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Le CR du Bourrin

L’étape Orléans – Bourges du 11 Mars

Orléans Bourges 11 Mars ou 10 Mars ? Telle fut la question que me posa Abasie le 9 au matin, alors qu'il était en train de charger son fauteuil dans la voiture.

- Euh. ben c'est le 11.
- Oui, mais tu m'as dit le 10 ! Et le 11, je peux pas car j'ai rendez-vous avec des sponsors !
- M#rde ! oh p###n ! j'ai merdé grave !
- Comment on fait ? on peut pas laisser tomber EdM !
– ben, non ! Ecoute, comme de toute façon j'avais pris ma journée pour t'accompagner, ben je vais prendre ta place. je ne ferais pas autant de kms que toi, mais il y aura au moins un coureur!
– Ok ! Pour mes sponsors de l'après-midi, si je peux me libérer je viens et finis les derniers kms avec toi !
– Allez top là
!

Je rappelle en catastrophe EdM, pour les avertir du changement de programme et que quelqu'un vienne me récupérer à la gare d'Orléans. Je suis totalement désolé pour Abasie qui se faisait une joie aussi de courir. Mais j'avoue égoistement que je suis content aussi de rechausser les baskets pour EdM. Je pars au boulot, je regarderais la carte rapidos au boulot et y ferais mon roadbook aussi. une copie couleur de la carte routiére et je plie en deux le ruban de carte pour mettre le tout dans une chemise plastifiée, je coupe ce qui est en trop, et scotche le reste de façon à avoir une carte recto-verso de 4cm x 8 cm étanche et plastifié. et voilaaaaaa..

Pause repas, allez re-partir pour un tour de sucre lent ! beurk un peu marre. vite de retour, je me regarde mon itinéraire, allez je pars de Bourges et remonte vers Orléans en comptant les kms, environ 60. ca fait. Ca fait. Pierrefitte sur sauldre. 62kms, en allez soyons fou ! J'aime pas le bitume, mais je crois qu'en fait je suis en train d'y reprendre gout ! :-)))))))

10 Mars gare d'Orléans. Peu de temps auparavant, JMG m'a appelé pour me dire qu'il rentrait chez lui, qu'il était content d'avoir "Franchit", on se fait un passage de témoin par téléphone, nos trains se croisant. Quelques secondes plus tard, c'est BeaujolaisRunner (un Ufo) qui m'appelle pour me dire qu'il est à Orléans ! Ok, alors,RDV gare d'Orléans. Aussitôt suivi d'un appel de Tonyé (cf Asniéres-Caen), qui me traite de tous les noms d'oiseaux possible et imaginable ! si si ! il a osé ! Sous l'infâme prétexte, que lui allait rester au bureau pendant que j'allais me re-goinfrer une étape ! :-)))) pfffffffff.. J'ai eu beau lui dire dégonflé, que de la gu#ule, p'tit bras. il est même pas venu ! :-))))

Arrivée en gare, un bambou m'y attends accompagné de BeaujolaisRunner (BR). C'est quoi un Bambou ? c'est quelqu'un qui donne un à deux ans de sa vie pour aider EdM, en Asie. Facile de reconnaitre le bambou, avec son T-shirt EdM ! Il nous emméne BR et moi, pour diner avant la soirée EdM. En arrivant tous les bénévoles nous applaudissent. euh. pas tant merci, ca me gêne ! c'est que les Bourrins, c'est pas habitué à ca ! BR, aussi est géné ! :-)))) tant mieux, je suis pas le seul !

Je dois me remettre en tenue de coureur pour que Véro, fasse le speach du coureur qui arrive sur l'estrade et son interview (je commence à être rodé, c'est mon quatriéme !). Projection du film EdM, buffet puis cloture, comptabilisation des parrainages (17) et dons, rangement matos et direction dodo dans un gîte à une vingtaine de kms d'Orléans.

7h00, réveil. préparation du sac, et des bouteilles puisque dans l'urgence j'ai oublié de prendre ma poche à eau ! j'ai donc pris dans le train une bouteille de 50cl de badoit car elle est en plastique rigide et se range facilement dans une des poches latérales de mon sac à dos de raid Lafuma 20L, plus une autre bouteille d'un litre et demi. JB et Antoine sont levés aussi, car c'est eux qui vont me déposer à Pierrefitte et m'accompagner un quart d'heure durant. Je leur ai déconseillé de me suivre plus longtemps car le lendemain c'est eux qui vont courir. JB bave d'envie d'être à son tour Franchisseur ! Il l'est déjà certes mais pas comme coureur !

