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Le CR de la Libellule - Page 2

Nous repartons donc du PC3 en marchant, on se restaure rapidement et c'est reparti.

On sait dores et déjà que pour arriver au PC6 avant 9h30, c'est déjà mort, le parcours est beaucoup trop long et en plus le pitaine a mal aux genoux depuis quelques temps déjà et ce ne serait pas raisonnable de partir sur le 95 Kms.

Dés lors, lorsque l'on nous propose le mémory, on retiens bien tous les emplacements, La Tortue nous donne à chacun un numéro, on retient et le Poc les place sur la carte et nous voilà parti. C'est là que l'Papy fait parler la poudre pour la première fois. En effet, le Poc lui indique la balise sur la carte (généralement à 200 m environ) l'envoie et l'Papy nous récupère un peu plus loin. Ça nous permet à nous d'avancer plus tranquillement et surtout, ça lui permet à lui de se dérouiller les pattes, parce qu'on sent que ça le démange. Je me rappelle qu'il l'a fait pour la balise M2 et la M3 si je me souviens bien (à confirmer avec les roadbooks).

On ramasse donc toutes les balises et nous arrivons au PC6 à 10h15 soit en gros une demi-heure après l'équipe des Ultrafondus du Zoo (9h44 pour eux je crois). La bénévole qui a tapé dans l'oeil de certains est là et ils se jettent littéralement sur elle pour lui faire la bise. A mon avis, elle va s'en rappeler de l'équipe 26.

L'Papy va voir Papy Turoom dans le véhicule suiveur pour savoir si on a le droit d'aller ramasser quelques balises du parcours long qui sont pas très loin de notre itinéraire et Papy Turoom lui réponds que ça ne pose aucun souci.

Pendant que la Tortue va acheter du pain au dépôt de pain afin que l'on puisse improviser quelques sandwichs au saucisson, l'Papy va pointer la balise 15 qui est juste à côté et nous retrouve. Nous continuons notre route sur le raccourci en ayant comme objectif les quatre balises qui sont juste avant la jonction avec le parcours long. C'est à ce moment là qu'on sympathise avec l'équipe n°27. L'un des leurs s'est blessé, un autre est resté avec le blessé et un troisième a abandonné parce qu'il ne se voyait pas continuer sans être classé. Résultat l'orienteur et la féminine à deux sur le parcours long : Chapeau !

On trouve toutes les balises, et nous voilà parti en pleine Beauce. On pointe la balise à la sablonnière qui ne peut décidément pas être loupé car avec le soleil qui se reflète dedans, on la voit à au moins 500 mètres.

C'est à ce moment là que l'on croise un troupeau de chevreuils et c'est vraiment un des meilleurs souvenirs de la course pour moi. C'est réellement magnifique de les voir gambader comme ça et sauter par dessus les barrières. Un vrai coup de baume au coeur.

Nous continuons donc sur ce chemin et tombons sur la fameuse équipe numéro 3. On fait un petit bout de chemin ensemble environ 1 kilomètre à discuter et arrivons en même temps au PC n°8 je crois (celui avant le pont sur l'autoroute). Là, un des équipiers des moissonneuses batteuses nous offre des chocolats et nous apprends qu'ils sont partis avec une boite d'un kilo et qu'ils en ont offert à tous les bénévoles qu'ils ont croisés. Alors là, je dis bravo. Nous on se prend la tête pour partir avec les sacs les plus légers possible et eux ils l'alourdissent pour faire plaisir aux bénévoles. La Tortue trouve ça tellement sympa qu'il aura droit à un coup de gourdasse bleue.

On continue notre route et là notre seule véritable erreur de report apparaît. En effet, y'avait comme indication un truc du genre Tunnel sous la voie de TGV et sur la carte, le tunnel est à gauche et il faut continuer à droite. Le Papy prends sur lui et va pour la poinçonner et en avançant, on se rend compte que cette balise est en fait sur le parcours, coups de sifflets pour faire revenir le papy, il entends pas. Je commence à m'élancer pour rattraper l'Papy et le Pitaine me dit de pas faire le con, il sait que je suis en mode Gnac On depuis quelques heures déjà et il veut pas que je grille mes dernières cartouches.

