Retour courses 2015

Présentation course

Le dossier complet

 

Comment bien gérer les étapes ?

Faut-il courir seul ?

Une question qu'on se pose souvent est de savoir si on doit courir seul, à deux ou en petits groupes sur ce type d'épreuves.

Une réponse assez naturelle tendrai à aller vers une course en petit groupe, ne serait-ce que pour pouvoir compter sur un effet d'entraide en cas de coup dur.

Ca peut fonctionner mais tout va dépendre des personnes avec qui vous allez courir.

Si vous vous retrouvez avec 3 ou 4 autres coureurs, il y a fort à penser que si au CP suivant vous vous arrêtez un peu plus longtemps, ils repartiront sans vous attendre... Après tout, on est en course, et à partir du moment où il n'y a pas de danger particulier, la course reprend ses droits.

Par contre si vous courez avec des copains ou en équipe, là l'effet d'assistance peut effectivement jouer un rôle important à partir du moment où les choses étaient claires dès le départ... On part ensemble, on court ensemble, et on arrive ensemble.

Faut-il pour autant s'imposer de courir avec quelqu'un ?

Il n'y a probablement pas de bonne ni de mauvaise réponse. Ce type de choix reste quelque chose de très personnel.

Pour ma part j'ai toujours eu énormément de plaisir à courir seul dans le désert. C'est une situation que j'ai parfois provoquée par choix, mais il arrive aussi qu'on se retrouve seul de par le contexte de la course.

Même si cela risque de se présenter assez peu sur le Marathon des sables avec plus de 1300 coureurs, sur certaines épreuves longues, quand on est 25 ou 30 au départ, il est clair qu'on peut très rapidement se retrouver seul.

De mon côté, je me souviens que sur la Mauritanienne Race, lors de la tombée de la première nuit, j'avais volontairement laissé filé 2 coureurs pour me retrouver seul... J'avais envie de faire la nuit, seul, sans bruit, sans lumière autre que celle de la pleine lune, à plusieurs centaines de kilomètres de la civilisation. C'était juste magique.

Par contre, il y a des bouts de route où l'accompagnement devient naturel. Toujours en Mauritanie, à la sortie du CP7 (km 140), j'ai retrouvé un compagnon de route avec qui je suis allé jusqu'au CP8 (km 160). On a fait ces 20 km ensemble de façon très naturelle, sans avoir prémédité quoi que ce soit. Au CP suivant nos stratégies d'arrêts étant différentes on a repris notre chemin chacun de notre côté.

Même chose sur les 20 derniers kilomètres. Je retrouve Sonia quelques kilomètres après le CP9 (km 180) et on va finir la course (et passer la ligne d'arrivée) ensemble. Là encore c'est la course qui a provoqué ce tronçon fait en communs.

Sur la Trans 333 je suis parti pour faire la course seul, par envie et aussi parce que sur ces épreuves non stop j'ai besoin d'être dans ma bulle. J'ai fait une dizaine de kilomètres avec deux concurrents sur un passage que j'avais trouvé difficile deux ans plus tôt. Nos allures étaient trop différentes et j'ai du les laisser filer au bout d'une dizaine de kilomètres. Ils m'ont bien aidé sur le passage technique, mais je me suis mis dans le rouge à vouloir les suivre à tout prix !

Pour le Marathon des sables l'état d'esprit avec lequel j'aborde ce point est un peu différent.

Je n'envisage pas de "préméditer" une course à deux ou à plusieurs. Pour aller au bout de ce genre de défi, je dois pouvoir progresser à mon allure du moment. Maintenant si cette allure est compatible avec une course à plusieurs, pourquoi pas. Vu le nombre de participants et la distance plutôt courte des étapes, il y a des chances pour que cela se produise.

Reste l'étape longue. Certains recommandent de ne pas faire la partie de nuit seul. Personnellement, je n'ai aucune appréhension à me retrouver seul et à faire ma trace sur ce genre de section. Au contraire ! Donc là encore ce seront les conditions de course qui décideront.

Et l'aventure humaine dans tout ça ?

