Retour courses 2006

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Le CR

Le Contexte

Le CR (page 1)

Le CR (page 2)

Au troisième temps de la valse,
Yoyo me dit " vient avec moi ",
Au troisième temps de la valse,
Y’a St Affrique qui me tend les bras,
Et l’viaduc qui bat la mesure,
le viaduc qui se dresse devant moi,
Et l’viaduc qui bat la mesure,
se dresse entre St Affrique et moi
 ".

Troisième temps de la valse et troisième changement de rythme. Là on va attaquer tout ce qui fait la particularité de Millau par rapport aux autres 100 bornes !

En quittant le parc je tombe sur Yoyo, meneur d’allure 13h00 mais qui a pris un peu d’avance pour faire une petite pause en famille quelques kilomètres plus loin. On fait donc ce petit bout de chemin ensemble, et c’est sans voir passer le temps que je dépasse le km 45, pratiquement au pied de la première côte…

Je vais également sur cette section prendre une décision… j’arrête mon chrono. En effet pour moi, à partir de là, l’important n’est pas d’être dans les temps à la minute près, mais juste de faire ce 100 bornes. Et le fait de démarrer cette seconde boucle sonne comme un petit air de victoire (prématuré vous avez dit ?)… Du coup je me contente d’un temps " approximatif " sachant qu’on est parti pratiquement à l’heure (10h00) ce matin et qu’avec juste la montre je dispose des infos suffisantes. Cela m’évitera aussi de gérer les temps intermédiaires (entre les ravitos)… et de me concentrer sur l’objectif principal… revenir à Millau.

 

Je quitte Yoyo, et je continue ma progression tranquillement. Arrivé au début de la montée, j’enclenche mon rythme de marche. C’est raide mais mon allure est bonne et je double pas mal de monde. Au loin je vois le viaduc. Je sais que le point haut de la cote est situé juste sous les le pont et que derrière une longue descente m’attend .

Je monte au rythme, sans vraie difficulté malgré quelques passages raides et j’atteins enfin le viaduc… Ouf, et d’une de passé ! Il en reste 3, ou plutôt, il n’en reste que 3.


Photo de l'organisation. En attendant de recevoir l'original

Je cherche le km 50 qui doit se trouver la haut mais rien. Pas grave je continue et j’attaque la descente. Là j’alterne de longues (enfin tout est relatif) sections de course rapide, et de courtes sections de marche pour ménager mes cuisses.

Je passe enfin le km 50 en 6h02… (alors que ma feuille de route prévoyait 5h56). Certains diront d’ailleurs que le 50ème km n’était pas au bon endroit et qu’il aurait du être placé un peu plus tôt. Beaucoup d’avance par rapport à mon objectif réel, mais on commence seulement les difficultés, alors pas d’emballement. Je continue la descente de cette façon et j’arrive enfin sur une section de plat qui me mène au ravitaillement de St Georges.

Un peu avant d’arriver je sens les jambes qui tirent mais rien de méchant. Km 55… j’entre dans la salle des fêtes où se trouve le ravito.. dehors il pleut, mais dans la salle je me retrouve au chaud. J’attrape mes gobelets de ravito, et là… le chaud, l’abris, le ravito… Des chaises et des tables qui me tendent les bras en me disant " allez vient te poser une peu "… Je suis à deux doigts de craquer quand je me dis que si jamais je pose mes fesses dans cette chaise, je suis certain de rentrer à Millau en bus… C’est parfois trop facile de ne pas repartir.

Du coup je me botte les fesses et je m’oblige à aller consommer mon ravito dehors, au frais sous l’eau, comme ça je reste dans ma logique de minimiser les arrêts aux ravitos (moins d’une minute en général) et surtout je ne prend pas le risque de me laisser aller … Second coup de pompe géré… Yesss !!! ça prouve que la tête est toujours là !

6h31… J’ai fait les 5 derniers kilomètres à 10km/h … OK ça descend mais quand même.

 

Le tronçon de 7km entre St Georges et St Rome est en fait un long faux plat montant (pour le moment mais il descendra au retour). Pas très raide, et surtout plus impressionnant sur le profil de la course qu’en réel… C’est probablement le tronçon que je vais gérer le plus mal et qui me coûtera beaucoup de temps à l’arrivée.

Le marathon a été géré proprement, les côtes ne me posent pas de vrais problèmes puisque je marche (comme prévu), que les coureurs autour de moi font de même, et dans les descentes j’ai prévu de dérouler… Mais sur ce faux plat je n’arrive pas à trouver mes marques. Je me suis mis en tête qu’il était trop raide pour que je prenne le risque de courir dedans, mais il se trouve qu’il ne l’est pas assez pour justifier une allure de marche.