C'est donc Barbara qui s'en charge, et nous nous dirigeons vers le PC 10(celui sur la voie de chemin de fer). Barbara a mal aux genoux. Le Papy lit la balise 28 et nous dit que c'est à 4km700 sur la voie de chemin de fer que l'on doit trouver cette fameuse balise à 2*28 minutes. On demande aux bénévoles présents si on peut continuer sur le balastre, ils nous répondent qu'ils ne sont pas sûr, qu'il y a peut-être un grillage qui nous empêcherait de redescendre et qu'il vaut mieux continuer sur la route. On part donc sur la route et le papy nous dit que nous faisant faire à peu près un détour de 100 mètres, il faut certainement les déduire du total. Cette ligne droite paraît interminable, on compte les centaines de mètres et c'est une drôle de sensation de se faire doubler par les TGV. La Tortue remarque que ceux qui vont vers Paris vont moins vite que ceux qui partent de Paris. Cela va occuper nos conversations et nos esprits quelques minutes (La tortue conclura les débats en disant qu'il y avait peut-être un petit embouteillage à Montparnasse et que c'est pour ça qu'ils devaient ralentir).

Papy parti devant trouve la balise (il ne fallait pas déduire les 100 mètres), la poinçonne et nous voilà repartis. On est tous attaqués et moi je suis sérieusement en train de me replier sur moi. Je puise en moi les forces nécessaires pour terminer et surtout je cherche la motivation pour continuer à avancer. Comme le dit si bien la Tortue, j'ai tendance à me réveiller quand ça commence à sentir l'écurie. Le seul mauvais souvenir que j'ai à ce moment là est une balise du côté de Voise. Je ne suis plus tout à fait lucide, et je n'entends pas vraiment la lecture du poste pour l'atteindre (vaguement j'entends le mot pont) et voilà mes équipiers partis le long de la voise pour la rechercher. Barbara est avec La Tortue d'un côté et Papy avec le Poc de l'autre. Moi je suis resté sur le pont non pas parce que je n'en peux plus, mais parce que je me dis que Papy Turoom l'a peut-être planqué sous le pont. Le temps de bien regarder sous ce fichu pont et mes partenaires ont pris cent bons mètres d'avance. C'est vraiment con, mais à ce moment là, j'ai vraiment l'impression d'être abandonné, d'être le boulet de l'équipe et c'est ça qui va me donner un petit coup de boost je pense.

Je fais le point dans ma tête, je me raisonne et nous voilà repartis. On a un peu de mal à trouver la balise 34, le Papy est en bordure de champ de l'autre côté de la lisière du bois et nous quatre dans le bois sur le petit chemin. On tombe sur la balise, on le prévient et voilà mes 3 acolytes qui continuent leur route. Je me dis que je vais attendre l'Papy pour lui montrer où est la balise et c'est là que je me rends compte que l'ultra par équipe c'est vraiment particulier. Il y a dix minutes, j'avais l'impression d'être abandonné par mes équipiers, et maintenant j'ai l'impression que si j'avais une chose à faire dans ce raid, c'était d'attendre le Papy à la balise 34 pour permettre aux trois autres de continuer en marchant tranquillement en attendant qu'on les rejoigne et que ma place dans l'équipe se justifie grâce à ce fait d'armes.

Je trottine pour rattraper le groupe des 3 avec le Papy légèrement derrière (c'est la dernière fois que je trottinerais) et le Poc me confie la carte. Il me dit que comme j'ai été posé la voiture avant la course, je suis le plus apte à trouver l'arrivée dans Béville-Le-Comte.

Malheureusement, on attaque pas le même village du même côté et je ne m'y retrouve pas. Je pense même apercevoir l'arrivée alors que ce n'est qu'une menuiserie. Heureusement qu'au bout du chemin, le parcours est balisé et donc on s'approche tranquillement de l'arrivée.