La particularité du Marathon des Sables est d'être une course à étape, et donc, même si on ne coure pas avec les membres de son équipe, on se retrouve toutes et tous le soir au bivouac. Du coup, le phénomène de solitude devient plus relatif et ne se limitera donc qu'à la période de course.

C'est beaucoup au bivouac que se joue la part d'aventure humaine. Elle peut, bien sur, se renforcer par ce qui pourra se vivre pendant la course.

Est-il préférable de marcher ou de courir ?

Quelle est la proportion de marche et de course sur une épreuve comme le Marathon des Sables ?

Plusieurs paramètres sont à prendre en compte :
- Le classement visé ! On ne va pas progresser de la même façon suivant qu'on vise le top100 ou qu'on se fixe comme objectif de terminer la course.
- L'entrainement. Courir 240km dans le désert, ça ne s'improvise pas
- Les conditions de course. Une montée dans le djebel à 14h00 et une section plate à 9h00 ne se gèrent pas de la même façon
- L'enchaînement des journées. On est plus frais le premier jour que le 5ème.

Il est clair que sur les ultras en général, on rencontre un nombre de marcheurs assez important. Que ce soit en raison du dénivelé, de la chaleur ou tout simplement de la fatigue, la proportion de purs coureurs reste très faible en général.

A partir de là, et, dans le cas du Marathon des Sables, si on exclut les extrêmes (disons le top 50 à l'avant et à l'arrière du peloton) on sera tous amené à marcher à un moment ou à un autre.

C'est vrai que la marche permet de revenir dans une zone de confort physique. Pour celles ou ceux dont l'objectif n'est que de terminer la course, la largeur des barrières horaires leur permet d'envisager sereinement ce mode de progression (ce qui n'est pas le cas sur tous les ultras). La difficulté est que lorsqu'on a touché à ce confort, il est parfois difficile de relancer la machine pour courir à nouveau.

Faut il courir tant qu'on peut et marcher ensuite ? Faut il alterner marche et course sur un timing pré-défini dès le début de l'épreuve ?

A mon sens (et vu mon niveau) je vais privilégier des sections de marche assez tôt probablement; mais à la différence de ce qu'on peut faire sur un 100 bornes ou un 24 heures en rythmant cette alternance (par exemple 1mn de marche pour 9mn de course), c'est la nature du terrain et les conditions météos qui vont décider de cela.

Il ne faut pas oublier également que si la marche est plus confortable pendant l'épreuve, elle va obliger à passer plus de temps en course, généralement dans la période de chaleur, et du coup on a moins de temps au bivouac pour récupérer.

Il y a donc un équilibre propre à chacun à trouver.

Le classement visé

Clairement la stratégie de répartition marche/course ne sera pas la même suivant l'objectif que vous vous êtes assignés.

Si vous visez un top 100 (ou top 50 ou top 200...) il va vous falloir courir un maximum à chaque fois que le terrain le permet. Pas forcément très vite, mais souvent (enfin quand même pour le top 50 il faudra courir vite et longtemps). Plus vous allez vous rapprocher du Top, plus il vous faudra déployer des capacités proche de celles de la gazelle.

Dans ce cadre là, vous êtes un compétiteur pur et dur, et biens sur vous êtes là pour courir. Point barre ! Du coup vous allez limiter au maximum les sections de marche.

Si vous êtes dans cette catégorie, bien sûr, la suite de ce billet ne vous concerne que de très très loin.

L'entrainement

Suivant le type et le volume de préparation vous serez forcément plus ou moins en mesure de courir longtemps. Ca semble évident mais ça va toujours mieux en le disant.

Au delà d'un entrainement permettant à courir longtemps, il faut aussi travailler la capacité à récupérer rapidement.

L'utilisation du sommeil flash par exemple sur la longue peut éviter de devoir s'arrêter une heure ou deux pour dormir. Faire du fractionné et des côtes favorisera le renforcement musculaire au niveau des cuisses et vous permettra peut-être de repartir plus facilement et de moins marcher après avoir monté un djebel.

