Retour courses 2004

Présentation Raid

Les CR et les cartes

Les photos

Le CR du Mogway

 Le décor est planté : 65Km de nuit, en course d'orientation, par équipe de 4 en Normandie (nord de Rouen). Mes partenaires : Le poc, la tortue et le papy. Moi, c'est le mogwaï. Une autre équipe "d'animaux" nous accompagnait : Michel, la langouste, le chacal et le bourrin.
Quelques flash-back d'un WE qui restera gravé comme un moment fort de ma vie de coureur, aussi bien dans les instants de joie que ceux plus difficiles.

Le matériel

Ce type de raid nécessite un équipement particulier. Voici le mien au départ de cette course : Des chaussures de trail indispensables au vu de la quantité de boue présente (du début à la fin). Je me suis encore félicité de mon achat de l'année passée chez DK : des New balance 704. Les chaussettes sont des DK 500 qui ont la particularité de ne pas avoir de couture et qui évitent donc les ampoules. Malheureusement, ce ne fut pas parfait et là se situe mon point faible dans la préparation de ce raid (voir ci-après). Le collant du club est impeccable, même la nuit et quand il pleut. Aucun problème de ce côté-là. Pour le haut, le manches longues Coolmax du club et une veste gore-tex Patagonia avec capuchon. Ensuite, le cache-cou, cadeau de fin d'année du club et une bonne paire de gants.

Cette course est en autonomie complète sans possibilité de ravitaillement. Il faut donc prendre tout son matériel. Le sac est un Lafuma 25 litres acheté chez DK lors des soldes. Dedans, on y trouve comme rechanges la veste de training R90 du club, une paire de chaussettes et une 2ème paire de gants. Comme boisson, la poche à eau 2litres avec Caloreen, une bouteille de coca (50cl) et une bouteille eau et sels minéraux (33 cl). Le solide est composé des classique barres énergétiques et de 2 croques-monsieurs. Ensuite, le matériel obligatoire pour chaque coureur : boussole, couverture de survie, sifflet, brassard, canif.

Pour la lampe de poche, un copian de club m'en avait prêté une avec 2 leds. J'avais eu l'occasion de la tester lors d'une sortie en soirée le jeudi précédent le raid, avec un excellent résultat. Cependant, un parcours connu, en dur et en endurance est tout à fait différent des conditions rencontrées. Le papy est venu avec un sponsoring où chaque membre de l'équipe avait une lampe à 7 leds, qui s'est rapidement avérée… insuffisante lorsqu'il s'est agit de trouver une balise. Pour ce genre d'effort, une lampe halogène est indispensable. Enfin, la trousse médicale qui contenait une crème anti-frottements, un anti-inflammatoire, un antiseptique, du Dafalgan (non effervescent!), des compresses, des pansements, des ciseaux, des Compeed et de l'Arnica 5ch qui complétait la préparation.

Le voyage aller

Petit voyage très agréable en Thalys : Andenne-Bruxelles-Paris Nord en 3h30'. (J'en profite pour directement raconter le voyage du retour où j'ai du scier quelques stères des arbres rencontrés pendant la course…).
A la sortie de la gare, j'aperçois directement un bérêt bleu caractéristique vissé sur la tête d'un animal qui m'est inconnu, à
savoir la langouste de Marseille. Il est directement rejoint par le bourrin qui était parti à ma recherche. Nous montons dans sa poubelle (dixit le proprio) pour aller gare de l'Est où nous accueillons un papy en pleine PDT, allant jusqu'à nous dire avoir hésité de prendre le train. En route vers Sartrouville et la maison de Michel où nous rejoignons le chacal, la tortue et le poc.

Mes amis, je peux témoigner : la cave à vins de Michel existe et vaut le détour! Réellement impressionnante et indescriptible, il faut la voir pour le croire. Il va d'ailleurs organiser des visites guidées où il vous expliquera son système de classement. Enfin, mes enfants, un tout grand merci pour l'accueil de Mâme neutron. Moi qui pensais manger léger, on a enfilé carottes râpées, pâtes, poulet, fromage, pain et Bourgueuil. On a même du refuser le dessert. Un grand merci pour cet
accueil digne d'un AAB. Ensuite, départ pressé vers Le Trait où nous arriverons moins d'une heure avant le départ.

La course – partie nuit

Le départ est donné à 2230Hr précises où 2 membres de chaque équipe font une mini CO (3kms et 5 balises) dans les rues du village. Nous partons le poc et moi pour revenir pratiquement 45' plus tard avec les pieds déjà trempés. Nous recevons la 1ère série de 13 balises  que nous reportons sur la carte. Quand on se rend compte que la carte est une 1/15000ème alors que la 1ère était une 1/25000ème, nous pouvons recommencer le tout, à l'aide d'une calculatrice de poche, et nous partons dans les toutes dernières équipes. Mes amis, le début d'une remontée impressionnante!