8h50 je suis arnaché et on s'élance tout doucement sur la petite route interminablement plate et droite. Prochain village dans 8kms. Le froid est tel, que l'eau dans les accotements est gelée, il doit faire moins deux, moins trois. JB et Antoine, me demande les ultimes conseils avant d'y être à leur tour, le quart d'heure passe très vite. on se dit à se soir, ils me souhaitent bon courage. Je ne m'éternise pas, content d'être seul et pouvoir me digérer toutes ses émotions tout en courant. Si le paysage de la Sologne n'est pas moche, ca n'est que de la forêt coupée d'un interminable ruban d'asphalte. C'est assez monotone, presque stressant de ne pas voir d'horizon, pas de lointain, juste cette impression de courir dans un tube de forêt. Pas d'animaux, mais vu le froid, je les comprends. Pipi. Mouarf ! Y a pas que les animaux qui se cachent à cause du froid ! Comme dirait l'Toutou, si ca continue je vais pisser comme les filles : accroupi.

A peine une demi heure que je coure et je me sens déjà dans le rythme, je me plonge dans ma bulle. Je commence à saisir la différence entre s'enfermer dans sa bulle pour courir sans voir les kms défiler, tout en gérant sa foulée et ses sensations ! C'est complétement différent de ce que j'avais du faire au Tchimbé raid, ou j'avais du annihiler les douleurs d'ampoules explosées aux deux pieds et les douleurs abdominales tout en gérant ma course. Cela avait été trop gourmand mentalement et il m'a fallut plusieurs mois pour m'en remettre. J'avais peur de me renfermer dans ma bulle les courses qui ont suivi comme au Tour du Mont Blanc. Là, c'est facilement que j'arrive à me mettre dans cet état que recherche le coureur de fond. Enfermé dans ma bulle, je sens ma foulée devenir infatigable, sur le bon rythme, à l'écoute de toutes les sensations corporels et attentif à l'environnement. justement, tient il neigeote. Des flocons très léger tellement le froid est vif, avec la petite bise, c'est comment dire. vivifiant ! Si t'arrêtes de courir, tu meurs sur pied ! Avec le coupe vent, la carline, caleçon long et le béret bleu du zoo, je suis pile poil bien. j'ai tout de même ma veste pluie et ma polaire dans le sac, plus l'eau, 4 barres énergétiques, la trousse à pharmacie, deux tél. portables. J'ai demandé à Michel de diffuser sur le net mon tél. perso. Et je sais que la batterie ne tiendra pas. D'ailleurs, en pensant au tél, je m'aperçois justement que l'indicateur de batterie chute alors que je ne l'utilise pas. ca doit être à cause du froid ! alors je le tiens à la main. Ca marche ! l'indicateur de charge remonte !

9h40 Souesmes euh. ca fait un peu vite ca! Je regarde le cardio, pourtant je suis en endurance 70% de ma Fcmax ! Wouaaaahhhh.. Si ca continue je vais devenir un choual de course ! :-))))) ca m'embéterait quand même ! j'aime bien l'Bourrin moi ! point carte, aïe. 12kms de quasi ligne droite et au bout je devrais pouvoir trouver un troquet pour un petit café ! Je me recolle aussi sec dans ma bulle. c'est génial, les pattes vont du feu de dieu et je suis heureux de courir une dernière fois pour EdM ! Une dernière fois ? euh. vi ben on verra ! je sais, c'est pas raisonnable, mais c'est trop bon d'être ainsi ! Si nous, coureurs de grands fonds nous sommes de grands malades, et que vous avez ou si vous connaissez quelqu'un qui a LE médicament, s'il vous plait. GARDEZ LE ! Je me marre tout seul, sur ma route déserte en trottinant, tout en devisant sur la folie du monde et d'autres choses plus terre à terre parce que c'est pas vraiment le paysage qui va me distraire. je suis toujours sur mon ruban rugueux et grisâtre, enserré d'arbres et au plafond nuageux indéfini et gris aussi. Seules quelques splendides batisses traditionnelles flanquées de leurs meutes de chiens courant viennent égayer le décor. Les meutes de chiens courant. encore un truc que je n'aime pas bien, n'en déplaise aux chasseurs.