Bref l'endurance seule n'est pas suffisante pour se préparer au MDS

Les conditions

Le Marathon des Sables se fait en partie dans ... le sable. En fait ce n'est pas la plus grande partie du tracé qui est couvert de dunes, mais il y en a quand même pas mal. Il est clair que lorsqu'on est dans des dunes sans portance (suivant les dunes certaines sont très stables et permettent de courir et dans d'autres on s'enlise jusqu'au mollet) il est souvent préférable de marcher ne serait-ce que pour s'économiser.

Même chose dans la montée des djebels. Difficile de courir dans les côtes au risque d'y laisser des plumes rapidement. Mieux vaut y aller tranquillement et garder du jus pour pouvoir repartir le plus rapidement possible une fois en haut.

Il y a bien sur aussi la chaleur. Un départ le matin à 9h00 permet de faire au moins 2 heures dans des conditions correctes. Mais passé 12 ou 13h on rentre dans la période chaude, et là il faut pouvoir la gérer. Je me souviens que sur la 333, avec des températures supérieures à 45° il n'était pas envisageable de courir entre 12h et 15h...

Le problème est un peu différent sur le Marathon des sables de part la présence des étapes et de la récupération possible au bivouac, mais cela veut dire que si on met 6 ou 7 heures sur une étape, celle-ci va se courir de 9h00 à 16h00 et qu'on aura la grosse chaleur sur la seconde moitié de l'étape.

La longue

Sur le marathon des Sables, s'il y a une étape qui focalise l'attention, c'est la 4ème, à savoir l'étape longue.

C'est une étape qui fait généralement entre 75 et 90 km dont le départ est donné pour la majorité des coureurs à 9h du matin, seuls les meilleurs au classement général ayant le droit de dormir quelques heures de plus avec un départ à 12h00 (ce qui ne les empêchera pas de nous rattraper quand même)

Il faut savoir qu’à partir de 20h, il fait nuit (pas vraiment noire car on sera juste après la pleine lune, et si le ciel est dégagé, dans le désert, ça éclaire bien) et que du coup la température chute assez brutalement. Reste à savoir jusqu'à quel point elle va descendre. Ca peut varier suivant les années, mais il n'est pas exceptionnel de descendre sous les 10°. Il faut donc prévoir de s’habiller un peu plus chaudement sachant qu'en général, pour des coureurs de notre niveau il nous restera entre 5 et 10 heures de course avant d'arriver au bivouac.

Si toutes les autres étapes présentent une distance qui n'est pas forcément une découverte pour les participants (environ 40km donc proche d'un marathon), à une époque il y avait un certain nombre de coureurs qui n'avaient jamais été au delà et pour qui cette étape était une sorte de juge de paix.

Le développement, ces dernières années, des trails longs et des courses d'ultra font que les participants sont de plus en plus rôdés aux courses de 80km, ou au moins, ils l'appréhendent souvent un peu mieux que par le passé.

Cependant, il faut la replacer dans son contexte. Le matin du départ, on a déjà 4 nuits sous la tente (avec un sommeil probablement de moins bonne qualité que d'habitude), et aussi 3 étapes, soit entre 100 et 120km, sans oublier les petits tracas et les bobos qui vont avec. Du coup, sans chercher à dramatiser la situation, il ne faut pas non plus banaliser totalement cette étape. 80km, ca reste 80km, et dans le désert, cela ,impose de produire un effort conséquent effort qui va probablement durer une bonne vingtaine d'heures à mon modeste niveau, mais qui peut être encore plus longue si on ne prend pas quelques précautions.

Le départ à 9h00 va permettre de profiter d'une à deux heures de conditions de course agréables. Il ne fait pas encore trop chaud et il faut en profiter, mais attention à ne pas se griller.

Après on rentre dans une phase de course qu'on commence à connaitre car on la gère depuis déjà 3 jours. L'après midi en plein soleil, la période où il faut gérer pour continuer. Sauf qu'aujourd'hui il y a un point nouveau à prendre en compte, le ravitaillement.

Autant les jours précédents on pouvait limiter le ravitaillement solide pendant la course sachant qu'en arrivant au bivouac on allait pouvoir se faire un plat consistant, autant là, sur 20 ou 30 heures, il n'est pas question de faire l'impasse. La stratégie de ravitaillement va donc devoir être adaptée en conséquence. A partir de ce moment là, la durée de course va jouer un rôle primordial dans votre stratégie.

