Retour courses 2004

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Les CR

Le CR de Michel (3ème partie)

La Course

10h00. PAN ! C’est parti !

Ca y est, cette fameuse épreuve à laquelle je voulais me frotter depuis si longtemps, et bien je suis dedans… A moi de jouer maintenant.

Je suis étonné de voir que cela part doucement devant. J’en parle avec quelques habitués qui me confirment le départ prudent de la tête de course. Personnellement, je suis certainement parti un peu vite mais vu mon entraînement, que je tourne à 10, à 9 ou à 8 je sais que de toutes façons je vais avoir du mal… Alors je me dit que ce qui est pris n’est plus à prendre… Le chacal me rattrape au deuxième tour (preuve supplémentaire de mon départ trop rapide) et le premiers me prendront un tour seulement lors de mon 6ème kilomètre…

Au troisième tour je m’arrête auprès du Millepattes qui est en train de nettoyer le circuit (il va passer 24 heures à enlever pierres, eau, branches, enfin tout ce qui pourrait troubler notre foulée) pour lui dire simplement " Ca y est, je suis dedans… Grâce à toi ! "

Les 10 premiers kilomètres sont avalés en 1h03mn. Je suis bien, c’est l’euphorie des premières heures quand on a l’impression d’être indestructible et qu’en continuant à cette allure là rien ne peut nous arriver.

Après 1h30 de course, première grosse pause technique. C’est normal ! Je repars plus léger et toujours avec de bonnes sensations.

Passage au 20ème kilomètre en 2h12mn.

Au 25ème tour, je commence à sentir un léger étirement dans le mollet. Je me dis qu’il est temps de me calmer un peu. Contrairement à ma stratégie des 12h de Bures où j’avais marché 100m à chaque tour dès le premier tour, là je n’ai fait que courir pendant ces 25 premiers tours. Seuls les ravitaillements ont été générateurs de pauses.

J’en profite pour me faire massouiller les mollets par le Bourrin qui a accepté de servir d’assistant à quelques coureurs dont le Toro, le Chacal et moi. Il se débrouille pas trop mal car je redémarre frais comme un gardon !

La stratégie pour les ravitaillements est simple. Je prend quelque chose tous les 3 tours. A chaque fois c’est un gobelet de boisson (eau plate, gazeuse, coca ou jus d’orange) et quelque chose à manger (pain d’épice, chocolat, banane, gâteaux secs, fromage) en alternant au maximum. Je me dis qu’en prenant peu mais souvent je devrais éviter les soucis gastriques

Je décide donc de faire partir du ravitaillement en marchant (pour m’alimenter), finir le tour en marchant puis faire deux tours en courant, puis de nouveau ravito + 1 tour en marchant…

Passage au 30ème km en 3h22mn

Je fais cela pendant 10 tours, mais je m’aperçois vite que c’est le tronçon sur le bitume en fin de tour qui me fait mal. Aussi je décide de modifier mon fonctionnement. Je vais courir tous les tours et ne marcher que sur ce tronçon en bitume.

C’est reparti. Vers le milieu de la quatrième heure, je prends mon premier coup de bambou. On m’avait dit de passer le cap des 4h et des 8h. Je m’arrête un peu plus longtemps au ravitaillement et je repars en marchant histoire de laisser le coup de barre passer.

Passage au 40ème km en 4h43mn puis ensuite, atteinte de mon premier objectif (43km) en 5h06mn. Je m’autorise une pause ravitaillement en conséquence avec l’atteinte de ce premier objectif. C’est amusant, car j’avais passé ce cap en 4h58mn (4h53 au 42ème) lors des 12h de Bures. L’écart est finalement pas si grand que ça !

Je redémarre tout doucement et me relance dans la chasse aux tours. Il m’en faut encore 40 pour battre mon record de distance. Passage aux 50km en 6h06 et un peu plus tard nouvelle petite pause massage des mollets… Ca retire encore un peu, mais il faut que ça tienne au moins 12h . Ensuite, même si je dois terminer en marchant, ça devrait pouvoir le faire.

Au fil des heures des petits gestes se mettent en place entre coureurs. Avec certains c’est un encouragement oral, avec d’autres un petit signe de la main, et avec certains un simple regard ou un clin d’œil suffit. C’est vraiment étrange cette forme de communion entre tous ces athlètes, aux performances différentes mais mus par un seul et même objectif. Ici, pas de bon ou de mauvais, mais juste des coureurs qui essaient d’aller un peu au bout d’eux même. Même Emmanuel Conraux au palmarès impressionnant et qui va remporter l’épreuve avec plus de 238km ne va jamais oublier de répondre à mes encouragements à chaque fois qu’il me dépasse ! Imaginez les Kenyans en train de vous encourager sur un semi-marathon ;-)))

J’apprends aussi à ce moment là l’abandon de mon équipier le Chacal. Tendinites à répétition, il préfère ne pas aller plus loin. Je suis un peu déçu pour lui car il a un vrai potentiel sur ce genre de courses.

