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Ultra Trail de la Plage Blanche... Edition " 3 "
"Des progrès mais peut mieux faire !"

Rassurez-vous, cette phrase ne concerne absolument pas l'organisation de l'épreuve mais bel et bien ma performance. Après une première tentative en 2017 lors de la première édition de l'UTPB, me voici de retour sur cette course à laquelle j'avais hélas dû renoncer l'an dernier l'an dernier.

Tout avait commencé à l'époque par un petit message anodin
"-J'ai un copain qui part souvent faire de la moto au Maroc, qui fait aussi un peu de trail, et qui pourrait nous organiser un off de 130km dans le désert, ça te tente ?"

Le Maroc ! Et plus particulièrement l'extrémité sud-ouest du Maroc, à environ 350km au sud d'Agadir


Une zone moins fréquentée par les coureurs que la région de Zagora où se déroulent de nombreuses épreuves dont le Marathon des Sables, mais cette localisation présente la particularité de permettre un mélange entre désert et mer, ce qui rend cette course pour le moins originale !

Cette année encore deux distances sont proposées aux coureurs. Un 82km avec le trail d'Aoreora, et un 130km avec l'UTPB. Le 82km se déroule entre le départ de la course et le CP3 à la fin de la Plage Blanche


A la base je devais retourner courir le TREG au Tchad avec Jean Philippe ALLAIRE, en février puis enchainer avec l'UTPB, mais les conditions géopolitiques ayant pris le dessus, le TREG a malheureusement dû être annulé cette année. L'UTPB est donc devenu mon seul ultra pour ce premier semestre.

Vendredi 7 juin

Départ très matinal de la maison pour aller prendre le vol Orly-Agadir de 7h00. Pas de chance, je commence par un mouvement de grève des taxis qui bloquent l'accès à l'aérogare, puis c'est le système de gestion des bagages du terminal 3 qui tombe en panne... Du coup tout le monde se retrouve déporté sur le terminal 2 ce qui provoque une jolie pagaille. Heureusement que j'anticipe toujours mes arrivées aux aéroports.


Vol sans trop de soucis (juste un peu de retard, mais ça devient la norme) et arrivée à Agadir où Cyrus nous attends à la descente de l'avion. Franchement content de le revoir depuis tout ce temps. Direction notre hôtel à Agadir où on va pouvoir se poser tranquillement toute la journée. Un déjeuner en terrasse, un début d'après-midi passé au bord de la piscine en présence de quelques coureurs déjà arrivés, puis un petit tour sur la plage et au souk vont largement occuper la journée.


Le diner sera la première occasion de regrouper une grande partie de l'équipe. Coureurs, organisateurs et bénévoles se retrouvent tous ensembles histoire de raconter les derniers exploits des un(e)s et des autres autour d'une bière ou d'un verre de vin (parfois aussi d'eau mais c'est plus rare). Impossible de faire le tour de toutes les personnes déjà croisées sur d'autres épreuves et qu'on retrouve dans ce cas-là. Cyrus, Sylvie, José, Joël, Zineb, Guy, Foued, Christine, Florence, Nicolas, Virginie, Séverine, Laurent, Marie-Georges, Philippe, Christian, Jean-Philippe, Valérie, Capucine, Frank, Pascale, Isa, Isa (encore), Paul, Claude, Patrick, Marie, Ben et tous les autres (je vais me faire étriper par celles ou ceux que j'ai probablement oubliés) ... La magie de ces épreuves.

Pour ma part la soirée ne va pas vraiment s'éterniser. Debout depuis 4h du matin, plus 2 heures de décalage horaire, je commence à piquer du nez. Il est temps d'aller retrouver la chambre que je partage avec Laurent. Un dernier coup d'oeil sur la baie d'Agadir de nuit, une bonne douche et au lit !