Là j’ai été un peu à côté de la plaque dans ma gestion et j’ai fait ce tronçon tout à la marche, rapide certes, mais en marchant alors que j’aurai pu (ou dû) le faire au moins en Cyrano… Heureusement que sur cette section on croise les premiers qui sont sur le retour, ça nous fait un peu d’animation …


Même pour les accompagnateurs, tous les moyens
sont bons pour se protéger de la pluie

 

km 60, un petit ravito dans la salle des fêtes de St Rome avec une bonne dizaine de marches à monter… pour le moment ça va mais au retour ça risque d’être amusant. J’entendrai d’ailleurs quelques coureurs grognons pester contre l’organisation sur ce point… franchement, il n’y avait vraiment pas de quoi !

A la sortie de St Rome on attaque la montée de Tiergues… C’est un peu le juge de paix de Millau. 4 km de montée parfois raide, 6km de descente, demi-tour dans St Affrique et on recommence dans l’autre sens… C’est maintenant que ça se joue.

Pas de soucis pour grimper. je conserve un bon rythme de marche régulier mais on a l’impression qu’elle n’en fini pas cette côte. Je fais quelques tronçons avec un coureur, puis avec un autre, et ainsi de suite. Autant par moment j’aime bien être dans ma bulle, autant là j’ai l’impression d’un coup de mieux après la section de faux plat qui ne m’avait pas plu… Alors je discute !

Arrivé vers la fin de la montée on commence à prendre le vent de face. De grosses bourrasques qui arrivent à une ou deux reprise à me stopper sur place… Impressionnant ! Heureusement que la pluie s’est arrêtée à ce moment là parce que sinon ça aurait été difficile. Avant d’attaquer la descente je prend quelques points de repères pour tout à l’heure, afin de savoir où se situera pour moi la fin de la montée…

Deux virages en épingle à cheveux, une petite zone de faux plat et on se lance dans la descente… Arrêt bienvenu au ravito de Tiergues, dont les tentes sont situées juste sous le sommet et en plein vent… ils vont souffrir les bénévoles.

 

J’avais prévu de descendre à fond comme pour la première descente, mais je sens que les jambes ne répondent pas présentes. Elles commencent à se plaindre. Pour éviter d’exploser les cuisses et de risquer un retour des crampes, je vais donc descendre en Cyrano. Environ 4-500m en courant et 100m en marchant pour décontracter les cuisses… Toute la descente se fera ainsi, avec en cadeau le retour de la pluie.

J’entre enfin dans St Affrique. Il y a une petite boucle dans la ville avant de rejoindre le ravito . Là ce n’est plus de la pluie mais un vrai déluge qui nous tombe dessus. Il y a plusieurs centimètres d’eau dans les rues, et avec le vent la progression n’est pas des plus faciles. Je fais cette boucle en marchant cherchant des yeux le ravito.

J’arrive enfin dans le gymnase. Pointage, passage au ravito et là je décide pour la première fois depuis Millau de m’octroyer 4-5mn de pause. je vais m’asseoir sur un banc, je bois mon coca et mon eau, mange ma banane et un mini sandwich au jambon et je fais un point rapide.

 

D’abord je me dis que c’est gagné (je sais c’est bête mais c’est ce qui m’est venu à l’esprit à ce moment là). Depuis le début de la course, et même bien avant, je m’étais dit que si j’arrivais à St Affrique, ce serait gagné. Il ne reste plus qu’à rentrer maintenant (bon un peu plus de 28 kilomètres quand même). Mais quoi qu’il arrive, et en faisant abstraction du chrono, je ne vois pas ce qui pourrait m’empêcher désormais de devenir Centbornard.

Je sais par contre que ce sera dur. Je tape en plein dans mon manque de volume en entraînement désormais. Les 6 semaines de prépa manquante se font cruellement sentir et ça va probablement aller en empirant . Aussi je décide, encore une fois probablement à tort, de ne plus me focaliser sur l’objectif de 13h, mais de rester sur l’objectif initial qui était entre 13 et 14h. Avec le recul je pense que c’était une bêtise, mais sur le moment cela me paraissait tout à fait logique.

Ensuite je sais que probablement vers la fin de la montée je vais trouver la nuit, et surtout le vent au sommet… je ne suis pas seulement trempé mais véritablement détrempé. Aussi avant de repartir, j’enfile mon coupe vent (détrempé lui aussi) mais cela m’évitera de prendre froid une fois en haut…

Après cette petite pause je me décide à sortir de la chaude torpeur du gymnase. Il est 18h50, et il me reste 4h10 pour faire les 28 derniers kilomètres… mais là encore je ne m’accroche pas à ce chrono de 13h alors que je devrais…

 

Au dernier temps de la valse,
Je repars mais j’ai un peu froid,
Au dernier temps de la valse,
y’a deux côtes, le viaduc et y a moi,
Et Millau qui bat la mesure,
Millau qui me dit reviens vers moi,
Et Millau qui bat la mesure,
Me laissera t-elle éclater ma joie ?
 "

 

Je sors du gymnase. La pluie s’est arrêtée, mais pour combien de temps ?

