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Le CR de la Cane |
Franchir l'horizon a déjà fait la moitié du parcours, il était temps que je poste mon CR... - Dis, qu’est-ce qu’il y a derrière l’horizon ? Ses paroles sonnèrent dans le vide. Elle était déjà partie. Pour voir ce qu’il y avait derrière l’horizon et écrire un bout de cette histoire, un tout petit bout…que voici. L’ambiance laissait déjà présager qu’ils venaient de vivre un morceau d’aventure très conviviale et que je n’aurais pas de difficulté à m’insérer dans le groupe. L’accueil était chaleureux et bon enfant. Nous avons poursuivi la soirée au resto d’à côté, et j’ai commencé à me distinguer en optant pour une viande blanche à la place du rumsteak qu’ils avaient pris soin de commander à l’avance. L’humeur était toujours à la taquinerie, et j’ai eu l’explication sur les pseudos dont chacun avait déjà hérités, depuis des temps divers. Le Castor était le plus récemment intronisé, et les raisons invoquées pour ce pseudo le laissaient dubitatif. Tonyé, Dofinette et moi, on s’est ensuite retrouvé autour d’une tisane. Là, j’ai découvert un peu plus les 2 personnages : un Tonyé, individu anarcho-écolo-rebelle, mais d’une grande sensibilité, face à une Dofinette très attentive qui laissait percer un souci de perfection et une grande volonté. Le lendemain, nous étions dans la salle du petit déjeuner quand est venu nous rejoindre André Sourdon, l’organisateur de la course " La France en Courant " qui se déroule chaque année la 2ème quinzaine de juillet. Devenu ami depuis ma participation en 2000, je l’ai retrouvé à deux reprises pour participer ensemble au téléthon. Comme il est boulanger à Bernay, je lui ai passé une petite commande pour qu’on ait de quoi se rassasier pendant la journée. André s’il avait été disponible nous aurait volontiers accueillis pour le repas de la veille au soir. J’ai le souvenir d’un repas pris en pleine nuit du téléthon, avec l’ensemble des participants dans les cuisines de sa boulangerie et en particulier d’une omelette onctueuse comme jamais je n’en ai dégustée. Au pain complet que je lui ai commandé, il a ajouté des baguettes avec des pépites de chocolat et quelques viennoiseries. J’ai complété par des tablettes de (bon) chocolat, et de mon côté, j’ai l’intention de me nourrir au pain-chocolat. J’ai deux bouteilles de St-Yorre, et en complétant avec le Caloreen, ça fera très bien l’affaire pour moi. Michel conduit, le Castor assure la lecture de la carte et Tonyé parle de plus en plus de la bonne odeur des pains au chocolat. Ca y est, il ne résiste plus, et crac…le partage des petits pains au chocolat est consommé. Ca y est, j’ai la permission de Michel qui surveille le compteur… Nous sommes un peu en avant de Lisieux et Michel m’a prévenu que j’allais me coltiner la partie la moins agréable du parcours avec un morceau de 7km de nationale à la sortie de la ville. Tonyé reste à courir lui aussi. Il me devance rapidement. En le voyant précédemment courir j’avais déjà constaté qu’il menait un train que je déciderai de ne pas soutenir, et de plus je limite d’emblée ma vitesse, contrainte et forcée par les lourdeurs d’intestins, à l’affût d’un petit coin idéal pour…une pause de délestage. Tonyé restera pratiquement toujours à quelques foulées d’écart devant moi. Il est léger et aérien, et sans doute mène une allure plus fantaisiste que la mienne, car de temps à autre, en conservant le même rythme, je me rapproche de sa grande silhouette qui s’éloigne à nouveau. Pas facile de converser avec cet énergumène dans de telles conditions. La sortie de Lisieux nous réserve deux longues et belles côtes successives. Une première montée et l’horizon au bout. Est-ce que c’est là qu’on le franchit vraiment ? Est-ce que la révélation est au bout de cette ascension ? Est-ce là que tout doit s’éclaircir pour comprendre le chemin qui m’a amené à participer à cette aventure ? Nous nous arrangeons pour courir côte à côte, au départ l’un sur la chaussée, et l’autre sur le bas-côté où une sorte de petit chemin est tracé. Je profite de ce moment pour continuer avec mes questions, cette fois sur les techniques informatiques pour la création d’un site perso. Jeu de questions-réponses qui nous permet d’avancer sans vraiment s’en rendre compte, jusqu’à une jolie petite montée. Un nouvel horizon à aller chercher, qui cache une descente que je dévale en ouvrant les bras, imitant un avion. Là, le genou de Michel n’apprécie pas beaucoup, ce qui occasionne un changement d’équipier, au gré d’un ravitaillement. La voiture est arrêtée juste devant un champ où l’Bourrin reconnaît deux membres de sa famille animalière : les équidés en Normandie ne sont pas choses rares, et clic clac…photo de famille pour l’Bourrin. Lui, il a de la chance, il court en liberté ! Là, on s’éternise un peu, et je commence à me refroidir. Alors je joue de mes deux bras pour réchauffer l’attente. Et c’est à ce moment précis que je deviens…la cane ! Autant dire que la ménagerie est drôlement contente et fière de sa trouvaille. Depuis la veille au soir, c’était un de ses