Que retenir de cette partie de nuit? Les sentiments suivants résumeront le tout :
La Normandie n'est pas plate! Celui qui dit le contraire, vous lui faites faire un saut à l'élastique du haut du pont de Brotonne. Ensuite, il y a proportionnellement plus de boue en Normandie qu'ailleurs. Enfin, la nuit y est sombre. La nuit, puisqu'on en parle, c'est fait pour dormir, surtout pour un Mogwaï qui est censé ne plus rien manger après minuit. J'ai eu un terrible coup de pompe entre 2h30 et 5h30 : impossible de m'intéresser à la carte, recherche de balise sans conviction, m'endormir lors des arrêts, pas de communication avec mes équipiers,…

J'ai ainsi traîné ma lassitude pendant quelques heures, ce qui m'amène les deux commentaires suivants :
1. La raison en est peut-être la suivante (si elle est plausible, j'espère surtout qu'elle est pertinente) : en remplissant ma poche à eau juste avant le départ, j'y mets d'abord mon caloreen que j'avais, par facilité, dissous dans une petite bouteille à eau; ensuite j'y verse 2l d'eau. Oubliant de mélanger le tout, j'ai amorcé le tuyau en avalant une fameuse rasade… du sucre hyper concentré. Aurais-je eu le contrecoup 3 bonnes heures plus tard en faisant une hypoglycémie? Explication qui en vaut une autre mais j'ai du composer avec une bouche sèche pendant toute la nuit. 2. Bien qu'ayant certainement remarqué mon mutisme, mes 3 coéquipiers ne m'ont jamais fait de remarque, n'ont pas essayé de me "pousser" ce qui aurait certainement eu un effet contraire. Je me rappelle simplement notre capitaine tortue me demandant ce qu'on était en train de f… là et qu'on serait mieux dans son lit à la maison! Il m'a réellement remonté le moral quand je me suis rendu compte que je n'étais pas le seul à broyer du noir… Oui, j'avoue que j'avais même dur à répondre aux questions que l'on me posait.

Cela m'amène à un instant d'autocritique : arrivés au seul endroit où un petit ravitaillement était prévu (au 31ème Km, une barre énergétique et une tasse de café autour d'un grand feu), j'ai réellement laissé tomber l'esprit d'équipe. Pendant que mes compagnons plaçaient les balises suivantes sur la carte, je me suis occupé de ma petite personne en réajustant mes chaussettes et me chauffant près du feu. Je suis certain qu'ils s'en sont rendus compte, mais ils ont eu la gentillesse, la
décence de ne rien m'en dire. Quand je les ai rejoints, un simple "on y va Mogwaï" m'a accueilli et nous sommes repartis. Pour cela, je vous suis très sincèrement reconnaissant. Merci… Ah, petite précision : nous avions atteint ce 31ème Km en un peu plus de 8 heures de course… Moyenne : 4Km/heure!!! J'avais cru qu'à cette heure là, nous aurions presque terminé.

La course – partie jour

Avec le jour, le Mogwaï se réveille. Je dis au papy : "c'est chouette, on va voir le jour qui se lève. Cela va être beau"; et l'énergie est revenue. Première réaction d'un équipier qui m'indique que je recommence à parler. Comme le dit l'expression : "c'était le jour et la nuit". Nous sommes passés dans des endroits superbes, ce qui me fait encore plus regretter de n'avoir pu profiter des paysages rencontrés de nuit. J'ai enfin pu remplir mon rôle qui était d'aller poinçonner les balises. Nous avons même fait une partie de CO à une allure incroyable vu les heures écoulées depuis le départ (je pense particulièrement à la mini CO sur la carte au 1/10000ème). Nous avons cependant du faire une croix sur 4 balises et 9,5Km qui nous auraient empêchés de rentrer dans les délais impartis, à savoir la clôture des arrivées à 1200Hr. Heureusement, car mes pieds n'auraient pas tenu le coup.