Samedi 8 juin

Réveil vers 7h00, le temps d'aller prendre tranquillement un bon petit déjeuner et vers 8h30 on embarque dans les 3 minibus qui doivent nous emmener jusqu'au Ksar de Tafnidilt, lieu du départ de la course. La route est simple à suivre, on reste de bout en bout sur la nationale 1 qui descend vers le Sahara Occidental, la Mauritanie puis le Senegal. Pour ma part je fais la route dans un des 4x4 avec Amaury et Marie

Quelques pauses en route dont une pour le déjeuner


Pour rejoindre le Ksar, on doit quitter la route et prendre quelques kilomètres de piste caillouteuse. Je me souviens qu'il y a deux ans un des bus avait réussi à s'ensabler alors que la piste ne compte que quelques centaines de mètres de sable. On prend la piste avec le 4x4 et on arrive au Ksar mais là surprise les bus qui étaient devant nous sur la route ne sont pas là. Visiblement ils ont loupé l'entrée de la piste et ont continué sur la route. Après quelques coups de fil ils retrouvent l'entrée de la piste mais rapidement on nous demande d'aller les rejoindre car un bus est... ensablé !


En fait il n'y a pas qu'un bus d'ensablé, il y a aussi une voiture conduite pourtant par un pilote émérite... Mais on ne dévoilera pas son identité. Ce qui se passe à l'UTPB reste à l'UTPB, même s'il semble etre plus à l'aise sur 2 roues que sur 4...


Après toutes ces péripéties, tout le monde se retrouve enfin au Ksar.


On est hébergé dans une chambre de 4 personnes avec Foued et Laurent, et Cyrus nous a demandé si on pouvait prendre avec nous un coureur qui vient pour la première fois sur l'UTPB de façon à ce qu'il ne se sente pas trop seul... Allez, ça roule. On va te le coacher ce p'tit gars, sauf que le p'tit gars en question n'est autre que Lahcen Ahnsal, 10 fois vainqueur du Marathon des Sables et de pas mal d'autres courses. Du coup j'ai l'impression que c'est surtout lui qui va nous coacher !


de gauche à droite Foued, Lahcen, Michel et Laurent


Le temps de s'installer et on a le droit au briefing. Les règles changent peu mais c'est toujours bon de les rappeler. Juste un détail, il est interdit de prendre des raccourcis entre les CP (sauf couper des virages). Dommage parce que la première année dans l'oued on s'était amusé avec Frank et Jean Philippe à se tirer la bourre en coupant certaines boucles la trace de l'oued permettant une vraie partie de jeu.


Retour aux chambres pour finaliser l'équipement pour demain matin. En parlant de ça, voici le lien vers ma FICHE EQUIPEMENT. Pas vraiment originale (surtout bien éprouvée) mais plutôt sécurisante pour moi.

Dîner copieux pour finir la journée et direction le dodo.

Dimanche 9 juin

Je me réveille un peu avant que le réveil se mette en route. J'ai bien dormi et je me sens en pleine forme. J'étale mes affaires sur le lit en me servant de ma check list pour être certain de ne rien oublier tout à l'heure et je mets tout le reste dans la valise. Pour le moment c'est surtout l'heure du petit déjeuner, le dernier vrai repas avant de passer aux plats lyo.

Retour à la chambre et il est temps de se mettre en tenue. Comme tout est prêt c'est assez rapide. Je retrouve tout le monde sur la terrasse du Ksar. Séance photo organisée par José


Un peu avant le départ, tout le monde se retrouve sous la porte du Ksar. La pression commence à monter doucement. Quelques photos de groupe, puis à 9h00, quasiment à l'heure (ça aurait été le comble que des organisateurs qui viennent de Suisse soient en retard), Cyrus lâche les fauves.


Du Départ à CP1

C'est parti pour les 25 premiers kilomètres, dont une vingtaine dans le sable (plus communément appelées les "dunettes à Cyrus"). Contrairement à la dernière fois cette année je pars en mode Marche Nordique dès le début. C'est vrai qu'il y a deux ans je m'étais bien cramé dans cette première partie et j'étais arrivé au premier CP complètement explosé. Là j'ai décidé de jouer la sécurité, l'objectif étant d'arriver le plus frais possible à CP1.

