CP6 à CP7 - Quand la boussole remplace le GPS !

Je repars de CP6 à 17h00, soit un arrêt de 1h40mn par rapport aux 30mn prévues initialement. Encore une fois je n’ai pas regardé la montre jusqu’au moment du départ. Je repars maintenant uniquement parce que je me sens mieux, que le coup de barre est passé. Si j’ai pris 1h40, c’est simplement que j’en avais besoin.

Pour quitter le CP Vincent me propose un petit crochet pour aller admirer Djoulia, l’arche de la Lyre. Quelques centaines de mètres, mais franchement avec tout ce voyage ce serait dommage de passer à côté sans en profiter.

Ensuite il me ramène sur la trace et là on a un problème. Sur son smartphone, la trace lui donne une direction, et encore une fois, mon GPS m’en donne une autre. Il va falloir près de 20 mn avant que nos traces convergent, même en zoomant et dé-zoomant l’affichage. Je passe parfois d’une échelle à 2 ou 5km pour voir la direction générale, puis je descends à 50m ou moins pour vraiment me positionner sur la trace d’origine, mais rien n’y fait.

Avec tout ça la nuit commence à tomber.

Je pars sur la trace et j’attaque rapidement une zone rocheuse assez compliquée à traverser (repère 1 sur la carte). Je sors la frontale car par endroit c’est limite dangereux, surtout avec l’attention qui n’est plus aussi présente qu’au départ à l’arrivée de cette seconde nuit.

Je perds sans cesse la trace avec le GPS, je galère vraiment et j’arrive même à me faire peur par moment sur des zones avec des trous assez importants. Après pas mal de galère je sors de ce passage, en me demandant ce qui a pu pousser JP à nous faire passer par là ?

J’enchaîne avec une partie un peu plus roulante, mais j’ai laissé beaucoup d’énergie dans ce passage. Aucune frontale visible devant, ni derrière. Je suis tout seul… Un peu plus loin je retombe dans une zone rocheuse montante, moi qui n’aime pas le D+. Cette zone va vite redevenir galère (repère 2 sur la carte). Le GPS continue de m’envoyer dans des directions différentes. Parfois quand je bouge de 10m, la trace réapparait 100m plus loin ! Incompréhensible.

En plus je ne trouve aucune trace au sol. Pas de piste pou de sentier sur lequel pourrait s’appuyer la trace du GPS. J’arrive à peu près à identifier l’orientation générale à suivre, mais quand on est dans des plaines c’est simple à suivre alors que là je suis régulièrement bloqué par de grosses ravines, ou des passages trop dangereux à franchir.

Je vais tourner un long, long moment de cette façon dans la zone indiquée par des pointillés bleus sur la carte, jusqu’à ce que je regarde ma montre… il est pratiquement 22h00 ! 5 heures que je suis parti et j’ai l’impression de ne pas avoir avancé. Impossible de rester dans cette situation.

Sur la balise Spot, on a un bouton d’appel en cas de dysfonctionnement du GPS, sauf que je ne vois pas trop comment ils vont faire pour me l’amener au milieu de ce massif, et puis avec la nuit, ils ont probablement d’autres choses plus importantes à faire avec d’éventuels coureurs en difficulté.

Je décide de prendre les choses en mains, à l’ancienne.

Je m’arrête, je sors la carte du road book et ma boussole. En étudiant l’environnement, j’arrive à me situer même de nuit (l’avantage de maîtriser l’orientation), et sur la carte on a clairement une grande zone de sable à l’ouest de ma position.

La route que j’aurais dû suivre est en rouge sur la carte. En bleu c’est celle que j’ai suivi. Je décide de prendre un azimut globalement nord-ouest pour rejoindre le sable, en m’appuyant sur un massif rocheux que je compte laisser sur ma droite, puis de longer tous les massifs jusqu’à ce que j’arrive à l’entrée de la grande plaine sableuse (repère 3 sur la carte - croix orange) qui me séparera du PC7.

J’éteins le GPS, mais je garde bien sûr la balise spot allumée pour que le PC course ne me perde pas de vue.

J’ai les boules, parce que je me dis que comme je quitte la trace, je vais certainement être disqualifié. Mais même avec cette idée en tête je ne peux pas faire autrement.

La descente vers la plaine sableuse est rapide, et là je trouve finalement un sol stable qui va me permettre d’enchainer la section à une bonne allure. Après mes déboires, j’ai l’impression que cette reprise en main de mon orientation a provoqué un regain de forme.