Si vous avez prévu de faire la course en 15 heures, une pause repas rapide devrait être suffisante en complément de votre ravitaillement de course habituel... Mais pour boucler l'étape en 15h00 il faut déjà pas mal avancer.

A l'autre extrémité, si vous envisagez de finir dans les 30 heures, vous pouvez d'entrée de jeu prévoir deux pauses repas. Une en fin de journée vers 19h, ce qui fait 10 heures de course. Il peut être intéressant de faire ça juste avant la tombée de la nuit pour des raisons pratiques. La seconde après environ 20h de course, soit à peu près au lever du jour, toujours pour des raisons pratiques.

Reste le cas intermédiaire. Si vous comptez mettre entre 15 et 25 heures, faut-il faire une ou deux pauses ? Difficile d'établir une règle stricte. Personnellement, je mange assez peu pendant les épreuves. Comme je vise la fourchette basse (environ 20 heures) je vais probablement partir avec une seule pause repas pour le diner, puis attendre l'arrivée au bivouac pour compléter mon alimentation, sachant que j'aurais une journée complète de récupération ensuite.

Pour ces pauses repas, il faut aussi prendre en compte l'aspect préparation des plats lyo. Si on décide de profiter de ces pauses repas pour faire une étape de récupération, on peut envisager de faire chauffer de l'eau et de se faire un plat "classique" chaud. Par contre si on veut optimiser la progression, on va essayer de minimiser le temps de pause et du coup, il peut être intéressant de prévoir un plat froid de façon à ne pas se lancer dans une opération de chauffage de l'eau.

C'est un peu dans cette direction là que je vais probablement m'orienter. Un bon petit déjeuner, puis un départ à 9h00, un minimum de grignotage pendant la journée, une pause rapide vers 19h00 pour m'alimenter en solide froid, puis j'enchaîne au plus vite avec la nuit pour essayer d'arriver au bivouac tôt dans la nuit (20 heures de course me feraient arriver à 5h00 du matin). A l'arrivée au bivouac une collation rapide histoire de ne pas dormir l'estomac vide, et ensuite on reprend le rythme le lendemain avec la journée de récupération et ses repas prévus.

Mémo tenue :

L'important est de voir comment coupler ces éléments avec ceux de la course de jour et ceux de la tenue de bivouac.

Pour la tête plusieurs options (frileux ou pas) :
• Le buff façon bonnet
ou
• Le petit bonnet
ou
• La cagoule de moto en soie

Pour le haut du corps :
• Micro polaire seule (un peu juste si les températures sont basses)
ou
• Micro polaire + blouson Tyvek (intéressant en cas de vent)
ou
• Micro polaire + coupe-vent léger (uniquement si plus léger que le Tyvek)
et
• Paire de gants en soie

Pour le bas du corps
• Corsair + manchons de compression
ou
• Collant seul (chaud)
ou
• Collant + pantalon Tyvek (intéressant en cas de vent)

Le sommeil en course

Je vais profiter de ce billet pour répondre à une question qui m'a été posée plusieurs fois concernant le sommeil : Est-il nécessaire de s'arrêter pour dormir sur la longue ?

Avant de répondre de façon précise à cette question je voudrais revenir sur la gestion du sommeil sur les courses d'ultra d'un point de vue général

Du point de vue du sommeil peut catégoriser les épreuves en 3 groupes :
- les courses jusqu'à 24 heures.
- les courses entre 24 et 48 heures.
- Les courses au dela de 48 heures.

Les courses jusqu'à 24 heures

Sur une épreuve non stop qui dure jusqu'à 24 heures, il n'y a pas de raison fondamentale de s'arrêter pour dormir. L'organisme est tout à fait capable de s'adapter. Il faut juste s'habituer à gérer les petits "coups de pompes" qui ne manqueront pas d'arriver sur un cycle complet.