Sur cette première partie je mets le GPS en route par sécurité, mais je vais peu l'utiliser car il y a des coureurs presque tout le temps à vue et que j'ai encore en tête une bonne partie du chemin.


Le début se fait sur un sol caillouteux sans grande difficultés. Petite montée jusqu'au fort de Tafnidilt, puis on continue quelques kilomètres sur la piste jusqu'au moment où Cyrus nous fait bifurquer pour rentrer dans le sable. A ce moment-là je regarde derrière moi et il ne doit y avoir que 4 ou 5 personnes, et je vois même Paul qui fait office de serre file sur la première partie de la course. Pas d'inquiétude, je sais bien qu'en MN je perds du terrain sur les premiers kilomètres, mais la suite est tellement peu roulante que je devrais pouvoir remonter un peu de monde par la suite.

J'attaque donc le sable de façon posée et calme. Ça ne rend pas la progression plus facile, mais physiquement je ne souffre pas trop. Il faut dire aussi que la météo est en partie avec nous cette année. Pas trop chaud (environ 25°), une couverture nuageuse partielle et du vent, le tout contribuant à une impression presque de bien-être. J'ai dit presque !


Une fois le rythme pris je commence une première mini partie de pacman. Mini partie parce que je ne vais pas remonter 50 personnes non plus (surtout sur 45 concurrents) mais quand même l'idée est là. Tranquillement j'en remonte un par-ci, une par-là jusqu'au moment où, avant un grand mouvement de terrain, je remonte sur Lahcen. Oui, vous avez bien lu ! Je suis en course dans le désert et je rattrape Lahcen Anhsal. Trop la classe quand même. Bon, j'avoue, il a décidé de faire la course en mode soft, et d'accompagner des coureurs tranquillement en fonction de leurs allures, mais quand même, mentalement ça fait du bien de le rattraper


On est à ce moment-là sur un bout de plateau avec un peu moins de sable mais face à nous apparait une belle descente dans les cailloux suivie d'une immense zone de dunes montantes. D'où je suis je vois une file de coureurs qui essayent de progresser sur un cordon de dunes, dans le sable mou, alors qu'un peu sur la gauche il y a un grand vallon qui permet de faire une bonne partie de la distance sur un sol dur et qu'on avait utilisé il y a deux ans. Certes le final dans le sable est plus raide mais bien plus court. Je décide d'y descendre ce qui me permet d'avoir un bon rythme. Sur ma droite je vois au loin les coureurs qui progressent très lentement. J'attaque la partie technique. La montée est raide, le sable bien mou, mais sur une courte distance ça le fait bien. Au final quand j'arrive en haut, là où je retrouve la trace des autres coureurs j'ai encore dépassé 4 ou 5 concurrents. D'ailleurs, Cyrus qui est posté à cet endroit avec sa moto me confirme que c'était le bon choix.


Pas trop le temps de me poser, on a encore de la distance avant le CP. La suite est une alternance de zone de sable avec parfois un peu de sol plus dur. Sur la dernière section, alors que je viens de rattraper Foued et Sylvie (?), on arrive aux abords d'un petit canyon. Là la trace fait descendre dans le fond du canyon plein de sable puis remonte plus loin de l'autre côté toujours dans le sable. Encore une fois le bon sens va prendre le dessus. Je suis à ce moment-là avec Miguel, un coureur un peu plus rapide que moi, mais depuis un moment nos allures semblent converger. On regarde la trace sur son GPS mais on l'associe au terrain, chose que peu de concurrents font. Là on voit qu'on a tout intérêt à rester sur le versant du canyon où nous sommes et qui est caillouteux et de traverser le canyon le plus loin possible lorsque la trace de l'autre côté s'en éloignera. On part sur cette option qui va s'avérer payante car on rattrape encre 4 ou 5 personnes qui étaient passées de l'autre côté.


