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Le CR du Raton Laveur - Page 1

Mon bureau était baigné d’une douce lumière, et une symphonie de Brahms s’écoulait doucement. Le chien s’était endormi depuis longtemps, et installé dans un fauteuil confortable je savourais la quiétude de l’esprit de celui qui a résolu une énigme intellectuelle délicate (réparer le réseau informatique local).

Soudain, avec la soudaineté d’un coup de tonnerre dans le ciel, ma sonnette retentit, rompant l’harmonie subtile de mon foyer. Je fus surpris car je n’attendais personne, ayant prévu un week-end au chaud, agrémenté de repas délicats et de vins fins, n’hésitant que sur le choix de la musique d’accompagnement (Chopin ou Litz).

Par pure politesse j’allais ouvrir. Trois individus, patibulaires mais presque, étaient à la porte. Ils m’entourèrent vivement, m’encerclèrent avec détermination. Je devais les suivre, tout de suite ! Je n’avais même pas le temps de dire au revoir à mes enfants ! L’angoisse m’étreignit, qui étaient-ils ? Que me voulaient-ils ? Pourquoi moi ?

Vers 14h, cherchant à me mettre en tenue confortable, j’avais enfilé un collant souple, une carline assortie, et chaussé d’agréables chaussures de trail. Le regard de leur chef (un petit mais teigneux) s’éclaira. Cela devait lui plaire car je vis alors qu’ils étaient tous habillés de la même manière, à l’instar des gangs qui portent tous les mêmes vêtements. Ils devaient me confondre avec un des leurs !

J’ouvris la bouche pour protester, leur indiquer leur méprise, mais déjà l’un d’eux avait pris mon sac qui traînait au milieu de l’entrée. Un peu plus tôt dans la journée j’avais entrepris de mettre de l’ordre dans mon placard et regroupé quelques affaires dans un vieux sac. Ils devaient croire qu’il y avait un butin à l’intérieur !

Ma femme persuadée que je les connaissais et que je partais boire une bière avec de vieux amis, et que je serais de retour dans une demi-heure ne fit rien pour les empêcher de m’amener vers les deux voitures garées devant mon domicile. Je compris alors que c’étaient des pros, ils avaient même prévu une voiture de rechange pour leurrer la police ! Je frémis d’horreur. (D’autant qu’il commençait à bien faire froid dehors).

En voiture j’entendis leurs noms, enfin je devrais dire leurs blazes comme ils disent dans leur jargon. L’un d’eux se nommait le Bourrin (une brute sans doute !), l’Anti-lope (je supposait qu’elle n’aimait pas les lopes qui sont des grosses lopettes) et un Fluet (qui me parut plus physique que son nom ne semblait l’indiquer).

Rapidement un quatrième complice nous rejoignit. Un costaud qui se faisait nommer le Troll ! Je décidais immédiatement de surseoir alors à ma tentative de recouvrer la liberté ! Peut-être une occasion se présenterait-elle plus tard ? Il me fallait jouer leur jeu pour l’instant et m’armer de patience (quoique si j’avais pu m’armer d’autre chose, cela m’aurait aidé).

Mais je déchantai vite. Une vingtaine de complices se réunirent pour le repas du soir dans un bistrot discret. Coincé contre le mur du fond, je ne pouvais rien faire. Surtout qu’ils m’avaient mis à coté de moi le Troll et un Gorille de 130 kg ! Je ne pouvais que me tenir coi et manger le repas du gang. Je compris que c’était un rituel pour se porter chance avant un gros coup.

Ils m’emmenèrent ensuite dans le repère secret de la bande, un local caché gardé par des hommes en veste jaune. On nous fit mettre les voitures plus loin pour ne pas attirer l’attention des rondes de police. A l’intérieur je vis que le gang avec qui j’avais dîné n’était qu’une famille parmi d’autres, regroupé au sein d’un gang plus vaste. Nous étions près de 200 personnes ! Leur grand chef nous harangua longuement au micro.

Je ne peux que supposer qu’un des guetteurs à l’extérieur a du voir une voiture de police car ce fut rapidement un sauve-qui-peut général. Cependant la discipline de fer du grand chef et son sens de
l’organisation a permis à ses hommes de nous pousser en toute hâte vers des bus qui foncèrent dans la nuit, évacuant en un temps record le repère du gang.

Nous roulâmes pas moins d’une heure et demi, quand l’alerte étant passée, nous nous arrêtâmes au milieu de nulle part. Chaque gang sortit des bus et disparut dans la nuit dans une direction opposée. Ils se méfiaient entre eux !

Mes ravisseurs me gardaient toujours à l’œil, vérifiant régulièrement que j’étais toujours là. Le Bourrin nous entraîna à l’écart des autres bandes dans la nuit noire. Je notais qu’il se méfiait lui aussi des autres, nous faisant parfois éteindre les lumières pour ne pas se faire repérer ! Peut-être était-ce là un élément sur lequel jouer pour retrouver ma liberté ?