Une voiture s'arrête à côté de nous et nous demande où est l'arrivée. Je reconnais le maire de Bures et on se met à plaisanter avec lui comme quoi si il y avait 5 places dans sa chignole, on serait bien partant pour finir assis etc....

On arrive enfin à cette fameuse ligne d'arrivée. L'Équipe Turoom est là pour nous accueillir avec une bonne soupe bien chaude. Papy Turoom a l'air un peu énervé car apparemment, il a eu des remarques de certaines équipes qu'il a trouvé hors de propos (genre s'étonner d'avoir mal aux jambes après avoir parcouru au minimum 55 kilomètres).

La soupe est bonne et on ne sait plus trop à qui répondre entre le caméraman et tout le reste de l'équipe Turoom.

On s'avance vers le gymnase et on se décrotte les pompes au jet d'eau. On rentre dans le gymnase et on apprends qu'il n'y a qu'une seule douche.

Bon pas grave, je prépare mes affaires et hop c'est parti.... Brrrr qu'elle est froide, je comprends que même s'il n'y en a qu'une, il y ait pas foule.

Je m'habille et on réserve une table avec Barbara. On prend un plateau repas, pour moi des nouilles avec du jambon, un bout de pain avec du fromage, un yaourt et un autre bol de soupe (mon Dieu qu'elle fait du bien cette soupe).

On regarde le classement provisoire et on voit qu'on est 3éme ex-aequo. Je me dis que logiquement, vu qu'on a plus de balise que l'équipe ex-aequo, on devrait être seul 3éme, mais il reste encore beaucoup d'équipes à arriver (environ 7). On est déjà super heureux, on est dans le Top10.

La Tortue va voir Papy Turoom pour lui dire qu'on va devoir y aller pour cause d'avion, et celui ci lui fait comprendre que ce serait bien qu'on reste. Moi je commence à m'interroger, je me dis qu'on est peut-être dans les trois premiers. Je trouve ça hallucinant. J'appelle Dame Libellule pour lui dire qu'on est peut-être troisième, que je l'appelle pour lui dire à quelle heure je rentre.

Les 3 premiers du petit parcours sont déjà récompensés et les 2éme et 3éme du long aussi. Je me dis que c'est con qu'on nous ai forcé à attendre pour des prunes alors que les héraultais ont leur avion à prendre quand l'Papy nous dit tout excité qu'on a sans doute gagné car les trois équipes de devant étaient sur le petit parcours.

On n'y crois pas trop et encore moins quand Papy Turoom déclare au micro que ça lui fait plaisir de récompenser une équipe dont il connait très bien le capitaine (La Tortue n'avait jamais vu Papy Turoom avant ce week-end). Mais quand il se met à parler de la ML et de nos échanges électroniques, j'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds. Et quand il annonce qu'il appelle Damien Boix et les "Amis du Zoo", alors là c'est l'explosion de joie.

On tombe spontanément dans les bras les uns des autres et c'est à ce moment là que la Tortue raccroche au nez du Bourrin sans le faire exprès.

On monte donc sur le podium. Je passerais sur l'intervention sans intérêt de l'équipe 23 qui va personnellement me gâcher légèrement mon plaisir. Moi je suis jamais monté sur aucun podium de ma vie (si une fois en natation, mais on était que 3 dans ma catégorie et j'avais eu le bronze) et là on gagne le raid28. Incroyable !!!!

Le capitaine prend la parole et parle non pas de performance mais de valeurs humaines, d'amitié et d'éthique sportive. Je peux te le dire ma tortue, ton discours m'a profondément ému.

Nous redescendons avec nos cadeaux et nous dirigeons rapidement vers la Punto. Papy Turoom nous intercepte, nous devons prendre une des deux invitations offertes aux vainqueurs. Le raid normand hivernale (fin janvier) ou les cols verts (début décembre). On prends les cols verts car personne ne se voit remettre ça dans 15 jours alors que les cols verts, ça nous laisse le temps de nous retourner.