Comme toujours la fin de la section semble longue. Le vent qui souffle fort sans cesse depuis le départ augmente un peu l'effort nécessaire. Le CP se voit bien, situé en haut d'une dune, mais du coup, en plein vent.


J'y arrive au bout de 4h45 de course environ, là où j'avais prévu 4h30 initialement. Par contre cette année je ne suis pas du tout cramé, et ça, ça vaut bien les 45mn de retard sur le road book.

Je me pose en essayent de me protéger du vent (tâche quasi impossible) et je déroule mon protocole de ravito. Préparation de l'eau gazeuse, mise à réhydrater de mon encas (un crumble aux pommes) et je grignote gâteaux secs et viande des grisons en attendant. J'en profite aussi pour faire le plein des bidons.


Je prends le temps de me ravitailler tranquillement. Je laisse filer ceux qui veulent partir devant, il sera toujours temps de les retrouver plus tard. Ce n'est pas une raison pour trop trainer non plus, il y a encore 28 km à faire pour rejoindre CP2. Je pars à 14h10 après un arrêt de 25mn.

De CP1 à CP2

Sur cette section j'ai encore bien en tête le tracé qui est pratiquement le même qu'il y a deux ans. Une première moitié sur des pistes et des terrains caillouteux, mais qui ne présentent pas de grandes difficultés, et une seconde partie qui consiste à suivre un oued qui serpente entre les massifs et les dunes et donc je garde un souvenir de paysages originaux pour le coup.


Sur la première partie je ne suis jamais très loin de Foued. Nos allures sont un peu différentes mais on est toujours à vue, voire ensemble. J'ai quelques soucis avec mon GPS qui ne veut pas me positionner automatiquement sur la trace ce qui fait que je dois me positionner manuellement à chaque fois. Ne l'ayant pas utilisé pour aller à CP1 je ne m'en étais pas rendu compte mais là c'est agaçant. Je sais qu'une fois en vue de l'oued je pourrai l'éteindre puisqu'il suffira de suivre l'oued pour rejoindre CP2 et que ensuite, pour aller à CP3 ce sera tout droit pendant presque 30 bornes. Pour le départ du CP1, je fais avec, en me concentrant sur ma progression que je contrôle avec celle de Foued.

Comme prévu le tracé ne pose pas de réel problème, et surtout le fait de retrouver un sol dur après les kilomètres de sable qu'on vient d'avaler permet de se remettre à un petit rythme. Alors que je suis sur le plateau avant d'arriver sur l'oued, Joel passe avec un des 4x4 d'assistance. J'en profite pour lui expliquer mon souci de GPS. Effectivement il y a bien un comportement étrange. Par chance il en a en rechange dans le 4x4, ce qui me permet d'en récupérer un qui lui est paramétré correctement. Merci l'assistance !


Je ne vais pas l'utiliser très longtemps car j'arrive très vite en vue de l'oued qu'on aborde depuis un plateau élevé. Du haut on voit bien les courbes qu'il faudra suivre, et la piste qui descend tranquillement vers le bas en faisant un contournement par l'est. Cyrus ayant autorisé uniquement les coupes de virages, je décide de ne pas emprunter la piste et de descendre tout droit en coupant les virages de la piste. C'est d'autant plus amusant qu'il y a au moins 4 personnes qui suivent la pistes devant moi (dont Philippe et Foued) et qui prennent les virages vers l'est alors qu'une fois descendu dans le fond de l'oued il faut revenir vers l'ouest.

Je descends droit dans les cailloux. Ca passe super bien et je m'attends à voir Foued me rejoindre comme il y a deux ans vu qu'il n'est pas loin devant moi et qu'il va certainement me voir passer, mais il n'en sera rien. Arrivé tout en bas il me faut quelques minutes quand même pour accéder à l'oued car il je n'arrive pas à trouver un passage qui ne soit pas trop raide pour descendre totalement dans l'oued. Une fois que j'y suis, il n'y a plus qu'à se laisser porter par ses courbes sinueuses.