La situation est un peu différente suivant l'heure de départ de la course, car en général ces épreuves démarrent souvent le samedi matin pour s'arrêter le dimanche matin, ce qui fait que la nuit arrive après 8 à 12 heures d'effort, ce qui est un peu plus difficile à gérer qu'une course qui commencerait en soirée et pour laquelle on franchirait la nuit dès les premières heures.

Reste ensuite la capacité de chacun à résister à l'appel du matelas ou du lit de camp, surtout quand, comme sur les 24 heures sur circuit, on repasse au stand à chaque tour (souvent de l'ordre du kilomètre) !

Les courses entre 24 et 48 heures

C'est probablement la durée de course la plus compliquée à gérer. Sur cette durée on peut se laisser aller à penser qu'il faut prévoir une phase de sommeil, mais dans la pratique ce n'est pas systématique. Déjà entre une course de 30 heures et une course de 42 heures la gestion ne sera probablement pas la même, mais surtout on est vraiment sur une durée charnière qui va fortement dépendre des capacités et de l'expérience de chaque personne sur le sujet.

Pour ma part, j'ai découvert que j'étais en mesure de tenir les 48 heures sans dormir. Cela ne se fait pas sans gros coups de mou, mais globalement, ma vitesse de base n'étant pas très rapide à l'origine, finalement la baisse d'allure est assez limité.

J'ai fait cette découverte sur la Mauritanienne race , un 200km non stop où j'avais prévu de dormir 3 heures vers le kilomètre 120, mais une fois au CP mes coups de barres étaient passés (et les suivants pas encore arrivés) et les conditions logistiques au PC font que je n'ai pas pu dormir. Du coup j'ai perdu pas mal de temps au PC pour finalement repartir. Je ne me suis pas arrêté dormir avant l'arrivée, même si la seconde nuit a été parfois laborieuse.

Les courses de plus de 48 heures

Là, je ne me pose pas la question, il faut intégrer des pahses de sommeil.

Je fonctionne désormais avec un mix de sommeil planifié complété par des micros sommeils au moment où ils sont nécessaires. L'idée est dans ce cas d'intégrer des pahses de sommeils dès la première tranche de 24 heures

Si je prends l'exemple de la Trans 333 (350km non stop dans le désert du sud Maroc) mon plan de route prévoyait une pause sommeil à la fin de chaque cycle de 24 heures + des sommeils flash sur la piste.

J'avais donc prévu de faire 5 CP le premier jour, 4 CP le second jour, 4 CP le 3ème jour et le reste le 4ème jour. En partant le jour 1 à 8h00 du matin, je me suis fixé d'aller au CP 5 sans dormir, puis de de me reposer de façon à être reparti du PC avant 8h00 le lendemain matin.

Dans la pratique, je suis arrivé vers 5h00 du matin au PC5, je me suis ravitaillé, couché puis je me suis réveillé au bout de 1h15 de sommeil. Le temps de remettre de l'ordre dans mon sac, et j'étais reparti avant le lever du jour.

Le jour 2, j'ai eu un coup de barre terrible vers 19h00. Là j'ai fait un sommeil flash de 15mn dans le sable sur le bord de la piste, ce qui m'a redonné assez d'énergie pour repartir et aller au CP9 où je suis arrivé vers 3h00 du matin. 2h30 de sommeil cette fois et départ au lever du jour.

Jour 3, alors que je comptais aller jusqu'au CP 13, les conditions font que je vais faire ma pause au CP 12 où je suis arrivé vers 23h00.Je vais cette fois dormir 1h45 avant de repartir.

Jour 4, alors que j'avais prévu initialement encore une nuit dehors, l'avance prise sur ma progression fait que je vais passer la ligne d'arrivée vers 22h30, ce qui me permettra de dormir dans un vrai lit.

Au final sur 86h30 de course je n'aurais dormi que 1h15 + 0h15 + 2h30 + 1h45 soit 5h45. A cela il faut bien sur ajouter les nombreuses pauses, à chaque CP pour me ravitailler, mais aussi parfois en plein désert au plus fort de la journée, mais sans dormir.

Bref, je me rends compte que c'est justement sur cette capacité à continuer d'avancer avec peu de sommeil que je dois une partie de mon résultat.

Et le marathon des sables dans tout ça ?