11h00 22kms. ben, t'as bouffé du cheval mon Boubouh' ou quoi ? C'est quoi ce binse ? tu te fais 138kms il y a quatre jours de ca et là tu te balades à 10 à l'heure ? M'enfin !tu vas péter une duriteeeee si tu continues. euh. Dis donc le Poulpe tu me fous la paix ! (pour ceux qui ne seraient pas au courant, l'Toutou m'a trouvé un jour un côté poulpe sous mes airs de Bourrin) Je m'éclate, tout va bien, c'est le p.a.n.a.r.d ! alors le Poulpe. couché !

Un troquet, hop ! Je m'étais fixé une base de 7km/h tout compris et là j'ai largement le temps de me faire un petit plaisir. un café, croissant beurre c'est plus gras :-))) et vingt minute à me chauffer la couenne. je le savoure se croissant. mmmmmhhh. je n'ai même pas pensé qu'il pourrait avoir envie de sortir de la même façon qu'il est entré. je me le machouille à en savourer la moindre miette. il en faut peu pour rendre heureux un Bourrin ! koi ? ki a dit un seau d'eau et un sac d'avoine ? hein ? personne ? Bon, ca va ! Je refais mes pleins d'eau et recharge en poudre énergétique.

11h20, je reprends ma route, il me reste 23 kilometres avant d'arriver à Mehun, point de rendez vous fixé avec des marathoniens de Bourges à 16h00. mpffffff. j'ai le temps ! dans 2h15 j'y serais ! chiche ? :-)))) (je vous l'avais dit il est complétement secoué. pôv' bête. ). Je repars, toujours pas de douleurs dans les jambes ! youpie ! 12 kms , sans village. Ahhhh.. Un léger changement dans le paysage, de long faux plat et quelques plaines aussi désertiques que la Beauce. par contre, je ne suis plus à l'abri du vent ! et avec l'air frais, j'ai l'impression de geler de l'intérieur à chaque inspiration ! Le soleil tente même une timide percée. J'en apprécie chaque rayon. Cela me fait aussitôt penser, que si l'on s'adapte à son environnement avec parfois fatalisme, il en faut peu pour être heureux. dans un ciel uniformément gris, j'apercois un infime carré de ciel bleu et d'un coup un rayon de soleil me chauffe à peine un peu la couenne, que c'est un rayon de joie. bon d'accord ca n'a pas duré plus de vingt minutes.

J'ai toujours cette impression de courir comme un métronome, uniquement interrompu dans mes pensées par vos messages et appels de soutiens. Toujours autant de plaisir. toujours autant de fierté de le faire pour EdM. je refais mes calculs je vais arriver avant 14h à Mehun. ben pas grave ! je me ferais un jambon/beurre/biére ! :-)))))) et si j'ai le temps, même un petit café !

Un radio-téléscope, wouah. la vache, c'est immense ce truc ! bon je suis pas venu pour visiter, alors je repars. Ca me fait penser que j'aurais pu faire une photo, mais l'uniformité et la tristesse ne m'a pas incité à prendre plus de deux photos alors j'ai complètement oublié l'appareil.

12h15 Vouzeron, dernier bled 14 kms avant Mehun... j'ai un appel du Millepattes, je lui dis que j'ai un peu plus de 2h00 d'avance sur mon plan de marche, il me dit de marcher ! je lui dit que c'est hors de question, que je me régale trop et que je préfère attendre dans un troquet ! il se marre.

Maintenant je n'ai plus de bois pour m'abriter et le ciel est de plus en plus noir, le vent encore plus mordant. Cette impression de geler de l'intérieur est vraiment pénible. Avoir froid à l'intérieur des poumons. beurk. vraiment pas clean comme truc ! Je commence à compter les kms avant l'arrivée à Mehun. Je me dis que c'est pas bon signe ! j'aurais toujours autant de mal à finir ! enfin finir n'exagérons rien, après il me restera environ 17kms. 4h20. de course (pause croissant décomptée) 42kms ! mouarf. tranquillou que je me le fais ce marathon ! J'avais la trouille de faire Paris en 4h. je devrais pouvoir le faire, je crois que j'ai l'entrainement maintenant. :-))))

Le téléphone sonne souvent pour des appels ou messages (je ne suis pas toujours en zone couverte). Et enfin le panneau Mehun! Encore1kms et je suis au centre ville, je me permets de marcher ! top chrono ! Je me cherche un troquet pouvant faire un sandwich. je le trouve à 500m du point de rendez-vous. plus de 2h à tuer ! pfffffffffffff.. Que le temps va me sembler long ! d'autant plus qu'il y avait là un magnifique spécimen d'ivrogne pénible. Je commence à somnoler, j'ai lu le journal d'hier, celui du jour et pris un café. je regarde filer le temps. et en même temps, je me dis qu'il faut encore que je me fasse 17kms.