Vers la fin de la première boucle je reconnais l'endroit où nous avions coupé il y a deux ans avec Frank. Cette année je fais le tour complet de la seconde boucle, la seule qui soit entourée de verdure (la magie des oueds).

J'enchaîne la suite des boucles sans difficulté particulière, juste un peu de fatigue qui commence à apparaître. Je crois que c'est à peu près par-là que je croise un des quads d'assistance. J'en profite pour refaire le plein d'eau, même si j'ai encore ma bouteille de sécurité dans le sac. Autant ne pas prendre de risque de ce côté-là.


J'arrive à un point où avec Frank et JP on avait trouvé une jolie coupe à faire pour gagner du temps. Cette année, sur google map j'avais repéré l'entrée du passage entre deux massifs d'arbres, et ils sont bien présents sur le terrain. Mais comme on a dit qu'on ne coupait pas, je le fais pas, et puis cette année l'enjeu est moindre puisque depuis que je suis dans l'oued je suis tout seul. Personne devant et ceux que j'ai doublé dans la descente ne m'ont pas rattrapé. Donc optimiser la trace (oui couper...) sans enjeu perd cruellement de son intérêt...


Sur la suite je retrouve les points de vues que je voulais revoir, ces grandes dunes qui tombent dans l'oued , ces rochers, ces zones humides (parfois bien humides). Mes souvenirs sont vraiment restés intacts. La fin avec les dernières boucles me semble encore une fois bien longue jusqu'au moment où je commence à entendre l'océan. On est pas tout à côté mais le bruit des vagues se répercute loin.


Finalement je débarque à CP2 à 19h30, soit avec 30mn d'avance par rapport aux prévision. J'ai bien repris le retard


Là je me pose et je déroule le même protocole que tout à l'heure à la différence que je vais manger un plat chaud. Il est 19h00, et après j'attaque la plage blanche pour une bonne partie de la nuit. Donc autant faire le plein d'énergie maintenant. L'accueil d'Isa et de Ben permet une fois encore de réellement se poser. Ils sont tous aux petits soins pour nous.


Isa fait des papouilles en règles à Foued


Côté état tout va bien. Les jambes tirent un peu avec tout le sable et le vent qu'on a mangé, mais sinon, je suis plutôt frais. C'est ici que j'avais arrêté il y a deux ans complètement explosé. Donc pour le moment la gestion est bonne. Seul bémol, je suis cramé... Mais au sens propre. Habituellement vers 10-11h dès qu'il fait chaud, je mets le cheche sur la tete et les manchettes cyclistes sur les bras. Sauf qu'aujourd'hui, entre la température modérée, le vent et les nuages, je n'ai jamais eu chaud. Pas chaud certes, mais, j'ai quand même bien cramé sur les bras et la figure. Je vais être bon pour peler...

Je ne sais pas exactement combien de temps je reste au CP, je ne regarde pas la montre, mais je fais tout ce que je pense avoir besoin de faire, puis je repars quand je me sens prêt. Au moment de partir, je jette un oeil à la montre. 20h10, soit un arrêt de 40mn pour 45mn de prévu. Pas mal.

De CP2 à CP3

20h15, je m'extirpe du confort de CP2 pour attaquer enfin la fameuse Plage Blanche. Ca commence par quelques centaines de mètres sur la fin de l'oued pour rejoindre la plage puis j'arrive en front de mer avec une longue ligne droite à perdre de vue qui file devant moi.


Dès les premiers mètres ça débute avec difficulté. La marée était haute à 19h00 et commence à peine à entamer sa descente. Pas de chance, soit je suis dans le sable sec complètement mou, soit dans le sable humide encore plein d'eau et ... mou aussi. A chaque pas je m'enfonce de plusieurs cm. Si c'est comme ça pendant 30 bornes, ça va être compliqué !