Passage aux 60km en 7h37. j’ai atteint la moitié de mon objectif ! Je décide alors de ralentir le rythme et de ma ravitailler désormais tous les 2 tours.

C’est de plus en plus dur, les jambes commencent à durcir, et je suis obligé de bien alterner mes courts tronçons de marche et de course pour me ménager.

Vers la 8ème heure j’ai un super passage à vide (planifié). Pour la première fois je vais m’arrêter pour manger un peu de solide. Je fais une halte plus longue au ravitaillement et pour la première fois je vais aller me ravitailler assis. Boisson, pates de fruits et surtout, une belle assiette de pate et de steack haché… mmmmmmmm ça fait du bien…

Une fois restauré, je me relance sur la boucle. Les premiers tours sont fait en marchant pour me permettre de faire descendre un peu ce que je viens de manger, mais surtout parce que le fait de m’être assis m’a déclenché une petite douleur à l’aine.

Quelques tours plus tard, une fois chaud, c’est reparti…

Passage aux 70km en 9h23. Là commence un travail de motivation tour par tour… Encore 13 pour battre mon record, encore 12, 11..10..9…..

Quand on ne tourne qu’avec le moral, ce genre d’exercice me semble hyper important. Onbjectifs courts termes, atteignables rapidement facilement mesurables…

Entre temps, je bénéficie de l’arrivée d’un coach sportif de choix en la personne de Rodio. Un sacré bonhomme à la personnalité singulière. Ce n’est pas un coureur, mais un marcheur. Il n’empêche que nombreux sont ceux à Saint Fons qui aimeraient avoir en courant son allure de marche ;-). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si il est depuis plusieurs années accompagnateur de Gilles Letellier sur Paris-Colmar !

Sa présence à mes côté est importante. Il était déjà là à Bures/yvettes, et son expérience de l’accompagnement fait qu’il sait quand parler et quand laisser le coureur (ou le marcheur) s’intérioriser.

Les tours s’ajoutent les uns aux autres, plus que 5, 4, 3, passage aux 80km en 11h13, un dernier ravitaillement et c’est reparti. 2 tours, plus qu’un… et voilà, 83ème tour et second objectif atteint en 11h13’.

Une autre surprise m’attendait également, c’est la venue d’une troupe de savoyard composée d’ Eul’toutou, Patricia (Mme Toutou) Ray, et Gé les beaux mollets ainsi que Jean-Pierre et Marie-Pierre. Je ne savais pas qu’ils avaient prévu de passer. Encore un coup de ce cochon de Bourrin qui était au courant (j’apprendrai ensuite que même M’ame Neutron était au courant) mais qui n’a rien dit. Comme ils s’ennuyaient dans leur Chambéry d’adoption, ils ont décidé de venir passer la soirée à la ville (pour eux… on est à Lyon, pas à Paname ;-) et de venire m’encourager pendant quelques tours. Encore une présence importante alors que les heures se ressntent de plus en plus dans les jambes.

Au 83ème kilomètre, je refais une bonne pause au ravito (comme j’ai prévu de le faire pour chacun de mes objectifs.) avec cette fois ci de la bonne soupe chaude et bien salée. Au moment de redémarrer j’ai très mal à l’aine, et comme j’ai les cuisses qui me tirent, je demande au Bourrin s’il peut faire quelque chose.

On rentre dans la tente de la protection civile et je suis obligé de repousser les avances des jolies infirmières en leur disant que j’arrive avec mon équipe de masseurs personnel… Cette fois ci, le Toutou s’est joint au Bourrin. Chacun une cuisse. Ils triturent ça comme des bêtes pendant un bon moment, et me remettent debout… Bon allez c’est que j’ai encore 17 tours à faire moi pour atteindre mon étape suivante… Les 100 bornes !

Je ne sais plus exactement à quel moment j’apprend l’abandon de mon second équipier dans l’équipe des Rookies, à savoir Beaujolais Runner. Il s’est pourtant bien préparé, mais visiblement le mental a craqué. Dommage, on avait prévu de parler pinard ensemble après minuit !

Ca redémarre tranquillement en marchant toujours sous l’œil vigilant de Rodio, et en me rechauffant je commence à reprendre un peu de rythme. Le bourrin en profite pour s’éclipser afin d’aller diner avec la bande des joyeux savoyards en goguette, non sans avoir auparavant fait boire le Zèbre (ce sont des spécialistes du Rhum "arrangé") et en lui soutirant une inscription pour… l’UTMB ! Ah! Aussi, en partant manger, le Bourrin emporte les clés de la voiture. C’est génial car le Chacal, Bags et moi avons toutes nos affaires dedans :-(((

Passage au 90ème kilomètre en 13h06. Je continue à me motiver tour par tour, et ça fonctionne. Je vois l’objectif se rapprocher à chaque fois. Au final je vais atteindre mon objectif en 15h02… Pas si mal que ça pour un premier 100 bornes. Je ne sais pas si je ferais beaucoup mieux sur un 100 bornes officiel !