Pendant tout ce temps je n’ai vu aucune frontale, aucune lueur, rien…

Je longe les massifs, j’identifie les passes entre les massifs m’appuyant un peu sur la carte mais surtout sur les visuels ce qui me permet de savoir si je dois contourner ou non tel passage. Heureusement la lune est là. Pas aussi lumineuse qu’hier soir, mais dans cette zone finalement peu technique, je peux à nouveau progresse sans frontale.

J’avance convenablement jusqu’à ce que j’arrive au niveau du dernier gros bloc rocheux, qui vu du sol ressemble à une proue de navire géante.

Par sécurité je vais pratiquement jusqu’au pied de ce massif, puis je vise un mamelon rocheux bien identifiable, un peu plus isolé au nord-ouest. Ce sera mon dernier point d’appui fiable avant la traversée de la plaine.

A partir de là je prends un azimut direct, pratiquement plein nord vers un massif rocheux qui se détache bien, à la fois sur la carte et sur le terrain. Je garde la boussole par sécurité, mais la situation fait que je ne la ressortirai qu’occasionnellement pour assurer ma progression.

A tout moment je m’attends à voir apparaitre un 4x4 de l’organisation venir voir pourquoi j’ai quitté la trace initiale. Mais aucune lueur à l’horizon pour le moment.

J’enfile cette traversée dans le vent (pour ne pas changer) mais j’ai vraiment l’impression d’envoyer comme il faut. Cette section se fait facilement, aucun soucis particulier jusqu’à l’approche de la langue rocheuse.

Le final est un peu plus compliqué car j’imaginais le CP juste derrière cette langue rocheuse, mais il est plus loin, et pour tout arranger cette partie se fait dans un put… de sable mou.

Par contre quel bonheur d’arriver enfin au CP, un CP qui a été légèrement déplacé pour être mieux protégé, mais j’ai été guidé par un 4x4 garé sur une dune avec un feu clignotant ce qui me permet de le trouver sans soucis.

CP7 - Vendredi 02 février 2018 – 1h30 – Km 155
Temps prévu section 6h15 – Temps réalisé section 8h30
Temps prévu course 41h45 – Temps réalisé course 42h00

Quelle galère, mais quelle galère. Par rapport à mon allure réelle de progression je dois perdre plus de 3h, sans compter l’énergie que j’y ai laissée.

J’arrive, je me pose près du feu de camp, et en entamant mon protocole de ravitaillement je raconte ma mésaventure aux bénévoles. Alors que je m’attendais à me faire tirer les oreilles, c’est presque des félicitations que je reçois pour avoir bien géré la situation… Du coup la pression retombe.

Pendant que je me ravitaille (j’ai décidé de remplacer le crumble prévu ici par le plat de pâtes que j’avais initialement prévu pour CP8 car j’ai faim) un bénévole contrôle mon GPS. En statique il n’y a rien de spécial à constater. Par chance un 4x4 d’assistance passe par là, ce qui me permet de récupérer un autre GPS. Je n’étais pas vraiment rassuré par le fait de devoir repartir avec l’ancien GPS…

Sur le CP, trois coureurs sont en train de dormir, ce qui fait que je suis tout seul avec les bénévoles. Cette pose me fait du bien, d’autant qu’à partir de maintenant il ne me reste que 2 CP assez courts (14km) pour terminer. Je commence à me dire que c’est bon, et que sauf accident ça devrait aller au bout.

On est bien près du feu mais j’ai un peu peur d’avoir froid en repartant. Pour la première fois je vais sortir la veste en Tyvek. Le coup de pression du CP précédent est retombé, maintenant il va falloir gérer.

J’enfile le sac à dos, je prends le nouveau GPS sur lequel les bénévoles ont activé la trace vers le CP8 et me voici reparti pour un nouveau CP

De CP7 à CP8 - Le marchand de sable va bientôt passer !

Je repars de CP7 à 02h20, soit un arrêt de 50mn par rapport aux 30mn prévues initialement. De toute façon avec le temps perdu sur le CP précédent, je ne regarde même plus ma feuille de route.

Le tout début est à la fois magique et galère…

Magique car quelques centaines de mètres après le CP on passe sous l’arche d’Aloba (repère 1 sur la carte), la seconde plus grande arche naturelle du monde. Même en pleine nuit elle est impressionnante !

Je n’ai pas fait de photo de nuit, mais pour vous donner une idée voilà une photo faite le lendemain lorsque j’y suis retourné, avec un zoom pour vous montrer la taille d’un homme à côté…

Tout de suite après l’arche il faut monter une énorme dune très raide. En voyant le mur je n’imagine même pas qu’il faut la monter et du coup je fais toute la longueur au pied de la dune, mais une fois au bout la trace disparait au sud-est. Pas de doute il faut monter. Du coup je reviens en arrière pour trouver une trace par où ont pu passer les autres coureurs. Pas simple tout ça. C’est mou, très mou, très raide, en gros on fait trois pas on recule de deux. Dur dur, surtout en cette seconde nuit blanche.