Nous montons donc dans la Punto, nous tassons un peu tout partout (plus beaucoup de place) et on a bien du mal à réaliser.

Je réussis à driver les montpelliérains en temps et en heure à Orly, par contre la Tortue ne pourra capter un train qu'à 23 heures.

Je laisse donc la Tortue et l'Papy porte d'Orléans . Un coup de fil à Dame Libellule pour lui dire qu'on a fait mieux que troisième et que je rentre enfin à la maison

Épilogue

Comment peut-on conclure une telle aventure ?

Franchement, je suis ravi de ce premier ultra en équipe. Je ne peux que remercier mes équipiers de m'avoir permis de vivre cette aventure qui est si particulière. J'ai vécu 25 ans en plein coeur de la Beauce, et maintenant, je vais la voir sous un autre oeil.

Oui la Beauce c'est plat, oui c'est gadouilleux, oui la nuit il caille, oui il y a des champs à perte de vue, mais comme quoi quand on est entouré par des amis, même ce qui est usant moralement et physiquement passe bien.

Le Raid28, c'est la tête et les jambes. Nos jambes n'étaient pas meilleures que celles des autres équipes loin de là, mais notre tactique s'est révélée la plus payante un peu à notre insu.

Comme dit la tortue, ce sera dur de faire aussi bien l'an prochain, au niveau du résultat, mais je suis sur que je m'amuserais encore plus en Beauce en 2006 avec un 6éme larron dans l'équipe qui sera ce Mogwaï dont j'ai tant entendu parler.

Je vais finir ce récit en remerciant mes équipiers

Je tiens à te remercier ma Tortue, car tu m'as fait confiance alors que je ne suis encore qu'un minot dans la course à pied et quand tu me l'as proposé lors de la SaintéLyon, je brûlais d'envie de te sauter au coup. Tu sais quand je faisais des matchs de foot quand j'étais jeune, j'étais celui qu'on appelait en dernier quand on faisait les équipes et là ce fut l'inverse. Ça fait chaud au coeur.

Je tiens à te remercier mon Papy, car tu as souvent réussi à trouver les mots pour me pousser à me dépasser. A lire tes récits de 24h et autres 100 bornes, tu me paraissais un monstre de la cap, et franchement, ta gentillesse, et ta modestie t'honorent.

Je tiens à te remercier Barbara, car tu as toujours eu le sourire. Tu préfère quand ça grimpe, mais tu ne t'es jamais vraiment plainte des longues lignes droites du plat pays. Tu m'as impressionné et je comprends que le Poc t'ai choisi comme équipière attitrée.

Je tiens à te remercier mon Poc, car tu a été un orienteur formidable. Tu n'as quasiment jamais fait d'erreur, et surtout, j'ai bien vu que tu valorisais ce que je disais afin de me faire prendre confiance, de me permettre de m'affirmer un peu plus dans l'équipe.

En fait ce qui est terrible avec ce genre de CR, c'est qu'on a jamais envie de le clore, on a toujours envie d'en rajouter alors je vais me raisonner.

Dans dix secondes je ferme la fenêtre, je l'envoie et je n'y reviens plus.

Ah si une dernière chose, même si ça fait un peu tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.

Je tiens à dire à l'équipe Turoom que ce qu'ils font est extraordinaire. Je n'ose pas imaginer le travail que cela représente d'organiser une épreuve de ce genre, mais je leur tire mon chapeau, car ce doit être quelque chose de terrible.

Je tiens à dire aux bénévoles qu'ils ont tous été extraordinaires et je veux qu'ils sachent que sans la chaleur humaine qu'ils distribuent sans compter au coeur de cette Beauce, beaucoup d'équipes n'arriveraient sans doute pas au bout.

La_Libellule_Qui_A_Hâte_De_Fêter_Ça_Et_Aux_Pèlerins_Et_A_La_Champenoise

 

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