principaux soucis : avoir l’étincelle au moment opportun pour m’affubler d’un doux nom d’animal. J’avoue que ça aurait pu être pire, sa créativité en ce domaine étant des plus débridée… L’Bourrin repart donc avec moi. Le soleil cherche à percer les nuages, et je promets à mon compagnon quelques rayons de soleil avant notre arrivée à Caen, ce dont il semble douter fortement. Il conserve la même foulée que celle du matin, et je ne le sens pas trop usé par les nombreux kilomètres parcourus. Les panneaux nous informent que nous approchons de la ville-étape : 14km, 10km, 7km. Tonyé a remplacé l’Bourrin, et quand il ne fait pas le pitre, il court…ou bien il fait les deux à la fois. Il ne manque pas de faire rire toute la ménagerie présente. Et je ne suis pas la dernière à apprécier ses gesticulations et ses délires verbaux. C’est le boute-en-train du groupe, qui n’a pas l’air de souffrir d’avoir aligné lui aussi pas mal de kilomètres. Nos deux suiveurs à vélo assurent toujours de leur présence discrète notre avancée. De temps à autre, j’entends la Dofinette qui parle à son VTT. La première fois, cela m’a inquiétée, et en me retournant, je me suis aperçue qu’elle parlait à son téléphone portable. Elle et son portable, ça a l’air d’être une histoire permanente, qui n’entame ni son allure ni sa tranquille assurance. Le Castor reste le moins extraverti, tout en demeurant un compagnon attentif et bienveillant. L’entrée de Caen se profile. Une entrée de ville très standard, pauvre de toute recherche esthétique, qui ne laissera aucun souvenir particulier : ça pourrait être une autre ville avec les mêmes enseignes, la même désolation architecturale. Tristesse. Je commence à sentir poindre un début de fatigue, et une lassitude au niveau du dos. Quelques étirements seraient les bienvenus. Je vais pouvoir les réaliser, car nous avons de l’avance sur notre horaire d’arrivée, et nous convenons d’une pause pour se recaler sur les bons horaires. Nous nous arrêtons au premier bar venu, en attendant la rencontre avec le délégué d’EdM qui doit venir récupérer le véhicule afin que nous terminions tous les six ensemble. J’ai beau avoir bu régulièrement depuis plus de cinq heures que je cours, je descends ma bière avec beaucoup plus de rapidité que mes compagnons. Nul doute : j’ai un début de déshydratation ! D’ailleurs, une deuxième…ben non tant pis… Un petit mot dans le livre d’or qui assure le témoin-relais entre tous les franchisseurs, et le délégué d’EdM arrive…bigre, il a l’air pressé, il donne l’impression que d’avoir à s’occuper de quelques animaux fêlés ne le réjouit guère. L’Bourrin nous fait part de ses doutes quant à la qualité de l’accueil à Caen, de peur que nous ne soyons déçus des conditions d’arrivée. Nous repartons plus déterminés que jamais, pour les six derniers kilomètres que nous allons parcourir en groupe jusqu’à l’arrivée au château. Des questions, j’en ai encore reposées. Depuis mon inscription à " Franchir l’horizon ", je suis allée plusieurs fois sur le site du Bourin et sur celui d’EdM pour faire connaissance avec l’association et comprendre son action. Il me manquait des morceaux : qui se cache derrière l’association, qui la soutient , pourquoi les enfants du Mékong en particulier… Et Tonyé, en guise de réponses, de partir dans de grands délires, rejoint par Michel et l’Bourrin qui se ravise quand même pour m’affirmer que non, y a rien à redire… Un petit tour par un poste à essence avant de prendre la direction de la ferme du délégué d’EdM pour une nuit déjà écourtée de sommeil, si toutefois nous arrivons à entrer dans la dite ferme, dont le délégué semble avoir oublié les clés. Ca n’est pas encore gagné pour le dodo réparateur du Bourrin ! Sortie de Caen, direction Arromanches…mais où va t-on débarquer ? On roule 5mn, 10mn, un quart d’heure. L’Bourrin a décidé de fermer l’œil pour éviter de râler. J’avoue au contraire que ma curiosité est piquée, et je trouve la situation pour le moins cocasse. La voiture quitte la route principale et s’engouffre sur une petite route avec au bout…J’écarquille grand les yeux…L’Bourrin a beau être sorti de son petit somme, je le pince une fois, deux fois, trois fois…Le fou rire n’est pas loin… J’échange quelques regards amusés avec la Biopuce. Une immense bâtisse en forme de U, une longue façade encadrée de 2 ailes, avec son haut et large perron central nous fait face. Ben non, ce n’est pas notre dortoir…on continue pour emprunter toujours en voiture une allée qui longe puis s’éloigne du château, et après avoir passé la barrière de deux grands portails cadenassés… la ferme, enfin ce qu’il convient d’appeler plus sûrement…un manoir, gardé par le maître des lieux Mozart, un chien danois qui veille sur l’installation de ses hôtes. Le délégué d’EdM après avoir réparti ses hôtes dans les différentes chambres-salons disparaît. Il est1 h du matin et L’bourrin continue à grogner en pensant que la nuit va être très courte, prévoyant un lever vers 6h. Car lui n’a pas fini de franchir l’horizon. - Alors, tu as vu l’horizon ? |
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