Retour courses 2005

Présentation Raid

Les CR

Les photos

Les cartes et les livres de route

Le CR de Ufoot - Page 2

D'ailleurs à force de marcher et marcher ça en fait beaucoup pour moi, car l'air de rien j'ai beau intégrer de la marche dans mon entraînement, je prévois rarement un ratio 80% de marche pour 20% de course, et là c'est pourtant le cas. Mais me direz-vous Koline elle court elle! Oui ben chacun son style. Elle court à 7km/h mais moi aujourd'hui, en ce 16 Janvier 2005, à 7km/h je préfère marcher, c'est un fait. Du coup parfois cela donne lieu à un comportement assez étrange de l'équipe: Koline court toute seule devant ou derrière, et les 4 hommes sont ensemble en train de marcher de leur côté. De temps en temps on rattrape notre retard par un petit à-coup de course à 8km/h et hop on remarche. Ca nous vaudra quelques remarques de la part des organisateurs "mais vous n'avez pas honte de la laisser ramer toute seule!!!". Alors qu'en fait il n'y a aucun soucis, zéro mauvaise ambiance dans l'équipe, simplement on a trouvé notre petit rythme et ça nous va très bien.

A l'annonce d'une balise qui serait "sous un pont" certains se régalent d'avance de me voir patauger dans la flotte pour aller poinçonner une balise sadiquement placée dans un endroit inaccessible, mais non. D'ailleurs c'est comme pour le climat. Je m'attendais à quelque chose de bien pire, et donc en fait les balises ne sont pas si horribles que ça à atteindre. Enfin en même temps on ne les a pas toutes trouvées, on a zappé la CO de départ, les optionnelles 4 et 5, et celles de la boucle supplémentaire du 95km. Donc bon faudrait voir avec l'avis de tout le monde... Mais bon faire poinçonnneur là c'est assez cool, suffit d'avoir une poche à la bonne taille pour que ce soit pratique de mettre le carton, et je dispose d'une telle poche, pratique et tout et tout.

A la bifurcation entre le grand parcours et le moyen, on apprend qu'on n'est que 10 minutes après le temps limite pour le grand parcours. Ben oui on est bêtes, les temps limites ont tous été décalés car on est partis à minuit et demi et pas minuit pile. Sans regrets de toutes façons on y serait pas allés. Trop risqué, on aurait pu louper la barrière horaire globale, et donc ne pas finir la course. Ca serait trop bête hein...

S'en suit une portion de parcours dans la Beauce qui est, si ça se trouve, assez similaire à la première partie de la course, sauf que maintenant, la Beauce, on la voit. Ouaou. Alors je vais vous dire un truc les gars, la Beauce, c'est grand. Et y'a pas beaucoup d'arbres. Apparemment d'ailleurs les pylones EDF y poussent encore mieux que les arbres. Peut-être pour ça qu'on y accroche les balises, sur les pylones. On trouve aussi des chasseurs en Beauce. Et du gibier. Mais pas au même endroit. J'espère que les chasseurs en ont quand même attrapé une ou deux de ces bestioles car sinon 1) ils sont vraiment trop mauvais et 2) franchement courir sous nos yeux à plusieurs dizaines de km/h et traverser en 30 secondes des étendues qui nous ont pris de longues, pénibles et laborieuses minutes à traverser, ça mérite bien un bon coup de plomb dans le derrière. Non mais!

L'équipe est maintenant bien soudée, faut dire qu'on commence à se connaître maintenant. Mais on fatigue. On fatigue grave. L'Electron n'a pas mal aux genoux - enfin par rapport à ce que ça peut être d'habitude quoi - mais il est quand même bien attaqué. L'Ecureuil a depuis belle lurette dépassé son "record" de distance et il en chie. Néanmoins il reste extrêment lucide concernant la navigation. L'Blueb se porte pas si mal que ça, je pense qu'il est à peu près comme moi. Koline, elle, court invariablement à une vitesse ultra régulière, mais la boue commence à lui taper sur le système il me semble. Elle préfèrerait un bon vieux tronçon de bitume.

Une des balises est positionnée à côté d'une carrière près de laquelle se trouve un énorme tas de sable. La Dune du Pilat locale quoi. Pendant un moment ça fantasme dans l'équipe et certains (y compris moi) me voient monter dans le sable chercher une balise lâchement placée en haut de la dune, et redescendre fourbu avec 3 tonnes de sable dans chaque chaussure, mais non, ce ne sera pas pour cette fois, la balise est tout bêtement placée sur un petit mamelon de 3 mètres, et super facile à voir et à atteindre. Décidément c'est pas fatiguant de poinçonner aujourd'hui.