Je fais à peine 100m que je suis pris d’une crise de tremblement, à la limite des convulsions. Impossible de me contrôler, j’ai les bras qui battent dans tous les sens, je suis complètement frigorifié, bref l’effet " pause au chaud " dans le gymnase me cause un contre coup terrible. C’est à un tel point que je suis obligé de m’arrêter et de m’appuyer contre un mur pour ne pas tomber.

1mn…2mn, ça ne passe pas… J’envisage sérieusement de retourner dans le gymnase. Comment repartir dans ces conditions alors que je ne me contrôle plus !

Par chance, je vais avoir un sursaut de lucidité.. D’abord il y a deux minutes je me disais que c’était gagné. Ce n’est certainement pas pour abandonner maintenant. Et puis zut, j’ai quand même déjà eu l’occasion de faire des raids dans des conditions bien plus difficiles que ça et en général ça passe ! Il suffit juste que je me remue un peu.

Je me booste et je me remet à marcher en essayant d’avoir un rythme rapide et en balançant les bras pour me réchauffer. Rapidement j’arrive au pied de la côte (Tiergues, le retour…) et au bout de quelques centaines de mètres la marche rapide me permet de retrouver une situation presque normale. Là je me dis que finalement j’ai bien fait d’insister et de ne pas baisser les bras. Mais c’est pas passé loin.

 

Maintenant, objectif le haut de la côte. Paradoxalement, la montée ne me semble pas très longue, mais même si je suis reparti d’un bon pas au début, doublant au passage les meneurs d’allure 13h, ceux ci vont me repasser dans la seconde partie de la montée, preuve d’un fléchissement involontaire de mon allure.

Je ne me concentre que sur ma montée et sur l’atteinte du ravito qui est placé quelques centaines de mètres avant le sommet. Rien ne me fera dévier de cet objectif " court terme ". Petite pause en arrivant au ravito, et la nuit étant arrivée je sors ma mini frontale (sécurité oblige) mais aussi un bâton lumineux que je me place dans le dos. Voilà, avec ça, même sur une route non éclairée, je ne prendrai pas trop de risques.

Je repart du ravito et arrive en haut de la côte, mais je ne traîne pas à cause du vent toujours aussi fort. Heureusement qu’avec la montée mon coupe vent a largement eu le temps de sécher. Avec l’arrivée de la nuit, la pluie semble avoir décidé de nous laisser tranquille.

C’est parti pour la descente. Cette fois ce sera pire que tout à l’heure. même là j’ai du mal à courir, et j’ai en plus quelques belles ampoules qui ont commencé à se faire sentir. Heureusement que j’ai appris gérer ce type de douleur…

J’alterne course et marche sur des sections très courtes, et ça passe quand même jusqu’au ravitaillement de St Rome. Là, la volée de marches à monter devient un peu plus difficile… et je ne parle pas de la descente pour repartir.

1mn de ravito (comme toujours) et c’est reparti pour le long faux plat que je vais encore très mal gérer. La faible pente aurait dû être idéale pour trottiner en descente, mais mon état (et mon moral) ne me permettent pas de relancer la machine. Je me lance alors dans un rythme de marche assez rapide (enfin je crois) et je me retrouve en compagnie d’un autre coureur/marcheur avec qui je vais faire les kilomètres suivants. On se perd de vue au ravito du pont de Dourdou où je m’arrête pour prendre ma boisson alors que lui continue avec ses accompagnateurs sans s’arrêter. Je repars et même si je suis seul, et que mon rythme de marche a un peu fléchis, je rattrape ce concurrent un peu avant d’entrer dans St Georges, comme quoi, seul lui aussi, il a ralenti plus que moi.

 

Passage dans le gymnase qui a failli me voir arrêter tout à l’heure. Là je fais une petite pause assis cette fois-ci le temps de me ravitailler. Il me reste une douzaine de km, alors je peux bien me le permettre…et pas de risques d’avoir envie d’arrêter là !

Bon c’est pas tout mais j’ai encore une côte à monter moi ! Je sors de la salle des fêtes, et j’ai à nouveau froid… (ne pas s’arrêter au chaud, ne pas s’arrêter au chaud…) même pas grave j’ai passe l’écueil tout à l’heure alors maintenant… je rigole !

C’est reparti. Traversée de St Georges puis me voilà à l’assaut de la dernière montée. Je l’ai descendu vite tout à l’heure mais la montée me semble maintenant bien longue, d’autant que je ne vois même pas le viaduc (qui devrait être éclairé) … mais il est où ce p….. de viaduc ?

