Retour courses 2004

Présentation de la course

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La course !

20h05. Le départ est donné avec juste 5 minutes de retard… Ca y est, ma moyenne commence déjà a chuter ;-)) je plaisante bien sur. Je pars pour 40h de course alors ces 5 minutes (qui en plus seront décomptées) n’ont pas la moindre importance… Au contraire, c’est un joli tour de force de la part des organisateurs d’avoir pu respecter les horaires prévus !

C’est parti pour le premier tronçon en direction des Houches

Cette première partie est plutôt tranquille… De la descente, quelques bosselettes, mais rien de très sérieux. C’est juste la mise en jambe. Finalement j’arrive aux Houches à 21h15. Avec le décalage de 5’ du début, cela me fait 10mn d’avance sur mon tableau de marche et 45mn d’avance sur la base de la barrière horaire. Mais ce n’est que le début.

C’est là ‘il me semble) que je tombe sur Rodio venu épauler son copain Gilles, marcheur réputé qui s’est lancé dans cette aventure. On se donne rendez-vous aux Chapieux !

A la sortie des Houches je m’arrête quelques instants histoire de sortir les bâtons de rando. On va attaquer la première montée de la course (le col de Vosa) avec ses 600m de D+

La montée n’est pas très technique se déroulant sur une piste large, mais ce n’est pas plus mal vu le monde qu’il y a.

J’essaie de grimper à mon allure, tranquillement, sans trop tirer. Je souffle bien, et surtout j’essaie d’optimiser l’utilisation des bâtons. Ce n’est que la seconde fois que j’en utilise, mais c’est une véritable aide. Ils permettent de soulager les cuisses, les genoux et de répartir un peu la charge vers le haut du corps.

Depuis le début je croise et recroise UFOs et Zanimos…Le Lapouneur, Jésus, l’T-Rex… et tant d’autres.

La montée n’est censée ne durer 5km, mais je n’en vois pas le bout. Oh je suis bien, mais j’ai l’impression qu’ils travaillent avec des kilomètres élastiques… Ca monte, ça monte et on arrive toujours pas au bout.

Pour le moment j’ai assez chaud, je transpire même à grosses gouttes et j’essaie de rester concentré sur mon allure de montée. Finalement, je passe le col un peu avant 22h30. J’ai toujours 10mn d’avance sur mon temps théorique et 50mn sur la base des barrières horaires. Tout vas bien.

Côté road book, je l’ai emporté mais je ne m’en sert qu’à posteriori. C’est à dire que je ne l’utilise pas pour essayer d’estimer mon rythme de course sur le tronçon à venir, mais je l’utilise uniquement pour vérifier si le tronçon que je viens de faire était dans le temps que j’avais estimé. Pour le reste, je décide de courir aux sensations

Arrive alors une longue descente de 6km pour 450m de D- (avec une petite remontée au milieu). Je suis étonné car même si les cuisses ont tiré pendant la grimpée, elle se sont détendues aussi sec une fois la descente attaquée. D’ailleurs, dès le moindre faux plat, je sentais déjà ce relâchement. Donc si ça tire en côte, je sais que je peux retrouver des sensations ensuite.

Je maîtrise pas trop mal la descente en restant prudent pour ne pas exploser mes genoux

Arrivé à Champel, je ne pense pas à regarder la montre (il devait être aux environs de 23h15-23h20. De mémoire, je sais qu’il y a une grosse montée ensuite. Je repars donc doucement en attendant le début de la côte. A chaque fois que le chemin commence à monter, je me dis " allez, ça y est… voilà le premier gros morceau " et à chaque fois non ! ça monte un peu puis ça se calme et ça recommence, et ça se recalme …

En fait je vais attendre cette montée pendant 5 km jusqu’au moment où j’arrive aux Contamines. Il est alors 0h38mn (j’avais prévu de passer à 0h35’) et la barrière horaire est fixée à… 02h00. J’ai pratiquement 1h30 d’avance. Cool.