Cyrus avait raison quand il nous disait "La plage blanche, vous aller adorer les premiers kilomètres et après vous allez la détester". En fait c'est dès le départ que je l'ai détestée !


Cette première section est usante physiquement pour les cuisses et va durer environ deux heures. Ce n'est qu'avec la tombée de la nuit et un retrait plus important de la mer que je vais commencer à retrouver une zone assez dure pour reprendre une allure de progression normale.


On n'est pas très nombreux sur la plage, les rares frontales se voient de loin. Pour ma part j'ai décidé de ne pas l'allumer. L'oeil s'habitue très bien à la lumière ambiante et l'absence d'obstacle permet d'avancer sans risque. Je me sers du reflet brillant que laissent les vagues sur la plage pour savoir jusqu'où je peux m'aventurer. La lune est incomplète et les passages nuageux la masque régulièrement, mais la lumière est suffisante pour progresser sans risque.
Je ne vais pas très vite et à cette allure je ne remonte personne, mais je ne me fait pas rattraper non plus, c'est toujours bon signe.


Quelques heures plus tard, un peu avant minuit, je remonte assez rapidement sur une frontale devant moi. Impossible de savoir de qui il s'agit à ce moment-là. Je continue de remonter dessus et dès que je me rapproche, je vois qu'il titube et qu'il s'affaisse. Je me dépêche de me porter à sa hauteur. C'est Miguel, le concurrent avec qui j'ai fait un petit bout de chemin ce matin. Immédiatement, il me demande d'appeler les secours et me donne son téléphone. Tentative d'appel, mais tout est en espagnol... et le réseau est quelque peu aléatoire. J'arrive à laisser un message à la direction de course mais la communication est coupée et du coup je ne sais pas s'ils ont eu les informations.

En attendant, pas question de rester ici dans le sable détrempé, d'autant qu'avec le vent qui souffle bien, c'est un truc a faire une hypothermie.

J'essaye tant bien que mal de faire reprendre conscience à Miguel car vue la carrure du bestiau, pas possible d'envisager de le porter, ni même de le tirer et comme je ne vois pas de frontale proche derrière moi, on ne va pas attendre dans l'eau que quelqu'un arrive.

Tant bien que mal il se relève, et je lui fais remonter sur la plage en direction du sable sec. Là on se pose et il s'affale. J'essaye de l'enrouler dans sa couverture de survie (du bon côté, car tout le monde sait qu'il y a un côté chaud et un côté froid sur une couverture de survie...), mais vus sa taille ca en couvre juste la moitié. Qu'à cela ne tienne, je fini de l'emballer avec ma couverture. Je m'assois juste devant lui pour couper le vent et j'essaye à nouveau de rentrer en contact avec l'organisation. Le réseau étant plus qu'aléatoire à cet endroit on décide de fonctionner par SMS. Au moins dès qu'il y a un peu de réseau le message part. Concrètement pour le moment, à part m'être assuré qu'il était conscient, l'avoir mis en PLS et protégé du froid avec les couvertures de survie, je ne vois pas vraiment ce que je peux faire de plus.

J'interpelle au passage les deux premiers coureurs qui passent sur la plage. Par sécurité je leur explique la situation en leur disant que si jamais pour une raison ou une autre l'alerte était mal passée, qu'ils préviennent PC3 de ce qu'il se passe. De toute façon on est sur la plage entre CP2 et CP3, donc entre la mer d'un côté et les dunes de l'autre ils ne pourront pas nous rater.

L'attente parait interminable (c'est souvent le cas quand on attend) et surtout assis en plein vent je me caille.

Finalement un 4x4 arrive avec l'équipe médicale et Cyrus. Miguel est tout de suite pris en charge, le 4x4 repart et j'ai a peine réalisé ce qu'il se passe que je me retrouve tout seul à reprendre ma route vers CP3. Impossible redémarrage. Déjà la dynamique n'est plus là, l'arrêt a coupé pas mal de choses mais surtout j'ai attrapé froid et j'ai des maux de ventre et en fait l'arrêt d'une heure en plein vent a déclenché pleins de douleurs un peu partout. J'essaye de faire le point. J'allume le GPS qui me dit que je suis à 12km de PC3.