Je passe le 90ème km et je jette un coup d’œil à ma montre (chose que je n’avais pas fait depuis St Affrique). Il est 22h02… J’en suis à 12h de course. Là encore la fatigue fait son œuvre. Je ne percute pas sur ce temps. Mon objectif de 13h n’est finalement pas aussi éloigné que ça (1h pour les 10 derniers kilomètres), mais je suis toujours dans mon idée de rentrer " entre " 13 et 14h. Je pense qu’avec un peu de lucidité j’aurais probablement géré ces 10 derniers kilomètres différemment, mais celle-ci m’a manqué.

Je continue donc cette interminable dernière montée… jusqu’au moment où je vois enfin le viaduc. Mais qu’il me semble bien loin encore ! Alors je me concentre sur ses piliers éclairés… Je sais que j’y arriverai, et je sais qu’une fois en haut, il me restera juste à plonger sur Millau…

Sur la seconde moitié de la montée je sens que mon allure s’est encore réduite (pour autant qu’il reste quelque chose à réduire) mais rien ne me fera arrêter. En fait depuis le départ je ne me suis jamais arrêté en dehors des ravitaillements (nombreux il est vrai) alors c’est pas maintenant… Quoi que ! En arrivant en haut je vais faire une petite entorse à cette pratique. Pratiquement à la verticale du viaduc, je me pose une petite minute. Juste pour récupérer, mais aussi pour savourer.

La descente se présente difficile. Quelques passages raides risquent d’achever mes cuisses désormais en bois. j’y vais super tranquille. Une peu de course, de la marche, un peu de course et re-de la marche.

Je passe le centre commercial que j’avais repéré au départ et qui indique la fin de la partie raide. S’en suit un bout de route que j’avais mal perçu à l’aller (j’étais trop frais pour y faire attention). Une pose au dernier ravitaillement sur lequel, en plus de ma collation rituelle depuis le début de ce 100km, je m’offre un petit verre de bière (juste par envie.)

Allez plus que 4km. J’ai un peu de mal a me repérer étant donné que j’ai fait cette section avec Yoyo à l’aller et en discutant je n’avais pas fais attention au paysage… Les kilomètres 96 à 99 vont me paraître interminables, et j’attends avec impatience le km 99 que je sais être placé au bout de l’avenue qui va sur l’arrivée. Autant dire que quand je le passe, le plaisir arrive. Dernier kilomètre ! Ca sonne bien. Encore 800m, puis 500, puis je vois l’entrée du parc des victoires, je rentre, je remonte l’allée sous les encouragement des supporters malgré l’heure tardive, je monte la rampe d’entrée du gymnase (ça ne fait que monter en fait) , et j’entre enfin à l’intérieur. Je passe la borne 100km, une photo, un passage sur l’estrade , remise des lots et du diplôme personnalisé…


Photo de l'organisation. En attendant de recevoir l'original

 

C’est fait je suis Centbornard

 J’ai atteint tous les objectifs que je m’étais fixé, même si côté chrono j’aurais préféré être plus près des 13 h, mais bon je suis dans ma fourchette prévue alors pourquoi bouder son plaisir ?

La pression qui retombe, la chaleur dans le gymnase, la fatigue, tout ça a tendance à me donner un petit coup de mou. Malgré les inquiétudes de Patricia qui se propose d’aller me chercher quelque ravitaillement, je me pousse un peu à me bouger. Boisson, un peu de solide, et quelques minutes après ça va un peu mieux. Je vais récupérer mon sac au vestiaire et après quelques échanges avec les coureurs présents, je décide de rentrer à l’hôtel pour prendre une bonne douche et me mettre au lit.

Après une bonne nuit de presque 10 heures, je pars en compagnie de Guy retrouver les membres de différents forums qui, à l’initiative de la Marmotte et sous la bannière du forum ADDM de Bruno Heubi ont organisé un barbecue géant pour fêter tout ça.

Retrouvailles plus que conviviales où se côtoient ADDM, CLM, UFO ainsi que de coureurs issus d’autres d’horizons. Là aussi se côtoient les coureurs en 8h, 9h, 12h, 14h et plus sans arrière pensée. Se côtoient également ceux qui ont franchi la ligne et ceux que les difficultés ont parfois dû obligé à renoncer. Mais on sais tous que sur ce genre d’épreuve la forme seule ne suffit pas pour réussir. il y a tant de paramètres à gérer.

Tout ce petit monde se retrouve donc autour d’un buffet allègrement arrosé à grand renforts de vins de provenances variés et de fûts de bière !

Côté repas, on aurait pu prendre en charge un ravito complet pour tous les coureurs tellement il y en avait. Bref c’est aussi pour des moments comme ça qu’on est content de se retrouver ensemble.

 

 

 

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