En fait ce qu’il s’est passé, c’est que j’ai complètement oublié le passage (presque) plat entre Champel et les Contamines… En vérifiant le road book, je vois qu’il y a encore 4km jusqu’à N-Dame de la Gorge avant d’attaquer la première grosse difficulté.

J’essaie de trouver à boire, mais on a l’impression que le ravito a été victime d’un ouragan ! Il ne reste rien, et il va me falloir pas mal de temps pour réussir à trouver une simple bouteille d’eau pour recharger la poche à eau.

Je me pose dans un coin, grignote un peu, remplis ma poche à eau et repars dans la nuit.

On est sur un large chemin, avec toujours pas mal de monde autour (il y a au moins 50 personnes en file devant moi. Alors c’est vrai que sur ce tronçon, je ne m’occupe pas trop de suivre le balisage.

A un moment, quelqu’un à côté de moi se fait la réflexion que cela fait un bon bout de temps qu’on a pas vu un seul jalon. On lui répond qu’étant sur un large et unique chemin, le balisage a du être allégé car on ne peut pas se tromper. Cela dure un petit moment jusqu’à l’arrivée à un carrefour. Là aucun balisage. Ni d’un côté, ni de l’autre L (((

On tourne un peu partout, on s’avance sur chaque chemin au cas où, et finalement tout le monde juge préférable de revenir en arrière. Visiblement, même en groupe de 50, on s’est planté ! ! !Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! ! !

Demi-tour, et on se refait un (trop) long trajet à l’envers pour finalement retrouver le vrai chemin… Je dois laisser entre 20 et 30 mn dans cette histoire. Moi qui en CO explique toujours que la règle de base est de ne jamais suivre les autres, voilà que je me plante sur un circuit balisé…

Je dois avouer que sur le moment le moral en prend un coup. Une bonne partie de mon avance a fondu pour une c#nn&ri&, et ça m’énerve d’avoir été aussi mouton que ça !

On retrouve le bon chemin et on passe devant N-Dame de la Gorge, illuminée…

C’est là que commence la première grimpée. En deux temps. D’abord monter à La Balme (500m de D+ en 4,1 km) puis monter au col et à la croix du bonhomme (770m de D+ en 4,5 km) soit 1270m de D+ en 8,6 km…

La montée vers la Balme est sur piste. C’est large, pas technique mais parfois raide et un peu lassant… Je monte tranquillement, j’essaie d’assurer au maximum. Plus je monte plus j’espère voir la Balme dans les virages suivants… mais rien n’y fait. Cela fait longtemps qu’on monte et toujours rien. Mais il est où ce ravito.

J’ai prévu d’y faire une courte pause pour me ravitailler mais aussi pour enfiler une polaire. Le seul maillot UFO commence à devenir juste en montant d’autant que de la neige a fait son apparition sur les fleurs autour de nous !

Plusieurs fois j’hésite à m’arrêter pour mettre la polaire, et à chaque fois je me dis que le ravito ne peut plus être loin et que je me changerai sur place… La nuit les distances sont difficiles à évaluer !

J’ai les jambes lourdes. Je commence à payer l’absence d’entraînement avec dénivelée.

Finalement, après une première partie de montée qui m’a semblé interminable, j’arrive au ravitaillement. Je ne pense pas à regarde l’heure qu’il est. Je récupère une bouteille d’eau et je vais m’asseoir pour mettre la polaire, enfiler le bonnet à la place du bandana et manger un peu.

J’essaie de ne pas trop m’attarder. Il reste encore une belle montée… Avant de partir j’entends une personne du refuge expliquer à un coureurs que ceux qui arrivent ici fatigués n’ont que peu de chances d’aller en haut ! ! ! Ca promets !

Je repars sans trop traîner en essayant de prendre un petit rythme de montée. Progressivement la piste laisse place à un sentier de montagne. C’est souvent raide, parfois étroit, et je suis obligé de multiplier les pauses pour détendre les cuisses. C’est alors par dizaines que les autres concurrents vont me doubler

C’est assez étrange comme sensation. Je suis bien, pas de blessures, pas de bobos, tout est Ok sauf… les cuisses. Vides !