Arrive le point de contrôle avant le dernier grand "tout droit" du parcours. Pour du "tout droit" c'est du "tout droit", c'est le long de la voie ferrée, ligne TGV. Comme je le fais remarquer, ils ont bien fait de rénover dans la région car la voie de TGV elle a 'achement plus de gueule que l'ancienne voie ferrée qu'on a longée le matin. Enfin bref grand "tout droit" et d'après notre team d'orientation de choc, la balise serait à 4,8km du CP, soit "un peu après le CP suivant", ce qui serait paradoxal car la balise est marquée comme étant avant le CP suivant, mais enfin peut-être Papy Turoom a-t'il prévu un truc spécial pour cette balise 28 à 2*28 minutes de bonif. A toute fin utile, je note le chiffre de l'odomètre sur mon GPS peu après avoir quitté le CP précédent. 66,5. 65,5+4,8=71,3. Tiens j'arrive encore à faire du calcul mental, pas si mort que ça le bonhomme 8-) Donc, après une interminable ligne droite, jalonnée par des événements exceptionnels genre "oh un pont" au bout de 2km ou "attention il y a une chicane" (une seule sur 5km), mon odomètre affiche 71,2. Là je me dis que bon, hum, certes l'Ecureuil et l'Electron ont reporté la balise après le prochain CP, mais quand même... Je fais part de mes doutes à l'Ecureuil, lui explique que j'ai envie de quitter la voie ferrée pour aller sur le chemin de l'autre côté de l'espèce de haie sauvage faites d'arbustes, de mauvaises herbes et de saloperies diverses. Il me répond que bof, que ça serait peut-être utile si la balise avait des chances d'être là, juste posée ici comme ça... ENORME!!! La balise est là. Juste là, à trois mètres. 10 secondes de recherche et 56 minutes de bonif, je savoure cette balise 28 avec délectation. On continue, ragaillardis. Si on calcule qu'on a mis 50 minutes pour parcourir 5km, ça nous fait les 5km à "-6 minutes". On remonte le temps. Yabon.

Maintenant je sais (ça faisait un paquet de kilomètres que je m'en doutais mais là j'en suis sûr) qu'on va le finir ce Raid 28. Le moral de l'équipe est bon, et si certains sont physiquement bien atteints, on sent assez rapidement qu'ils arriveront au bout. D'ailleurs j'avais fait une remarque quelques kilomètres avant, expliquant que quand on est cuit, on avance (en ce qui me concerne) à 3km/h et pas plus. Et de fait là on avance bien plus vite, dans les 6km/h on va dire, donc on n'est pas encore complètement KO, même si ça fait mal, voire très mal pour certains. Concernant l'orientation, l'Ecureuil est toujours aussi lucide, pas de soucis, ça roule.

Deux coureurs nous doublent, un homme et une femme, lui devant, elle derrière, et un bout de corde entre les deux. Damned, elle se fait tirer. Je trouve çà un peu bizarre. Autant pour une équipe de 5 qui jouerait le chrono ça aurait une certaine logique autant à 2, foutu pour foutu, si j'étais la fille je préférerais finir plus lentement, mais finir en autonome, par mes propres moyens. C'est un coup à se gâcher le plaisir de pouvoir se dire "je l'ai fait, toute seule comme une grande!". En plus ce "tractage" est pour moi révélateur d'un certain esprit qui projète la femme comme un être faible et délicat qui a besoin qu'on le soutienne, alors que bon, le Raid 28 est justement typiquement l'épreuve qui montre qu'homme ou femme ça ne change pas grand chose à la question. Il suffit d'être entraîné et bien organisé.

Arrive enfin le moment où ma réserve de do-it-yoursellf-nergy-drink s'épuise, donc plus de Teisseire, on repasse au coca. J'en profite pour en filer un peu à Koline, c'était bien le but d'avoir emmené 4L de boisson: pouvoir en donner à ceux qui en voudraient sur la fin du parcours. Ce coca va me redonner une patate d'enfer! A tel point que je me demande si je n'aurais pas du boire ça dès le début... Je suis gonflé à toc, j'ai envie de courir, de me rentrer dedans un bon coup.

Une des dernières balises nous fait des farces. Elle est censée être au bout d'un fossé. On voit bien une espèce de fossé dont le début est rempli d'ordures - et qui en cela ressemble bien à mon biotope banlieusard habituel - mais bon... Finalement L'Blueb, qui a fait un énorme boulot de recherche de balise depuis le début de l'épreuve, trouve la balise, au fond du fameux fossé. Le problème c'est que le bord est un peu raide. Je décide de descendre dans le fossé à un endroit où il y a moins de pente mais me retrouve embourbé dans les branchailles. B*rdel de Zeus moi qui voulait de la balise pénible à attraper celle-ci, à défaut d'être dans la boue, me donne du fil à retordre, d'autant que je ne l'ai pas attaquée avec le meilleur angle. L'Blueb me guide à la voix vers la balise, je l'attrape et repars par un autre chemin, à peine meilleur. On peut critiquer la méthode, mais bon finalement je l'attrape la balise. Je rate l'objectif qui était de ne pas retarder le groupe avec la recherche de balise - on essaye en général de partir un peu en avance avec L'Blueb - mais au final ils ne sont pas si mécontent que ça de profiter d'une petite pause improvisée.

