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Le CR du Fluet - Page 1

Yo le Zoo,

" Ya des civils qui payent pour faire ça " m'avait dit mon Maréchal des Logis préféré un jour que je râlais en plein raid de stage commando dans les Ardennes... Je croyais qu'ils se foutait de moi, mais non, il avait raison, dix ans après j'ai fait le Raid 28 et j'ai payé pour ça ! ;-))))

J'avais réussi à y couper l'année dernière malgré l'insistance du Bourrin, cette année pas question de m'échapper, j'avais trop envie de passer à autre chose que le bitume, et la perspective d'aller crapahuter dans les plaines de la Beauce avec quelques uns de mes Zanimôsss préférés me plaisait fort...

Malheureusement une tendinite tenace m'a un peu gâché l'automne, et il a fallu un petit test sous la forme d'une CO nocturne de 3 heures en forêt de Montmorency avec mon Bourrin et sans la moindre douleur genoutesque pour que je donne mon feu vert définitif... Entre temps deux désistements avaient rendu ma présence dans l'équipe nécessaire, ce qui m'enlevait un peu de pression : nous n'avions plus le choix ! ;-)))

C'est donc sommairement préparé mais tout content et tout motivé que j'ai retrouvé mes coéquipiers l'Antilope, le Bourrin, le raton-Laveur et le Troll, direction tout d'abord Orsay pour l'AAB kivabien. On y retrouve le reste des équipes du Zoo courant le Raid (ainsi que quelques tranfuges de listes amies (Koline)) J'y accroche à mon tableau de chasse quelques Zanimôss que je n'avais point encore rencontrés : la Libellule, l'Ecureuil, Ufoot, le Poc, le Blueb, et las but not least le Gorille qui est venu nous faire un coucou...

Direction ensuite le gymnase où nous devons nous préparer et effectuer les formalités d'avant course. L'ambiance est détendue, nous avons un peu plus d'une heure. C'est le Bourrin qui est chargé de me strapper les chevilles (qui me martyrisent sur terrain instable), il s'apprête à le faire lorsque surgit un ostéo qui nous propose ses services experts. Nous lui confions donc nos chevilles l'Antilope et moi, ne sachant pas encore que cela sera en quelque sorte le tournant de ma course !

Je suis fin prêt quelques minutes avant le briefing. Mon équipement : mes chaussures de Trail (New Balance M871OR dont je suis toujours super content), deux paires de collants, 2 carline, ma veste gore-tex Millet, un bonnet gore-tex lui aussi, une paire de gants en polaire et mon tour de cou de moto pour protéger mes petites amygdales ;-)) J'ai pris le cardio, par curiosité surtout, et le forerunner, pour savoir précisément ce que nous aurons couru. Dans le sac à dos : 2 poches de 2 litres de boisson (Caloreen 90g/l + 2 sachets de VEE), le ravito solide (barres énergétiques plus quelques gels) et la micro-polaire, que, sur les conseils avisés de mes camarades, je garde en réserve pour le petit matin qui s'annonce glacial...

Nous embarquons à 22h30 dans les bus RATP (!) chargés de nous amener sur le lieu de départ de la course. L'Antilope et le Bourrin reportent les balises, le Ratounet somnole, le Troll a une envie pressante et moi je tripote mon portable, attendant quelques messages de soutien. Je ne suis pas vraiment nerveux, même si je n'ai jamais dépassé la distance du marathon. Je sais que le mental joue un rôle prépondérant dans ce genre d'épreuve et je sais que j'ai suffisamment de volonté pour y arriver. Pour le reste on verra bien...

Minuit et demie (avec 1/2 heure de retard sur l'horaire prévue) les bus s'immobilisent, les capitaines reçoivent les cartons de pointage et c'est parti pour 15 ou 16 heures de course !