A peine étions nous partis, ayant fait moins de 100m que le Bourrin me menaça d’une voix glaciale (il commençait à faire vraiment très froid) de me jeter dans le fossé pour me prendre ma belle montre Polar ! Cela commençait bien ! Je n’ai eu la vie sauve que parce que je pus lui démontrer que je n’avais pas amené mon Polar ce soir là, ayant juste une montre chrono de plongée. Il me jeta un regard glacé mais ne m’agressa pas. Je sentis qu’il cogitait d’autres menaces, peut-être la rançon à demander ?

Ensuite des coups de feu furent tirés sur certains fuyards, et le Bourrin se concentra alors sur la carte ! Il la montrait à l’Antilope. Je compris soudain tout ! Ils cherchaient des planques, sans doute des armes, de l’argent, de la drogue ! Mais chaque fois qu’on trouvait une planque, d’autres gangs étaient passés avant nous, et il ne restait qu’un panneau (ici planque numéro X). Parfois même on n’arrivait pas à trouver la planque, tellement ces pros l’avait bien cachée.

Il faisait de plus en plus froid, et les mafieux me firent courir tout le temps pour nous réchauffer. Mais les planques vides se succédaient. Nous traversâmes une forêt, un petit marécage, dans notre fuite éperdue en vain.

A un moment ils m’appelèrent capitaine ! Je compris alors la méprise, j’avais été enlevé à la place de quelqu’un d’autre ! Un militaire sans doute.

J’attendais le jour pour pouvoir m’enfuir, mais au petit matin nous étions dans une vaste plaine, sans aucun village, sans aucune maison, même pas un muret pour se cacher derrière. Impossible de s’enfuir !

Mes ravisseurs continuaient leur course folle, envoyant le Troll en éclaireur parfois pour repérer les planques et essayer de la vider avant qu’elles ne soient vidées par d’autres gangs, mais toujours nous arrivions trop tard, et chaque fois il ne restait que le panneau.

Le Bourrin dans un éclair d’humanité dont je ne le croyais plus capable, nous offrit un croque-monsieur, au petit matin dans le vent glacial. Il voulait que je reste encore en vie pour la rançon ! Mais qu’il était bon ce croque-monsieur ! Je compris une fois de plus que le bonheur n’est pas forcément un titre ronflant sur une carte de visite, mais peut-être juste un croque-monsieur au petit matin.

Nous passâmes dans des tuyaux de bétons sous l’autoroute, traversâmes des champs glaiseux, les pieds soulevant 2 kg de boues accrochées à chaque basket. Dans un élan de sadisme incroyable, nous fûmes obligés d’essayer de dépasser le TGV à la course ! Mais toujours les planques étaient vides. Chaque fois le Fluet et l’Antilope se tenaient derrière moi pour me surveiller, le Bourrin et le Troll cherchant les planques un peu devant.

Le Fluet et l’Antilope étaient blessés aux pieds et le soigneur du gang leur avaient fait un strap trop épais et trop serré. Il fallait voir le Bourrin sortir son surin et trancher dans la matière ! Le regard de celui qui se demandait s’il n’allait pas trancher les muscles aussi pour s’amuser un peu ! SI j’avais su qu’il était armé, je n’aurais même pas essayé d’imaginer des plans pour m’évader ! Le Fluet et l’Antilope ne voulaient pas abandonner, et ont continué jusqu’au bout malgré tout. J’étais entouré de durs à cuire ! Et moi qui espérait naïvement que le nombre de mes ravisseurs allait diminuer !

Très régulièrement nous croisâmes un autre gang, d’un nommé Shadock. Ils se connaissaient tous ! Je compris que j’étais entourés de criminels professionnels, car ils avaient prévus un autre groupe pour vérifier que je ne pourrais échapper au premier ! Alors cet autre groupe venait aux nouvelles toutes les heures pour voir si j’étais encore là !

A la fin de notre course folle, le Bourrin me menaça à nouveau de me faire la peau pour me prendre mes 20 euros. Il voulait à tout prix une bière, et tout le reste du gang eut du mal à le convaincre qu’il se ferait immanquablement repérer par la police. Que nous étions presque arrivés (le presque a pris quand même deux heures !)

Enfin nous arrivâmes dans le deuxième repère secret de la secte. Le grand chef était là qui nous serra la main un par un pour nous féliciter d’avoir échappé à la rafle de la police. Seule une poignée de mafieux étaient déjà arrivée. Comme nous étions des durs, la douche était glacée et de tout manière il n’y en avait qu’une seule pour tout le monde, un repas frugal nous attendait aussi, mais surtout une bonne soupe bien chaude qui nous fit revivre.

J’eu alors ma chance ! Dans la voiture mes ravisseurs s’endormirent! Je pus m’échapper. J’étais libre !

Mais depuis je vis dans l’angoisse. L’un des mafieux rencontré au repas veut que je l’accompagne dans un autre coup en Normandie !

J’ai mis une petite annonce pour vendre ma maison, j’ai changé de nom, et ce soir je me ferais refaire le visage. J’espère qu’ils ne me retrouveront pas !

le-raton-laveur-paranoïaque-maintenant

 

 

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