Ma priorité pour le moment est d'aller là bas et de voir une fois sur place. D'une allure soutenue que j'avais avant cet incident, je suis passé à une allure d'escargot parisien comme dirait JP. Je remonte bien quelques concurrents dont Valérie et Capucine, mais même si je les dépasse j'ai vraiment l'impression de me trainer. Ces 12km sont compliqués à gérer et s'il n'y avait pas eu en cible l'arrivée du 80km au PC3 j'aurais probablement pas maintenu l'allure.

Toujours sans frontale je remonte encore quelques concurrents dont Philippe jusqu'au moment ou je vois sur ma droite la large faille qui marque l'emplacement où se situait CP3 il y a deux ans. Normalement ici je devrais traverser l'écoulement d'un oued qui termine de traverser la plage mais aujourd'hui il n'y a pas d'eau. Ca passe bien, et tant mieux.

Après la faille, on doit normalement aller chercher le CP un peu à l'intérieur des dunes. Je le vois de loin avec sa lampe qui clignote, mais en m'approchant je tombe sur Marc qui m'explique que la montée directe vers le CP a été travaillée par un bulldozer dans l'après-midi et est impraticable. Il nous conduit sur une piste qui contourne un peu mais qui reste plus simple techniquement pour rejoindre le CP.

J'arrive au CP3 à vers 3h30 du matin (de mémoire)

CP3, la fin de la course

Alors autant le CP3 sur la plage avec ses mini tentes il y a 2 ans avait été très très compliqué à gérer en raisons du nombre de personnes présentes sur le CP mais surtout à cause du fort vent sur la plage, autant là cette année on a le droit à un vrai beau et grand CP.

Je me pose dans la tente, je commence à essayer de manger, mais avec mes problèmes de ventre ca passe moyen. Les douleurs y compris celle du genou droit sont maintenant bien présentes, et la tête n'y est plus vraiment. Je décide de rester un peu là le temps de récupérer mais plus le temps passe plus les douleurs se rappellent à moi. Je prends la décision de basculer sur le 80km puisque le règlement de la course le permet, et donc d'arrêter là. Cyrus m'avait déjà dit lors de la récupération de Miguel que je que mon temps d'arrêt serait décompté du temps final, mais la tête n'y est plus non plus, et par conséquence le corps qui commence à lâcher aussi.

Petit moment de déception. Arrêter dans ces conditions c'est assez dur, d'autant que sur la plage, avant l'arrêt, j'étais vraiment bien et dans des temps totalement en phase avec ma feuille de route, mais la situation a fait qu'il n'était pas envisageable de laisser Miguel seul sur place dans ces conditions-là.

Comme il n'y a pas de rapatriement vers l'arrivée pendant la nuit pour éviter tous risques d'accidents, je vais en profiter pour aller dormir 2 heures dans une des tentes d'appoint installées autour du PC. A mon réveil, petite surprise avec un petit déjeuner partiellement local... Partiellement car le vin rouge est marocain, mais pour le reste on partage ce qu'il nous reste de charcuterie et de fromage avec ce que les bénévoles du PC ont également apporté. A 7h00 du matin, on commence fort !


Je quitte le CP un peu plus tard dans la matinée à la faveur du départ du 4x4 d'Aymeric. Le voyage dans le coffre avec Ben est un peu tape cul, mais c'était ça ou attendre la rotation suivante. On est des baroudeurs ou pas ?

Arrivée au camp de Fort Bou Jerif. A partir de là on rentre dans la phase de récupération. Un copieux petit déjeuner avec du pain cuit sur place et du vrai jus d'oranges pressées, une bonne douche pour nettoyer la machine, un passage par la piscine fraiche, très fraiche... disons froide, mais excellente pour les douleurs dans les jambes et les cuisses, un massage kiné, d'excellents repas et un peu de vin aussi, il faut l'avouer.