Nous ne ferons pas la Spéciale CO, Papy Turoom nous a bien fait comprendre qu'il y avait plus à perdre qu'à gagner... Nous nous dirigeons donc vers la première balise. Il fait plutôt froid, certainement aux alentours de zéro, mais nous nous réchauffons vite. Le Bourrin est l'orienteur en chef, secondé par l'Antilope, notre capitaine est le Ratounet, qui a pour la circonstance et pour bien nous le rappeler revêtu un sweat de la marque aux 3 galons, le Troll est chargé de poinconner, et moi... je fais le 5°, novice que je suis, couvé par mes coéquipiers ;-))

Pas de soucis pour les trois premières balises, il me semble que l'on n'a jamais trouvé la 4 et la 5, qui sont optionnelles... Mais je ne prête pas vraiment attention à l'orientation, j'essaye juste de me concentrer sur ma foulée, d'être à l'écoute de mon corps. Je guette avec une pointe d'anxiété mon genou gauche, qui ne me fera d'ailleurs jamais mal. Je bois 2 gorgées toutes les 20 minutes et j'ai prévu de manger toutes les deux heures. Celles-ci passent et tout va bien. Les balises elles aussi s'enchaînent, le moral de l'équipe est au beau fixe, notre moyenne est de plus de 7 km/h, c'est pas mal...

C'est vers trois heures du matin que je commence à ressentir une douleur au pied droit, à l'endroit sur le côté du pied où passe le strap. Je commence à m'inquiéter, le strap est assez serré, et j'ai un peu peur que cela ne puisse être un peu handicapant. Je profite d'un arrêt orientation pour délacer ma chaussure et pour couper un peu l'élasto avec le couteau de l'équipe. Cela relâche un peu la pression, je remets ma chaussette, la chaussure, la mini-guêtre et repars avec mes coéquipiers. Cela me fait encore un peu mal, mais je peux quand même courir. L'ambiance entre nous est bonne, les BourrinAntilope sont concentrés sur leur carte, le Troll virevolte dans tous les sens, pressé d'en découdre avec chaque balise, et le Ratounet court avec la régularité d'un métronome en écoutant sa radio d'une oreille. Et moi je suis tout ce petit monde en boitillant...

La douleur croît, et vers 4 heures je décide d'enlever totalement le strap. L'Antilope elle aussi décide de couper un peu le sien, et du coup nous sollicitons tous les deux le Bourrin qui du coup sort de sa carte. Quelques minutes plus tard ma cheville est " libérée ", mais la douleur ne disparaît pas, bien au contraire. Je réussis néanmoins à continuer à courir tant bien que mal, mais je commence à me demander si je vais arrêter à un moment d'avoir mal et surtout si je vais pouvoir continuer longtemps sur une cheville. J'en discute avec l'Antilope, lui demande un peu naïvement jusqu'à quand je vais continuer d'avoir mal et elle me répond un " jusqu'à l'arrivée " qui tout d'abord me terrifie mais qui ensuite me persuade qu'il va falloir m'y habituer, et serrer les dents...

Le rythme s'est donc ralenti, mais nous arrivons néanmoins au PC3 avec une bonne demi-heure d'avance (si mes souvenirs sont bons) sur l'horaire qui nous imposerait le parcours court. Néanmoins vu l'état de ma cheville il nous faut prendre une décision : continuer sur le " grand " parcours (minimum 75 kms) et risquer de ne pas finir à cinq ou prendre le parcours " raccourci " (55 km) que je pense être jouable pour une arrivée au complet, en tout cas en ce qui me concerne. La décision est vite prise, le Bourrin annonce : on part sur le 55, et tout le monde approuve, à mon grand soulagement. L'arrêt se prolonge un peu, l'Antilope et le Bourrin devant reporter les nouvelles balises. J'en profite pour changer les piles de ma frontale, avec grand mal, tant le froid est vif, il fait largement en-dessous de zéro !

A ce moment-là arrive au PC la fameuse équipe 23, qui commence en effet à gueuler sur les bénévoles à cause de l'histoire de la barrière horaire, puis à s'engueuler entre eux... Cela nous fait sourire (jaune pour les bénévoles qui n'y sont pour rien), on se dit qu'ils ne vont pas aller loin comme ça... Dix bonnes minutes plus tard, nous sommes transis de froid mais prêts à repartir, en petite foulée, il n'est question à ce moment là que de se réchauffer un peu ! Ma cheville me lance vraiment, mais je fais un rapide calcul : le PC3 se trouve grosso-modo au kilomètre 30, le parcours court fait environ 55 kms, il ne me reste théoriquement que 25 kilomètres souffrir, ça va, pas la mer à boire ;-)))