Du coup j’ai atteint mon 4ème objectif (100km) avant le troisième (15h45). Je ne savais pas du tout dans quel ordre les placer. J’avais choisi le mauvais

Ces 100 bornes sont une très grande étape pour moi… très grande. Il est un peu plus d’une heure du matin, et je commence sérieusement à accuser le coup. Je fais une grosse pause au ravito. De toutes façons il me reste presque 9h pour faire 20km, et même les 40 de l’objectif haut sont tout à fait accessibles. Intérieurement je suis heureux, mais je sens que la mécanique n’est pas du même avis. Quand j’essaie de me relever après mon ravitaillement, la douleur à l’aine est tellement forte qu’elle m’empêche de marcher et même de poser le pied par terre… J’essaie de me détendre d’y aller doucement en me disant que ca doit se réchauffer tranquillement, mais rien n’y fait.

Je décide alors de repasser entre les mains expertes du docteur Bourrin. Pendant une bonne vingtaine de minutes il va masser, pétir, étirer… mais rien n’y fait ! En plus, cet arrêt prolongé me provoque un coup de fatigue terrible. J’ai mal, je suis crevé, j’ai de plus en plus froid, le moral est en train de tomber.

Après presque ½ heure de traitements en tous genres, je suis incapable de marcher, même quelques mètres. J’en ai marre, je suis déçu, j’ai froid, j’ai envie de dormir…

Il n’en faut pas plus pour que je décide de m’arrêter… fini…

J’ai fait 100km en 15h02, je n’ai pas tous mes objectifs, mais là j’en peux plus…

Le Bourrin n’arrive pas à me faire redémarrer… On va à la voiture, je récupère mon sac, et direction le vestiaire. Il me faut une bonne dizaine de minutes pour faire les 50m … impossible de prendre un appui sur la jambe. J’appelle M’ame Neutron pour lui dire que j’arrête, le bourrin me trouve un matelas dispo dans un des vestiaires, je déroule mon sac de couchage, je me change et je m’endors tristement ! Fin du rêve !

Vers 6h30 (soit 20h30 de course) quelqu’un fait sonner un réveil dans le vestiaire où je suis endormi. Cça me réveille, et du coup je repense à tout ce qui s’est passé avant mon arrêt… le 24 heure, l’engagement du Millepattes et de son équipe, les autres coureurs qui tournent encore, le bérêt du Zoo, le maillot UFO, et ce pµt@/n de dossard n°1… Dire que j’avais dit partout qu’avec un tel dossard on ne pouvait qu’aller au bout…

Aller au bout…

Et merde ! Ca ne peut pas s’arrêter comme ça. C’était pas prévu !

J’essaie de me lever, et là j’ai la surprise de ne sentir qu’une légère gène aux jambes. Fini les douleurs des 100 bornes… visiblement les massages et les étirements ont fait leur effet ! ! !

Je me lève, je prend une douche rapide, je sors une tenue de course propre, et j’enfile mon maillot sur lequel est épinglé mon dossard 1.

6h53 (20h53 de course), je suis de retour dans la course… après un arrêt de presque 6 heures ! Je compte bien faire les 3 dernières heures même si ce doit être en marchant. J’ai 100 bornes au compteur, je peux facilement en ajouter 15. Et tant pis pour l’objectif !

Je fais un tour en marchant, et dès le second, je retrouve de bonnes sensations. Du coup, je m’essaie à courir, et le miracle se produit, ça le fait ! Du coup je recommence mes tours en courant doucement partout et en marchant sur le bitume et au ravitaillement. Les tours commencent à passer, à s’empiler

Je passe au 110km en 22h11mn soit 1h14 pour faire les 10km. Il me reste encore 1h45

Les 120 km sont loin d’être perdus. Je vois arriver le Bourrin qui me gratifie d’un "- Mais qu’est-ce que tu fous là ?" "- Ben… Je pouvais pas arrêter comme ça, c’était pas possible alors, je suis reparti ! "

Il y a aussi le retour de Rodio, qui lui était persuadé que je n’avais pas abandonné.

Progressivement avec le levé du jour, de nombreux coureurs qui étaient parti dormir un peu reviennent. Pour ma part, j’envie ceux qui ont réussi à ne pas s’arrêter. mais bon, maintenant je dois boucler mon objectif. C’est faisable. Je continue de trotinner jusqu’au 118ème tour, puis je décide de terminer en marchant (la résuréction n’est pas… totale quand même ) 119ème tour, plus qu’un, et je passe enfin sour la ligne du 120ème tour en 23h23mn… YES ! ! !

Une pause ravitaillement mais sans m’asseoir (sinon je suis capable de ne pas repartir) et je me relance en marchant. Maintenant ce n’est que du bonus.

Un 121ème tour, puis un 122ème, encore qelques centaines de mètres et PAN ! coup de pistolet final. Je m’arrête juste à la hauteur du MillePattes… C’est lui qui va marquer officiellement la distance que j’ai aprcouru. 122,3 km !

Ca y est. Cette fois la course est vraiment terminée !

 

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