La journée va se dérouler au fil des arrivées des concurrents encore sur le 130km. Beaucoup ont basculé sur le 80, mais il en reste encore sur le 130. Le dernier qui va nous rejoindre à la tombée de la nuit sera Christian. En deux ans il est passé de bénévole sur le CP1 à finisher du 130km... un peu dans la douleur, mais avec de la bonne humeur !

Tout le monde est rentré à bon port. Il nous reste une journée de repos sur place avant de remonter à Agadir. Ballade du côté du fort abandonné, tour de quad et (encore) un bon repas


La soirée va commencer par l'annonce des résultats et la remise des récompenses. Je vais hériter de la 8ème place sur le 80km en 17h20.


A noter sur le 130 km la victoire de Michael Traub en 20h34 suivi de Jean-Baptiste Gay et de Nicolas Lemaire chez les hommes, et chez les femmes, la victoire de Florence Gay (la maman de Jean Baptiste...) et Chantal Mouchet en 26h56 (4èmes au général), suivies de Virginie De Neuville.

Sur le 80km, victoire d'Alban Raignier en 11h50 suivi de Christophe Rassier et de Rafael Fuchsgruber chez les hommes, et chez les femmes, victoire de Tanja Schonenborn (3ème au général) suivie de Sylvie Parvine et de Sylvie Ojeda

Va suivre ensuite après le repas, une soirée festive animée par nos amis espagnols bien sûr... en musique.


Retour sur Agadir par la même route qu'à l'aller, installation à l'hôtel, petit tour à la piscine puis en fin de journée, direction la soirée de clôture dans un restaurant du front de mer puis on se retrouve autour d'un dernier verre sur la terrasse du restaurant d'Amaury


Dernier jour sur place, les départs vont s'étaler sur toute la journée. Pour ma part ayant un avion vers 17h avec Foued et Laurent, on décide d'aller se faire un dernier déjeuner en terrasse sur le front de mer histoire de profiter encore un peu (oui au final on mange beaucoup sur l'UTPB) avant de prendre la navette qui nous ramène sur l'aéroport d'Agadir.


Voilà qui clos cette troisième édition et seconde participation en ce qui me concerne à l'UTPB. Alors autant mon arrêt il y a deux ans était prévisible autant cette année j'avais tout fait pour aller au bout. Les conditions de course en ont décidé autrement, c'est comme ça mais ça laisse un petit goût d'inachevé.

En tous cas, l'UTPB fait partie de ces courses avec une ambiance exceptionnelle. Une seule équipe, coureurs, organisateurs, et bénévoles, pas de groupe ou de clan, juste une bande d'amis qui viennent profiter d'une épreuve atypique par l'expérience qu'elle propose.

Un grand merci à Cyrus, Sylvie, José, et toute l'équipe d'organisation (si je commence à en citer certains, je vais forcément en oublier) pour cette semaine passée tous ensemble. Plein de rencontres sympathique, parfois surprenantes, surtout du côté des accompagnateurs, et un goût de reviens-y... Cyrus si tu me lis.


Côté bilan matériel et équipement, encore une fois peu de choses à changer, si ce n'est l'alimentation. J'en avais encore un petit peu trop. Pour le reste j'étais bien calé sur une configuration fiable. La seule évolution à venir sera probablement le passage du sac à dos (l'oxitis à parfaitement rempli son rôle de remplaçant de mon vieux Raidlight) à un système de gilet permettant d'emporter une belle capacité, en tous cas compatible avec des épreuves de 80-150 km qui nous a été présenté par Marc et sur lequel j'aurais l'occasion de revenir lors d'un futur test dès que j'aurais reçu mon exemplaire.


Merci d'avoir tenu jusqu'ici et rendez vous sur une prochaine course.

Michel

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