Depuis quelques temps déjà je n'ai plus plaisir à courir... D'ailleurs nous ne courons plus, il est huit heures du matin, cela fait plus de 7h30 que nous sommes en course, et la fatigue commence à se faire sentir. Le jour commence à se lever, tant mieux, j'en ai marre de courir à la frontale, le halo fantômatique des leds me débecte, je n'en peux plus de ne voir que ce faisceau de lumière. Mais le spectacle qui commence à s'offrir à nous n'a rien de réjouissant : le soleil se lève sur des champs à perte de vue, nous sommes au milieu d'une immense étendue de cultures, en train de courir sur une ligne droite de plus de 15 kilomètres !!! Le coup est rude pour le moral !

Heureusement, c'est l'heure de la pause croque-monsieur, je n'aurais jamais cru qu'un sandwich (préparé avec amour par le Bourrin et l'Antilope) puisse me faire autant de bien (tout comme la pause cahuètes de l'Antilope, sur les coups de 8 heures, un régal ! ;-)) ). Pour l'équipe le coeur n'y est plus vraiment, nous ne pensons tous qu'à arriver. D'ailleurs nous ne faisons pas les balises du milieu de parcours, nous économisant un petit détour de quelques kilomètres et nous faisant passer par le point d'abandon (où un bus attend les équipes qui veulent arrêter). Pas d'abandon à notre programme, mais l'Antilope en profite elle aussi pour se débarasser de son strap, puis nous repartons.

Le parcours est toujours aussi monotone, mais une chose retient mon attention : nous arrivons au 42° kilomètre de notre parcours, et ce n'est pas sans une certaine émotion que je vois sur le cadran de mon forunner le chiffre de 42,3 km s'afficher : je fais désormais partie de la famille des Ultras ;-))) Cela me redonne un peu la pêche, nous marchons désormais à vive allure vers la ligne TGV au bout de notre interminable ligne droite, attraction (pour moi) de la matinée ! En effet voir passer à quelques mètres un TGV lancé à plus de 300 km/h me fera plaisir comme à un gamin...

La dernière partie de la course est lancée, ce sera celle de mon calvaire. La douleur au pied devient insupportable, je commence à avoir mal aux cannes, et à être vraiment fatigué. Me croyant vraiment proche de l'arrivée je commence à négliger mes ravitaillements, grosse erreur...! D'autant plus que les dix derniers kilos, ceux que l'on fait en 50' sans forcer normalement, seront avalés en plus de deux heures !!! Je n'en peux vraiment plus, je me demande si je ne vais pas tout planter là, à quelques kilomètres de l'arrivée, heureusement l'Antilope, à peine plus fraîche que moi, me botte le train.

Je serre les dents, le village d'arrivée est en vue, une équipe nous talonne et accélère pour nous rattraper, nous passons la ligne d'arrivée la main dans la main, après exactement 14 heures de course et au bout de 61 kilomètres...

Ca y est, c'est fini... Nous sommes tous les cinq assis sur une chaise, avec notre bol de soupe à la main, hébétés... J'ai mal partout... Mais je suis heureux, heureux d'avir réussi à aller au bout avec mes quatre potes ;-))

Le temps de se rassasier d'un plat de pâtes, de se doucher (froid) pour LE plus courageux (devinez... ;-)) ) et nous sommes récupérés par la Loutre, qui nous ramène (certainement dans un concert de ronflements, j'ai fermé l'oeil dès la première seconde du trajet pour ne le rouvrir qu'en arrivant !) à Orsay, où je récupère la Bourrinomobile que je ramène à Asnières...

Le bain chaud dont je rêvais depuis le petit matin dans le froid m'attend !

Côté bilan un gros regret, celui d'avoir laissé un jeune ostéo jouer les apprentis sorciers avec ma cheville, qui m'aura fait mal pas loin de 10 heures sur les 14, une grosse satisfaction, avoir partagé cela avec mes quatres potes, à qui je promets une revanche, pour peu que l'on se trouve un petit raid sympa à se faire au printemps !!!!!!

Parce que l'Ultra ça me plaît bien... ;-)))))))

Bises_du_Fluet

 

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