Une fois en haut on contourne, toujours dans le sable, un énorme bloc rocheux pour repartir en nord-ouest. Début de progression plus simple qui se transforme ensuite en la traversée d’une longue gorge rocheuse. Juste avant d’entrer dans cette gorge, je salue des nomades qui bivouaquent autour d’un feu de camp.

J’attaque donc le passage dans la gorge (repère 2 sur la carte) lorsqu’un des nomades me rejoint et de dit de le suivre. On est en pleine nuit, il est en sandales avec une lampe de poche à la main, et il me montre le chemin. Simple au début les passages deviennent rapidement techniques. Je dois avouer que par sécurité je jette régulièrement un œil à mon GPS, mais il ne semble pas trop s’éloigner de la trace.

Le pire est qu’il saute de rocher en rocher comme un… chamois ! Ouais pas réellement approprié au contexte, mais c’est pourtant l’impression que j’en ai.

Cette descente me parait interminable mais surtout il me fait passer dans des endroits improbables où je me dis que j’aurais eu du mal à trouver ma trace moi-même.

Vers la fin de la section rocheuse il s’arrête pour parler avec d’autres nomades, près d’un point d’eau avec des ânes. Je me dis qu’il m’a juste accompagné pour aller voir ces personnes, mais non, il repart de plus belle en me disant de le suivre. A plusieurs reprises je suis obligé de lui dire de ralentir. Je vais exploser. J’ai 130 bornes dans les jambes et je ne peux pas tenir son allure. Il va m’accompagner de la sorte jusqu’à ce qu’on retrouve un sentier qui part dans la montagne. Peut-être 2, 3km au total, impossible de calculer. Je n’ai pas le temps de le remercier qu’il a fait demi-tour et qu’il repart d’où on est arrivé. Je suis un peu déstabilisé, et complètement crevé également.

Drôle d’endroit pour une drôle de rencontre, en tous cas, merci, encore merci !

J’attaque maintenant un petit sentier de montagne à grimper (repère 3 sur la carte). Raide et caillouteux, serpentant dans la roche. Heureusement que ce n’est pas trop long. Je n’ai plus de jus, la descente précédente m’a vidé.

Petite descente avant de retrouver une zone sableuse entre les massifs. En regardant la carte après coup, ce n’est pas très long, sauf que, j’ai un grand passage à vide sur cette section (repère 4 sur la carte). A plusieurs reprises je vais m’endormir en marchant sans en avoir réellement conscience. En fait si j’en avais pris conscience, je me serais posé 15mn pour un sommeil flash, mais là ça ne m’est même pas venu à l’esprit. Je vois avancer à 2km/h, je m’imagine dans un paysage de neige ( ???) et quand je m’endors, je perds la trace. Heureusement que l’environnement n’est pas dangereux sur ce passage.

Cela va se reproduire, mais je ne sais ni à quelle fréquence, ni combien de fois, ni même combien de temps cela a duré.

Au bout d’un moment, je sors de cet état brumeux, et je décide de regarder la carte pour voir où je suis et ce qu’il me reste à faire jusqu’au prochain CP. En fait, vue la forme de la trace sur le GPS je suis pratiquement à un angle (repère 5 sur la carte), et le seul angle à ce niveau-là est l’entrée du grand canyon qui mène vers le CP. Cette petite pause calage, associé à un petit ravitaillement saucisson, noix de cajou a pour effet de finir de me réveiller.

Un canyon en ligne droite et c’est le CP…

Je repars bien, le coup de bambou est derrière moi et il faut qu’il y reste. Par chance j’arrive à avoir une bonne lumière avec la lune dans le canyon, et je n’ai que peu souvent besoin d’allumer la frontale.

Ce dernier canyon est long, et à chaque fois que j’ai l’impression d’arriver au bout, un nouveau morceau apparait. Certains passages sont simples, d’autres plus techniques. Je vais même entrer dans un cul de sac. Pas long mais sableux. Ca fait partie du jeu

Dans la dernière partie du canyon, je tombe sur un bivouac de chameliers. Le jour est en train de se lever. Je les salue au passage, refuse poliment leur hospitalité en expliquant que notre camp est quelques centaines de mètres plus loin. Je vois aussi les fusils d’assaut alignés sous une couverture. Tous les nomades sont armés par ici.

J’ai tellement hâte d’arriver au dernier CP que je ne reste pas très longtemps avec eux.

La suite est simple. Il fait maintenant bien jour, et je vois au loin les voitures du CP… Yes !