Hop, on ze road again! On croise un caméraman. Je déballe quelques bonnes conneries. Ca veut dire que j'ai encore du jus, quand je suis vraiment fatigué j'arrête en général assez vite de faire le malin.

On prend la décision de séparer le groupe. L'Blueb et moi d'un côté pour aller chercher une balise, les 3 autres de l'autre pour essayer de faire un max de bitume, car entre les chemins agricoles et Koline, c'est pas la folle histoire d'amour. Le choix est bon, après une mini erreur d'aiguillage de rien du tout, L'Blueb et moi trouvons sans soucis la balise. En plus on a les autres en visuel sur la droite, donc aucune chance de se perdre. Sur la balise suivante, on a du pot car on est très loin du ruisseau au bord duquel elle se trouve, mais on la voit de très loin. Je vais la chercher tout seul, et c'est le seul moment du parcours où j'aurais vraiment les pieds dans l'eau. Et encore j'aurais pu l'éviter mais je décide que je suis pressé, et traverse donc sans me poser de questions. Mais c'est vraiment pas l'horreur, il y a à peine 15cm d'eau, 1m de large, pas de courant, bref, c'est de la rigolade.

C'est sur la toute dernière balise que nous allons perdre du temps. On fatigue. La description parle de coude de lisière, certains pensent coude de rivière, mais non pas de rivière, de li-siè-re! Mais on met un temps fou à s'en apercevoir. Il y a une sombre histoire de ligne de niveau aussi. Bref. Je n'ai moi-même plus les idées trop claires. Dans le doute j'essaye de faire des allers-retours dans un peu toutes les directions histoire de voir si j'aperçois la balise. Je sais c'est con mais la course est bientôt finie et j'ai encore des jambes et de l'énergie donc j'en profite. Rester immobile à attendre serait assez insupportable en fait. On finit par se re-séparer, L'Blueb et moi cherchons pendant que les autres avancent sur la route. A un moment je me retrouve seul dans un champ et là c'est le zap. Je me vois courir tout seul, j'ai 16 ans, je suis dans un pays étranger, et je cours. Un petit peu comme le chien dans la pub pour Royal Canin, avec la musique du Professionnel. Tin tin, tintintin, tin tin, tin tintin tin, tintintin tintintin tintintin tin tin... Hé ho garçon on se réveille! Bigre, j'ai bien failli partir seul n'importe où pour une séance d'entraînement. Warning! Je ne suis pas aussi frais que je le pense... Au final ce sont les autres qui trouvent la balise. Evidemment elle était là où c'était indiqué, mais après 16h00 de course, forcément, on perd en lucidité. Moi le premier. Et hop je trouillote.

Dernier tronçon avant la quille, on aperçoit des baignoires dans un champ, la douche sera-t'elle chaude? Des promeneurs très sympas discutent avec nous. Ils vont ouvertement à la même allure que nous. J'évite par pudeur de regarder notre allure sur le GPS. Petite polémique rigolote entre l'Electron et L'Blueb pour savoir à partir de quel limite nous allons placer notre "sprint final" (comprendre "trottiner calmement jusqu'à l'arche d'arrivée"). Et finalement franchissement de la ligne d'arrivée, main dans la main.

Yo, on l'a fait!

Je suis très content. Alors que L'Blueb et moi s'entre-nettoyons les chaussures à coup de jet d'eau, je constate que Jean-Paul et Dominique sont là! Ca alors, c'est une bonne nouvelle, je ne m'y attendais pas... Dominique voulait même être au départ, mais il s'est pointé à Bures à 23h15, après donc le départ des bus RATP vers le "vrai" départ. C'est dommage. La soupe est la bienvenue, les nouilles aussi. On ne s'attarde pas au gymnase, et je suis ramené par les parents de l'Electron, grand merci à eux. Finalement je suis quand même bien fatigué, je n'ai jamais ressenti d'envie de dormir sur le parcours, mais quand même, une nuit blanche passe rarement inaperçue.

Bilan donc hyper positif pour ce Raid 28. Objectif atteint. Objectif collectif car nous avons fini tous ensemble, et dans les temps. Objectif personnel car j'ai enfin exorcisé le spectre tabou du sport en équipe grace à cette expérience positive et sympa comme tout. En somme je suis fin prêt pour la prochaine édition, gageons que celle-ci sera particulièrement corsée, avec de la neige, des balises planquées dans des endroits gluants à souhait, et un vent à décorner les bœufs

 

Page précédente

Retour Présentation CR