15h50 allez j'y vais en espérant que mes coureurs auront un peu d'avance, car l'idée d'attendre par ce froid avec la fatigue accumulée ne m'emballe pas des masses. Arf. dure la remise en jambe. Oh. chouette mes accompagnateurs sont là ! ils m'attendaient et ne semblent pas avoir chaud ! Si j'avais su je serais parti un peu plus tôt ! présentations et on se met vite en route car c'est le blizzard ici ! cette sensation d'avoir les poumons qui géle commence à devenir vraiment désagréable ! Gilles est marathonien, un autre DonGéOubliéleNom a une trentaine de marathons à son actif et quelques 100kms, et deux jeunes de l'école d'ingénieur me guideront jusqu'à la fin.

Ca circule dur ! Je suis content d'avoir du monde pour m'aider à finir, tout de même. la reprise n'étant pas facile psychologiquement. Lors de ma dernière longue pause, mentalement j'étais arrivé ! et maintenant la motivation est dure à relancer. Gilles me propose de passer par le voie le long du canal, plus plate mais un poil plus longue. Bizarrement je préfére la solution la plus directe ! :-)))

Je commence à ramer dur ! la tête ayant déjà passé la ligne d'arrivée, je ne trouve plus les ressources mentales pour avancer. Dans les côtes, je marche. on papotte, mais j'ai un peu de mal à causer et ce vent glacial. beurk ! Gilles me montre la cathédrale au loin, c'est notre cible. pfffffou. qu'elle est loin cette cible, d'autant plus que j'ai l'impression qu'on lui tourne autour !

Lors d'un arrêt, étirement DonGéOubliéleNom, se propose de me prendre mon sac à dos (j'avais refusé déjà plusieurs fois.) là j'accepte. ah. ca fait du bien quand même.

Dring. c'est Abasie, il est avec les jeunes de l'école d'ingé. à deux kms environs, mais il ne courra pas ! Dommage ! Mais je suis super content de pouvoir enfin lui serrer la pince ! ca me redonne, un petit coup de fouet ! Mais que je les ai trouvé long ces deux kms ! même sur le plat, je m'arrête marcher parfois.

Le fameux carrefour ou la foule des jeunes en délire m'attend ! :-)))) je cherche Abasie, il est parti m'attendre au centre ville. je dis bonjour à tous, et on s'élance pour nos derniers kms. 3 ? 4 ? je sais plus. mais je les trouverais encore interminablement long ! Je demande aux jeunes de me chanter une chanson, ils m'ont sorti leur chanson de chambrée. hop hop. ca fait du bien ! Le groupe d'une quinzaine de jeunes tout frais à une légère tendance à s'emballer, pas moi. Enfin la vieille ville. je retrouve un peu des jambes sentant l'écurie. la cathédrale ! YESSSsssss..

Et voilà encore une étape de pliée, ma troisième ! séance photo. je sors ma polaire, on papotte un peu avant de m'emmener au chaud (maison de la culture) pour m'offrir un jambon/beurre/biére. Abasie arrive à la maison de la cutlure. On se serre enfin la paluche !

Photographe. clic-clac se sera pour le journal.

Voilà, cette fois c'est avec joie que je laisse le livre d'or vivre sa vie, je suis d'autant plus fier que c'est à l'équipe Enfants du Mékong que je le passe. Le deal était clair, on court pour vous mais si vous pouviez courir une étape aussi ce serait mieux ! Vous saurez ainsi ce que l'on ressent, ce que l' on vit et la valeur de notre action pour vous. Je peux vous dire qu'ils apprécient à sa juste mesure la valeur de notre action ! :-))) pluie, froid, routes vallonnées auront été leur quotidien durant deux jours. Maintenant ils mesurent parfaitement notre soutien ! Je n'en dis pas plus, à eux de raconter leur étape et leurs difficultés ainsi que leurs joies.

Quant à moi, cette étape m'a calmé ! :-)))) Sur la fin, je me suis battu pour avancé, mais en pensant que des enfants se battaient pour survivre. alors, pour eux j'avancerais jusqu'au bout.

Je ne dis pas que je n'en referais pas une autre. mais c'est serein et joyeux que j'ai repris le train pour la capitale !

L'Bourrin_heureux

 

 

 

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