Et bien pour le Marathon des Sables, on peut séparer les étapes classiques et la longue.

Pour toutes les étapes classiques, la durée de course ne justifie pas de prise de sommeil. Par contre, la phase de récupération au bivouac sera très importante.

Là encore la réponse va dépendre à la fois de votre allure et de votre capacité à gérer le manque de sommeil. Beaucoup de gens s'arrêtent pour dormir une heure ou deux sur un CP dans la nuit. Les barrières horaires le permettent. La vraie question est de savoir si c'est efficace ou pas. Certains dorment 2 heures et repartent en pleine forme. D'autres ne gagnent pas grand chose, hors rattraper ces deux heures de pause ensuite pendant la course n'est pas quelque chose d'évident.

Pour ma part je sais que sur une durée de 20 heures je n'ai pas besoin de m'arrêter pour dormir. Cela ne signifie pas que je n'aurais pas de coup de mou, mais que la pause ne s'impose pas. Du coup je ne prévois pas de m'arrêter dormir. Les pauses se feront probablement aux CP en raison des conditions logistiques qui y sont proposées (principalement la possibilité de se mettre un peu à l'ombre) quand à la pause repas, ce sera probablement aussi sur un CP suivant là où j'en serai au moment de la tombée de la nuit.

Quoi qu'il en soit, et quelle que soit votre stratégie, ce qui compte c'est d'en avoir défini une et de vous y tenir. Sans stratégie, on a vite tendance à se laisser aller et à dériver par rapport au temps. Imposez-vous des durées maximum d'arrêt. Celles-ci doivent être raisonnables pour ne pas avoir à stresser, mais elles doivent être respectées, faute de quoi vous allez vite aller vous couhcer et dormir 4 heures tellement vous serez bien.

Il est important, quoi qu'il arrive de ne pas vous mettre dans une situation de confort. Le sac de couchage et le matelas restent attachés au sac. On est en course, pas au bivouac. Si vous sortez le duvet à 2h00 du matin, vous serez tellement bien au chaud dedans que vous risquez de faire trainer le moment de la sortie.

Une fois que vous aurez pris en compte ces paramètres, et que le passage des CP s'enchaînera, il ne vous restera qu'à suivre le rayon vert du lazer qui vous indiquera l'arrivée pour aller y chercher quelques heures de repos bien méritées !

Vous l'aurez donc compris, pour moi, sur la longue, il ne faut pas faire de pause pour dormir. La distance et la durée de l'épreuve ne l'imposent pas, le fait de s'arrêter apporte une réelle difficulté pour redémarrer une fois que le corps s'est refroidimais aussi, le fait que le chrono continue de tourner. Si vous vous arrêtez 2 ou 3 heures pour dormir, il est peu probable que vous puissiez les regagner en temps de course, d'autant qu'il y a ensuite une journée complète de récupération qui vous attends.

N'oubliez pas que la longue fait la même distance que l'Ecotrail de Paris. Est-ce que vous vous imaginez une seule seconde vous arrêter pour dormir sur l'Ecotrail ?

L'enchainement des étapes

Plutôt que de rédiger quelque chose là dessus je me suis dit que rien ne valait le vécu... Et quand c'est vécu par Philippe, on s'y projette vraiment !

"Déjà le 1er jour t'arrives de Paris, tu te prends 30°C dans le C.L et on te dit Y'allah! Y'allah!
Tout le monde dehors à 06h30. Sac à dos à donf chargé à 8Kg + 2 litres d'eau, et on te dit Y'allah! Y'allah!
Qu'est ce que tu fais toi, tu fonces? Bah moi j'ai pas foncé, même si l'hélico nous excitait et nous narguait à 10 pieds au dessus de nos têtes, le caméraman assis sur les skis, Patrick Baueur nous haranguant en nous disant Y'allah! Y'allah!... Moi j'ai toujours pas foncé. J'ai regardé derrière moi en criant "Maman" et on m'a poussé...