Plus ça va, plus j’ai du mal à monter. Je fais de tous petits pas, réguliers, mais c’est toujours difficile. En plus une fois passés les 2000m je sens que cela tire un peu plus…

Je vais me traîner de la sorte jusqu’au col du Bonhomme. Là alors que je pense attaquer la descente, on tourne à gauche pour attaquer une nouvelle montée jusqu’à la Croix du Bonhomme (grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr). Au début c’est en fait une alternance de montées descentes courtes, puis ça se termine par une belle montée (il y a même des cordes pour se tenir.)

Finalement j’arrive à la Croix du bonhomme en même temps que Jésus et Titi. Je suis vidé, j’ai les cuisses vides, mais je compte bien récupérer un peu de temps dans la longue descente qui nous attends maintenant !

Un coup d’œil à la montre ! il est 5h04mn ! J’avais prévu de passer ici à 4h05mn. Entre la montée et l’erreur de parcours avant N-D de la Gorge j’ai perdu 1h sur mon temps prévu et je ne suis qu’à 30mn de la barrière horaire théorique à ce point là !

Sans l’idée d’une bonne descente maintenant, je crois bien que je serais resté là !

Petite récupération, une barre de céréales, de l’eau et je me lance dans la descente.

Le début est plutôt agréable, un petit sentier qui descend sagement, mais très vite, la pente augmente (900m de D- en un peu plus de 5km) pour devenir plus difficile… en plus, ce n’est plus du chemin mais un véritable champ de boue et de cailloux… Catastrophe. Impossible de descendre en courant là dedans sans se rompre le cou. Déjà que ça glisse en permanence.

Plus ça va plus la descente devient véritablement dangereuse. A de nombreuses occasions je manque de me casser la figure et je ne dois mon rétablissement qu’aux bâtons avec lesquels j’essaie de préserver ce qui reste de mes cuisses, mais surtout mes genoux. Honnêtement, je ne me suis pas du tout fait plaisir dans cette descente. Trop cassante, sans grand intérêt, je passe mon temps à grogner… Mais comme je suis tout seul c’est pas grave.

Plus ça va, plus je me sens mal. J’ai trop galéré dans la montée et maintenant, voilà que je m’&mm&rd& dans la descente… En plus je ne peux pas rattraper le retard pris dans la montée. J’ai vraiment l’impression de ne pas avancer et ça m’énerve. Du coup, le moral en prend un coup et je commence à me faire à l’idée d’arrêter aux Chapieux. Pour continuer, et vu les montées à venir avant Courmayeur, il me faut 1 heure d’avance au moins sur l’heure limite en arrivant aux Chapieux, mais je n’y crois pas !

La descente continue, dangereuse et ennuyeuse jusqu’au bout. Les derniers mètres sont fait sans la frontale car le jour commence à se lever.

Finalement j’arrive à Chapieux un peu après 6h30. J’avais prévu d’y être vers 5h00 et la barrière horaire y est à 7h00.

Le temps de me ravitailler, il me sera impossible de repartir avant 6h45-6h50 soit pratiquement à l’heure limite, et je ne me sens pas capable (j’ai probablement eu tort) de tenir le rythme pendant les 10km de montée au col de la Seigne.

Plutôt que de me faire éliminer en pleine montagne, je préfère stopper ici. Je suis bien, je n’ai mal nulle part mais je ne pense pas avoir la caisse pour continuer. En plus, mon moteur est en panne. En fait je crois que je n’ai pas envie de me faire mal. Je n’ai pas envie de trop tirer. L’UTMB était un objectif, mais je n’ai pas envie de tout y laisser… pas cette fois…

C’est comme ça. Sur le coup je ne m’explique pas trop pourquoi, mais quand un bénévole rentre dans le refuge en disant qu’un car part maintenant pour rentrer à Chamonix, je lui donne mon dossard et vais m’asseoir au milieu d’une trentaine d’autre trailers fatigués…et du Toro qui lui aussi s’arrête

Fine de la première partie de l’UTMB ! Michel n’est plus en course, mais cela ne signifie pas qu’il n’est plus dans la course !

 

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