Que retenir de la fin de ce périple, sinon des moments forts et beaux : en premier lieu l'arrivée au son du clairon orange fluo du papy (bien utile la nuit pour ne pas s'éparpiller); ensuite le mélange agréable, à un moment de la course, d'un croque-monsieur froid avec une rasade de coca! Que dire de plus que les félicitations réciproques échangées où les mots n'atteignent pas l'intensité et le pétillement du regard. Rien que pour ce moment, comme toutes les fins de ce genre de course, alors, oui… Et puis, puisqu'il faut être objectif, les quelques critiques suivantes à l'encontre de l'organisation : les douches glaciales, pas de bar pour prendre le pot de l'amitié, la remise des prix terminée et une salle quasi vide quand nous sommes arrivés (et pourtant pas dans les derniers). Dommage…

Mes coéquipiers

La tortue : capitaine de choc. A réellement pris les choses en main et assumé son statut. A pris la place du mogwaï comme aide au lecteur de carte; a multiplié les encouragements; a sous-estimé sa capacité à nous accompagner; sa seule déception : s'était mentalement préparé à faire l'entièreté et n'a pas tout de suite digéré le renoncement aux 4 balises. Brillant pour dénicher les balises introuvables (la 19), il se casse les dents (héhé, facile) sur les 100 mètres de longueur du mur de l'abbaye. Tout à fait dans la lignée de notre rencontre du médoc 2002.

Le poc : orienteur de choc, m'appelle le "Mogwé". Le temps de se chauffer, a été impressionnant et est monté en puissance. La seule fois où je me mêle de proposer une direction (par la gauche) et contredit par la tortue (par la droite), indique le tout droit, ce qui nous oblige à lever haut la tête pour voir où on doit passer. Des azimuths comme s'il en pleuvait. Et puis le professionnalisme : "quand tu as senti les premières balises, tu sais comment attaquer les autres"; "tiens, ce n'est pas la même personne qui a tracé cette partie du parcours, elles sont placées autrement". Et puis surtout, de l'humain, de la chaleur. Thanks for all, cette première en appelle bien d'autres.

Le papy : égal à lui-même et toujours grand. Une gestion de course de vieux routard : à l'arrière du groupe pendant les 8 premières heures puis commence à remonter les bras qui baissent. Tire, pousse, encourage jusqu'à 2 équipiers en même temps. Trompette quand on s'égard, indique quand il faut boire (même quand toutes les poches et gourdes sont vides), ramène le pitaine sur le chemin de la raison ("non, on ne fera pas les 4 balises"), m'attend quand je dois changer de chaussette (sera décoré rien que pour cela).

Le mogwaï (c'est moi cela) : a découvert que la nuit ne lui convient pas mais ira en appel; pensait être bien préparé mais l'épisode glucose le ramène à la dure réalité; devra faire attention à ses pieds, point faible dès qu'ils sont mouillés (hé, c'est un mogwaï). A retrouvé son punch quand le jour se leva et a terminé frais sur les balises. Compagnon taciturne un moment mais qui a profité de la compréhension de ses accompagnants pour s'écouter et "travailler sur lui-même".

En résumé, une équipe fichtrement bien balancée alliant expérience et jeunesse avec une répartition des rôles bien pensée. Quant à l'autre équipe, ces quelques commentaires :
- Michel : compagnon fort apprécié quand il n'essaie pas d'être de mauvaise foi. Il ne sait plus quoi inventer pour expliquer la défaite;
- Le chacal : d'une sobriété exemplaire sauf quand il décide de sauter du pont de Brotonne sans élastique. Aurait pu se faire mal…
- La langouste : a permis à l'équipe 2 de gagner en repérant le Mogwaï gare du Nord. Il a préparé la relève en déposant une petite langoustine. Que tout se passe bien…
- Le bourrin : essaie de starter le papy en lui rappelant ses erreurs passées de lecture de carte, en demandant si sa bagnole roule encore,…
Bref, s'endort sur la table entre un cacao et une belle veste bleue à l'insigne du Running Club Namur.

Quelques mots sur les résultats…

Environ 56Kms parcourus en 12h39' d'effort. Et oui, la moyenne laisse rêveur! Ce fut une belle expérience sportive avec des leçons à tirer. Ce fut surtout une nouvelle leçon de vie avec la rencontre de personnes attachantes. A titre personnel, je souhaite recommencer l'expérience pour voir si le passage à vide était accidentel. Néanmoins, la partie nuit, bien qu'excitante sportivement, me laisse un goût de trop peu quant au paysage que l'on aurait pu découvrir.
Par ailleurs, la lecture de carte ne s'improvise pas, ni le comportement d'une plante de pied.

Si mes 3 compagnons me sollicitent à nouveau, c'est oui d'office, avant même d'avoir demandé de quoi il retourne. Comment? Doubler raid 28 et raid normand? Pas fou, non! Qui c'est qui va annoncer cela à la Mogwaïette, hein? Plus sérieusement, je me sentais capable de partir sur "n'importe quoi". Si ici, les kilomètres ne m'ont pas pesé, la durée était longue. Je ne me vois pas facilement sur le 28, mais qui sait… Aujourd'hui, deux jours après, sortie endurance d'une heure : aucune douleur, aucune fatigue.

Mogwaï_bien_content_de_vous_connaître

 

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