Le deuxième jour, t'es déjà à 2 nuits sous la tente, déja tu te peigne plus tu te brosses à peine les dents le matin, ton sac est toujours chargé à 9 Kgs avec l'eau et on te dit Y'allah! Y'allah!
La ligne de départ parce qu'on te pousse, l'hélico qui t'excite à 10 pieds au dessus de toi, le caméraman assis sur les Ski, Patrick Baueur et sa musique assourdissante d'ACDC qui te dit "vous êtes formidables !" bon s'il le dit, c'est que... ...Alors tu commences par trottiner, pour lui faire plaisir, mais tu te dis putain j'ai 35 Km à faire et il fait déja 30°C et d'après le road book dans 4 heures j'aurai un djebel à 25% à monter, alors qu'il aille se faire f...re avec ses Y'allah! Y'allah! "vous êtes formidables". Moi je la fait en mode treck et "matage" de nana à 5Km/h.

3ème étape. Réveil 06h30. Déja tu te brosses plus les dents, les cheveux on s'en fout y'a la casquette, tu fais le plein des gourdes, ton sac a perdu 2 Kgs, mais Baueur lui il a rajouté 5Km de plus par rapport à la veille et tu vas devoir faire 37 Km sous le cagnard. La ligne de départ, ACDC pour t'exciter, tu repère la fille que tu vas suivre sur l'étape, t'en fais pas généralement c'est la même que la veille, l'hélico en traveling à 10 pieds au dessus de toi, le caméraman sur les Ski Y'allah! Y'allah! "Poussez pas, poussez pas, y'a pas le feu". Bon tu te sens mieux, les pierres, les chaps minés de pierres, les ornières, les lignes droites de 10 Km sous le cagnard, tu commences à connaitre, tu assimiles bien tes boissons énergétiques, tu commences à connaitre toutes les contrôleuses de chaque CP tu te sens mieux, et là t'as 1 mec comme Steph' qui te dit "Phil', soit sérieux, n'attaque pas avant la longue". Et là même si une américaine ou une espagnole passe devant toi(les japonaises on les voit pas elles sont toutes recouvertes de draps de couettes et de tissus à cause du soleil) tu vois, tu ne la suis pas tu reste calme et tu trottines à 6 Km/h. Tu alternes marche et course rien de plus.

Arrive Mercredi "La Longue". Réveil 06h00. Eh oui 30' de sommeil en moins, breffing de Baueur, "il va faire chaud, prenez vos pastilles de sel, faut passer le 4ème CP 51 Km avant 19h00 sinon, Oust ! Dégage et va voir ta mère". Alors là t'avales ta salive avec la pastille de sel que t'auras croqué avant, la musique d'ACDC tu la connais comme "douce France", l'Hélico, on te pousse, il n'y a aucun bruit bizarrement. Les cadors, de toute façon ils sont pas là, ils partiront 4 heures après la meute (on t'expliquera) alors là, tu marches. l'hélico a beau t'exciter à te raser, tu marches. T'es pas fier, et tu n'as qu'une seule idée en tête, passer chaque CP comme notion d'unité. Tu te retrouves à 16h00 sous le cagnard, et là, les Cadors te doublent. Ils te rattrapent, alors tu peux toujours essayer de courir un peu avec eux, mais tu ne fais pas de zèle. Tu mets 1 pied devant l'autre à l'allure promenade en forêt. La nuit arrive (tu marches depuis le matin 8h00 je te dis). Les controleuses et les docs te regardent dans les yeux remarque t'es pas mécontent qu'une controleuse te regarde dans les yeux. Tu mets le baton fluorescent dans l'arrière de ton sac. Il y a de temps à autre des fusée de détresse qui se déclenchent signe d'abandon ou de renoncement c'est la traversée de la bérézina, des steps oriental, tu marches, tu dis rien, tu marches, jusqu'au CP 05. Là t'en peu plus. Tu bouffes, tu prends des forces, du café, un sachet de riz au lait, tu dors tout habillé sous une tente. Une chance je n'ai pas sorti de duvet ni de vêtement chaud j'ai juste retiré mes pompes, et 1 h après le froid m'a réveillé. j'ai enfilé ma polaire, mon sac à dos, mes pompes, et j'ai foncé. Il fait frais, t'es nase, mais tu peux appuyer, t'es tout seul tout seul dans les dunes et tu suis le laser vert qui t'annonce le bivouac. Le soleil se lève dans les dunes, il fait frais, au loin y'a 1 ou 2 coureurs pas plus. CP06 pose, Baueur et son 4X4 joue au cerf volant, qu'est ce qu'il fout ce con, lui qui est si gentil d'habitude, tu passes le CP 06 plus qu'1 CP. On te demande tout va bien? Bah oui j'ai fait 60 bornes dans le désert, j'vais pas abandonner maintenant! Tu te fais un café, et là punaise mer. . . T'appuies encore plus gros grave et fort car il ne te reste plus que 20 bornes et t'es sous la tente. Alors tu appuies tout ce que tu peux, et il en reste t'es étonné, il en reste du jus. La ligne d'arrivée, t'es même capable de la passer en sautant, Steph' a raison "le corps humain est une merveilleuse machine. J'aurais mis 21 heures pour faire La Longue un tuc de malade.