CP8 - Vendredi 02 février 2018 – 6h40 – Km 169
Temps prévu section 3h30 – Temps réalisé section 4h20
Temps prévu course 45h45 – Temps réalisé course 47h10

Je vais mettre pratiquement 1heures de plus sur cette section que ce que j’avais prévu, contre effet su stress de la liaison CP6-CP7 et de mon coup de pompe.

Sur le CP je retrouve Isa. Content de la voir, surtout aussi près du but. J’apprends qu’Elodie, avec son dromadaire, n’est pas encore passée à ce CP. Je ne l’ai pas vue sur le parcours mais c’est normal car dans les sections un peu techniques elle avait un tracé légèrement modifié, et en plus il était prévu qu’elle bivouaque la nuit avec le chamelier. Donc il est possible que je sois passé près d’eux sans les voir s’ils dormaient.

J’enclenche mon protocole de ravito, en mangeant mon dernier crumble en guise de petit déjeuner.

Pendant que je me ravitaille les chameliers de tout à l’heure arrivent. Ils ont levé le camp et s’arrêtent quelques instants pour discuter avec nous. Même si je prends bien le temps de me ravitailler et de ne surtout pas zapper ce dernier CP, j’ai quand même un peu envie de repartir pour boucler cette foutue course. Je fais le plein d’eau, 2 litres, je range mon sac… En fait ça va vite puisque je n’ai plus grand chose à mettre dedans, et je salue tout le monde au CP, leur donnant rendez-vous au camp de base !

De CP8 à CP9 - Dernière ligne droite.

Je repars de CP8 à 07h10, soit un arrêt de 30mn comme prévu.

Ce CP sera une sorte de vraie dernière ligne droite. C’est toujours tout droit en longeant les massifs rocheux, puis lorsque j’en sortirai, il ne me restera qu’une jolie ligne droite dans le sable.

Un peu après avoir quitté le CP je retrouve le 4x4 de Marc. Pose photo et vidéo (et ma moyenne, vous y pensez à ma moyenne ?) et en jackpot, j’ai le droit à un cours de mise en place du chèche version tchadienne (différente de celle que j’utilise). Du coup je vais le garder comme ça jusqu’à l’arrivée.

La première partie est réalisée tranquillement. Je profite en fait de cette fin de course, sans un regard pour le chrono (put… de GPS). Une petite montée pour sortir de cette zone avant d’attaquer la dernière zone de sable. Une fois en haut, pour la première fois je vais me retourner pour voir s’il y a quelqu’un derrière. Ce n’est pas comme quand je faisais ça pendant la nuit. Dans la nuit je regardais si j’allais avoir de la compagnie. Non là c’est juste que j’ai pas envie de me faire remonter aussi près du but.

C’est totalement bête comme réaction, d’autant que je n’ai absolument aucune idée de mon classement (et que ce n’est pas important), mais c’est une sensation, une idée qui m’est entrée en tête à partir de là et qui ne va plus me quitter jusqu’à l’arrivée.

La dernière section va me paraitre interminable. A l’approche de chaque bloc rocheux, j’ai l’impression que le village est derrière, et à chaque fois, la trace du GPS continue encore plus loin.

Une fois, deux fois, trois fois… Et avec les heures qui passent la chaleur commence à se faire plus présente, et je n’ai pas envie de me refaire un grosse période chaude.

Je reste concentré sur un objectif, voir apparaitre le village. Pour la première fois je vais regarder une fonction particulière du GPS… La distance restante jusqu’à l’arrivée. J’ai toujours évité de l’utiliser car c’est une arme à double tranchant, mais là ça devient nécessaire pour maintenir le rythme (qui a quand même bien baissé).

Les derniers kilomètres passent doucement, très doucement. J’ai maintenant envie d’en finir. Je me vois m’allonger sur un matelas dans la tente commune, au frais…

Finalement le village finira par apparaitre. Normal, mais quel bonheur de le voir. Je vois les Yégués qui approchent. Je passe près du campement où les femmes qui ont monté le village se sont installées, et j’ai même le droit à quelques encouragements. Je contourne le village pour rejoindre l’entrée principale, celle où il y a l’arche orange qui va marquer la fin de la partie sportive de l’aventure.

Derniers mètres, les premières personnes du campement apparaissent, puis c’est le passage sous l’arche.

Arrivée - Vendredi 02 février 2018 – 11h10 – Km 183
Temps prévu section 3h30 – Temps réalisé section 4h00
Temps prévu course 49h45 – Temps réalisé course 51h40

Je tombe dans les bras de JP… It’s done !

=> Vers la dernière partie du CR



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