Jeudi enfin ce qu'il en reste puisqu'il est 11h du matin tu dors, tu regardes tes pieds 'j'ai eu énormément de chance là dessus" et tu dors.

Vendredi, quoi Y'allah! Y'allah! Mais vous allez me foutre la paix avec les VouVou zella Marocaines ? Quoi Le Marathon, C'est aujourd'hui ? Un quoi ? 42 BORNES? acdc? L'hélico, la ligne de départ, mais je cours là, je cours, mon sac est léger, 5 Kgs, mais je cours. Eh! Agnès attends moi, je vole, je cours comme à Paris, eh regardez les filles je cours à 8/ 10 Km/h Paf !!!!!!Pffffffff ! 30ème Kilo, CP, j'sais plus combien! Les hallucinations, les vertiges, la nausée. C'est quoi ce machin? Eh! Guy c'est quoi ces nausées ? Vite, du riz au lait ! J'me fait une bouffe de riz au lait tant pis le chrono, pas la perf, non, pas la perf' j'veux pas la perf', Ouf, c'est bon le riz au lait, les pastilles de sel, mes boissons énergétiques, Ouf' j'ai eu la chance pas la perf' je peux reparti, avant dernier CP, les familles de certains sont là dans les dunes, je fais le KéKé devant les femmes des coureurs, et hop t'as vu Madame comment je monte les dunes, t'as vu comment on les descend, eh t'as vu, sans perf' Madame même pas mal, je cours, la ligne je saute en lair à 1 mètre. Regardez les controleuse !

Plus que Samedi. Samedi, la caravane d'éclopés, d'exode, de blessés rampants, de déguenillés sales hirsutes. On nous change les dossards pour faire beau pour les sponsors, Feu Y'allah! Y'allah! ACDC, Baueur "vous êtes formidables", poussez pas mais vous êtes des malades, y'a plus rien dans nos sacs, plus rien ne dépasse, tout le monde court, ça pousse, c'est de la folie on va jamais faire 21 KM à ce rythme, moi non, je vais devoir décélérer et laisser partir une superbe fille avec qui j'ai fait beaucoup d'étape. Laurent me double, "il me crie Phil' accroche toi" lui qui rampait sur la 3ème étape de désespoir et de tristesse me double je l'ai jamais revu, une bombe, j'ai mal aux pieds, le gauche, mais je trottine, j'en peux plus je trottine. Elle est où cette ligne d'arrivée, les enfants arrivent. . . La ligne d'arrivée, Patrick !!!!!!! J'aurais mis 60heures en tout et 700 ème.

Qui prend le risque de se griller sur les 3 premières étapes ? (j'étais sous les 600 à ce moment là) ? La Longue ? Attaquer sur La Longue ? Non s'accrocher! Tenir un rythme sur la longue et ne pas dériver sur l'horloge à La Longue. Les 2 suivantes j'ai tout donné je n'ai rien à me reprocher, j'aurai pû avoir une perf sur Le Marathon et j'ai réussi à passer à travers. Alors je referai la même chose en étant plus vigilant sur les horaires de La Longue"

Quand je vous disais qu'un récit par Philippe ça valait le coup !



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